Sunday, October 27, 2024

Le gourou de la Riviera et la contre-initiation





Le 10 mai 1925, la franc-maçonne Alexandra David-Néel (1868-1969) est de retour en France après quatorze années de pérégrinations orientales. Ses conférences et ses écrits renforceront le mythe du Tibet qui se répand en Occident. Alexandra, qui était dans sa jeunesse proche de l’anarchiste Elisée Reclus (1830-1905), ne dénoncera pas l’odieux servage féodal de la société lamaïste. Elle songe à son succès. Or, le succès s’accommode mal de la triste réalité.

Le livre qui sera son chef-d’œuvre, « Mystiques et magiciens du Tibet », édité le 4 décembre 1929, accorde une large part aux prodiges. Il évoque une Thébaïde lamaïste où les ascètes maîtrisent d’étonnants pouvoirs surnaturels. Des yogis, sont capables d’élever leur chaleur corporelle jusqu’à faire fondre la neige autour d’eux. D’autres, les « loung-gom-pa », parcourent des distances de plusieurs centaines de kilomètres sans arrêt et à vive allure. Clairvoyance, lévitation, télépathie, réanimation d’un cadavre et les nombreux phénomènes insolites relatés par Alexandra David-Neel fascineront plusieurs générations de lecteurs.

La femme aux semelles de vent disposait de puissants soutiens. « Depuis son retour, écrit Jacques Brosse (1), Alexandra David-Neel n’a guère pris le temps de souffler. Il lui a fallu satisfaire d’abord les journaux qui, tous, sollicitent des articles ; elle en publie une vingtaine dans « le Matin », une agence américaine lui en commande une série qui sera diffusée dans deux cents journaux, enfin le grand éditeur new-yorquais Harper lui achète immédiatement les droits de la relation de voyage qu’elle écrira, afin de s’en assurer la priorité. La France entière veut avoir vu celle qui est devenue une héroïne nationale et elle va partout où on la réclame. En 1926, Alexandra parcourt la France pendant les mois de janvier et février, de Dijon et Clermont-Ferrand à Nice et Marseille. En mars, elle est à Paris où, reçue au Collège de France par son ami, le professeur d’Arsonval, elle donne une conférence sur la métapsychique et l’opinion scientifique ; en avril, puis encore en octobre et novembre, nouvelle tournées de conférences. En 1927, ce train d’enfer s’apaise et lui laisse enfin quelque loisir qu’elle consacre à la rédaction de ces livres que tout le monde attend. En avril, à Paris, elle donne plusieurs conférences à la Société théosophique, mais aussi au musée Guimet, où l’accueille le grand tibétologue français Jacques Bacot, et encore une fois au Collège de France. C’est son triomphe, les orientalistes ont enfin cessé de la bouder, ils sont bien obligés de reconnaître que son expérience est unique. En mai, un nouveau cycle de conférences la conduit à Tonnerre, à Dijon, à Annecy, à Genève. »

Quelques temps après la parution de « Mystiques et magiciens du Tibet », un Occidental converti au bouddhisme fait parler de lui sur la Côte d'Azur. Introduit dans le milieu bouddhiste de Nice, Grasse et Antibes sous le nom d'abbé Chao-Kung, l’ecclésiastique tondu est hébergé par Lucien Ehret, ancien capitaine au long cours et explorateur du Japon. Chao-Kung donne des conférences chez Blanche Rondeau, dans la somptueuse propriété du Cap d'Antibes où sont invités d'éminents spécialistes du bouddhisme et des intellectuels venus de l'Europe entière : Krishnamurti, le docteur Grimm de Münich, Rabindranath Tagore ou encore Lady Rothermere, la première traductrice de Gide.

L’abbé bouddhiste se nomme en réalité Trebitsch Lincoln (1879-1943), c’est un juif hongrois converti d'abord au christianisme, puis ensuite au bouddhisme. Le religieux n’est pas un innocent contemplatif, il travaille pour plusieurs services secrets et s’intéresse au nazisme et au Tibet.

Le livre d’Alexandre Grigoriantz, « Le gourou de la Riviera », retrace l’histoire d’un aventurier de haut vol. Le puissant magnétisme du gourou subjugue plusieurs dizaines de disciples et certains quittent tout pour suivre le maître bouddhiste. En 1933, seize disciples, après avoir fait vœux d’obéissance et remis leurs biens à leur gourou, s’embarquent avec lui pour Shanghai. L’aventure se terminera tragiquement, trois perdront la vie et les autres seront emportés dans la tourmente qui frappera la Chine. Pour Guénon, Trebitsch Lincoln était un « agent de la contre-initiation », c’est-à-dire un instrument de forces occultes qui contrecarrent la véritable spiritualisation de l'humanité.

Trebitsch Lincoln préfigurait les gourous qui jettent leur dévolu sur l’Occident depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu’à aujourd’hui. Contrairement aux sages d’autrefois, les maîtres du néo-spiritualisme se distinguent dans l’art de parasiter leurs disciples et de mener grand train avec l’argent des plus naïfs. Ce parasitisme matériel fait écho à une prédation subtile. En effet, les pratiques méditatives et les invocations ne sont pas dénuées de risques (2). L’intérêt pour les expériences psychiques du nouveau spiritualisme supprime toutes les précautions traditionnelles à l’égard du monde psychiques et des redoutables influences errantes maquillées en Dakinis tantriques ou en maîtres ascensionnés. Des pratiques transforment des spiritualistes imprudents en pâtures vivantes. William Chittick, traducteur des œuvres de Ibn al-‘Arabi, écrit :


« Ceux qui connaissent bien les standards et normes de l’expérience spirituelle établis par des disciplines comme le Soufisme par exemple, sont généralement consternés lorsqu’ils s’aperçoivent que les Occidentaux considèrent n’importe quelle apparition étrangère à la conscience normale, comme une manifestation du « spirituel ». En fait, il existe d’innombrables mondes dans l’Invisible, et certains d’entre eux sont bien plus dangereux que la pire des jungles du monde visible. »


(1) « Alexandra David-Neel », Albin Michel.

(2) Les dangers de la méditation : http://bouddhanar.blogspot.com/2007/02/les-dangers-de-la-meditation.html . Le blog Bouddhanar a été arbitrairement supprimé par Blogger (Google) en 2024.



Sunday, September 29, 2024

Le bouddhisme tibétain, c’est un peu de sagesse et beaucoup de démonologie.



Le développement du bouddhisme tibétain est étrange. Des universitaires traduisent et commentent des textes inquiétants comme la biographie secrète du cinquième dalaï-lama contenue dans « Le Manuscrit d’Or ». Le texte révèle la passion du pontife tibétain pour la magie. Des cérémonies macabres exigent des ingrédients répugnants. Selon le cycle du rD-rje gro-lod gnam-lcags ‘bar-ba, l’encens est remplacé par la chair humaine brûlante (sha-chen-gyi bdug-spos), les lampes sont alimentées par de la graisse humaine fondue (tshil-chen-gyi mae-me), le sang remplace l’eau rituelle, les fleurs sont substituées par des yeux… Une peau humaine (g.yang-gzhi) et un crâne sont utilisés par les magiciens tantriques qui suivent les instructions données par le Zur Chos-dbying rang-grol. L’initiation à la déesse gSang- sgrub, un aspect particulier de dPal-dan lhamo (1), demande une tête humaine fraîchement coupée.

La barbarie qui émaille la spiritualité du cinquième dalaï-lama n’émeut personne. Elle passe totalement inaperçue, noyée dans le courant d’éloges et d’émerveillement inconditionnels qui transporte le bouddhisme tantrique au cœur des nations modernes. De nombreux artistes et des intellectuels succombent à la fascination du lamaïsme magique et… sanguinaire. Mais qui veut voir les coupes crâniennes remplies de sang représentées sur presque tous les tangkas ? Les tantras les plus obscènes et les moins ragoûtants sont traduits et qualifiés de révélations merveilleuses.

L’attrait du lamaïsme s’expliquerait-il par des influences occultes ? Nombre d’Occidentaux sont fascinés par les pouvoirs surnaturels, les fameux siddhis qui apparaissent en corollaires de l’évolution spirituelle. Malgré les avertissements traditionnels, des adeptes du lamaïsme entretiennent l’espoir secret de maîtriser des forces qui permettent de lire dans les pensées, de prévoir l’avenir, d’opérer des matérialisations, de rendre des objets invisibles, de pénétrer dans des corps étrangers et de pratiquer la lévitation. Pantañjali évoque ces pouvoirs surnaturels dans son « Yoga-soutra ».

Le Père Verlinde

Le Père Joseph-Marie Verlinde, pratiquant du yoga et de la méditation transcendantale, était parvenu à la maîtrise de quelques siddhis mineurs. Il témoigne :

"Lorsque j’ai rencontré la méditation transcendantale, j’avais abandonné toute pratique religieuse. J’étais alors chercheur en chimie nucléaire et j’ai décidé de suivre mon gourou en Inde où j’ai passé de longs séjours dans son ashram des Himalayas. À la suite d’une expérience spirituelle forte, j’ai redécouvert Jésus et suis revenu en Europe.

Dès mon retour, j’ai fait la connaissance d’un radiesthésiste très impressionné par les facultés de médium que j’avais acquises à travers la pratique des techniques orientales de méditation qui développent la médiumnité. Rien d’étonnant à ce que je manie le pendule avec dextérité ! On m’a donc convaincu d’utiliser ce « don » au service du Seigneur pour aider et soigner les gens. Je continuais à aller à la messe tous les jours, à communier, à prier le chapelet. J’aimais le Seigneur et je voulais le suivre de tout mon cœur. Très vite, on a découvert que j’avais également un don de guérison par magnétisme. Les personnes me demandaient de poser la main sur elles ; elles sentaient un fluide et cela leur faisait du bien…

J’ai compris par la suite le caractère occulte de toutes ces pratiques : il s’agit bien de la gestion, de la maîtrise et du travail de forces obscures. En un coup d’œil, je voyais ce qui n’allait pas chez la personne. C’était tout simplement de la voyance. J’ai très vite abandonné le pendule qui m’était devenu inutile. Il n’est qu’un « support » qui amplifie et visualise les intuitions perçues dans l’état de fusion médiumnique avec l’objet (la personne) exploré(e). Les écoles ésotériques citent la radiesthésie comme une forme de voyance.

Un des dangers de ces techniques réside dans le fait qu’elles induisent un lien entre le patient et le praticien. Je me suis rendu compte qu’on pouvait aller très loin dans ce domaine. Avec un minimum de concentration, je parvenais à pénétrer les pensées de la personne rencontrée. L’effet provoqué peut être très important: quel profond manque de respect de la personne! On fait irruption dans son intimité et on peut exercer sur elle un véritable pouvoir.

Bientôt, j’ai compris qu’existaient des états fusionnels spirituels. J’ai été pris malgré moi par des symptômes étranges qui s’apparentaient à des phénomènes de spiritisme; des « entités spirituelles » me sollicitaient intérieurement et m’invitaient à un dialogue !

Comme scientifique, j’ai interrogé de nombreuses personnes qui travaillaient dans ce domaine. Beaucoup m’ont avoué travailler avec les esprits en reconnaissant qu’ils créaient des liens très difficiles à rompre! Autrement dit, on crée des liens par magnétisme, parfois même sans s’en apercevoir et sans aucune possibilité réelle de maîtrise. Or, je le dis avec force, Dieu nous a créés libres. Tout ce qui aliène notre liberté à quelque niveau que ce soit - physique, psychique et a fortiori spirituel - n’est pas conforme à son dessein d’amour Mon expérience m’a montré que les conséquences des pratiques occultes sont graves. Elles induisent des traumatismes plus ou moins importants au niveau physique, psychique ou spirituel.

Certains prétendent que ces phénomènes paranormaux seraient simplement liés à la gestion de canaux d’énergies naturelles qui sont à notre disposition ou à des interactions fusionnelles avec des énergies cosmiques. Ces personnes ne manquent pas de souligner que ces énergies ont été créées par Dieu et que, selon la Bible, toute la création est bonne - elles se gardant bien de faire mention de la chute des anges et du péché origine (cf. Gn 3,1-24 et Rm 5,19). Or, ces faits changent tout ! Si la nature, en tant que telle, n’est pas mauvaise, il n’en demeure pas moins qu’elle gît désormais « sous le joug de l’ennemi » (cf. Rm 8, 20). En d’autres termes, même si ces énergies naturelles ne sont pas mauvaises en elles-mêmes, elles peuvent être manipulées par des entités spirituelles qu’il vaut mieux ne pas fréquenter.

Permettez-moi une comparaison entre un médium et un appareil de radio captant la bande d’ondes FM. Rappelons que le principe de la fréquence modulée consiste en une onde porteuse, de grande longueur d’onde, à laquelle on superpose une petite onde qui véhicule l’information. Lorsque vous ouvrez votre appareil radio sur la longueur d’onde FM, vous captez en même temps la grande onde et la petite qui lui a été superposée. De même, lorsqu’un médium croit s’ouvrir aux énergies naturelles (= l’onde porteuse), il court le risque de se voir visité également par des entités spirituelles (= onde portée) qui sont actives au niveau de celles-ci. Ce risque est plus qu’une hypothèse théorique : j’en ai moi-même constaté toute la réalité dans ma propre vie !

J’ai expérimenté, en particulier, que les bonnes intentions ou la pratique religieuse ne mettent pas à l’abri du danger. Notre foi n’est pas de la magie. Lorsque les esprits ont commencé à solliciter mes facultés psychiques voire physiques, j’ai été complètement démonté. Je ne comprends pas comment des gens peuvent être fiers de vivre de telles expériences. J’avoue que j’avais peur et que je me posais beaucoup de questions. Tout s’est déclenché lorsqu’un jour, au cours d’une eucharistie, au moment de l’élévation, j’ai entendu ces mêmes entités soi-disant esprits bienveillants guérisseurs - crier des paroles blasphématoires contre le Seigneur ! J'étais écrasé de confusion.

Je suis allé voir le prêtre après l’eucharistie. « Mon fils, ce n’est pas étonnant, m’a-t-il dit. Je suis l’exorciste du diocèse! » Certes, je n’étais pas « possédé » puisque je menais une authentique vie théologale, mais j’étais lié par ces pratiques contradictoires avec ma foi. Aussi ai-je dû me soumettre à une série de prières de délivrance pour que le Seigneur me libère de ces liens que j’avais contractés avec les esprits du monde occulte. Finalement, j’ai été totalement délivré par la puissance du Sang et du Nom de Jésus. Mais j’étais délabré physiquement et psychologiquement, un long chemin de guérison a été nécessaire pour reprendre pied totalement… Mais le Seigneur a achevé en moi avec patience ce qu’il avait commencé. Je ne cesse de rendre grâce à Dieu qui m’a sorti du tombeau. J'étais mort et il m’a redonné la vie. Oui, Il m’a vraiment ressuscité !"


Cahiers du Renouveau, Il est Vivant, n° 125, juin 1996.


Sunday, September 15, 2024

Le mythe du Tibet

 


Un des meilleurs analystes de l'impérialisme US révèle les dessous du "mythe du Tibet", du Dalaï Lama et de certains aspects du bouddhisme… Comment vivait-on lorsque les moines dirigeaient le Tibet ? Quelle a vraiment été la politique de la Chine dans cette région ? Et celle de la CIA ?




L’histoire du Christianisme, celle du Judaïsme, celle de l'Hindouisme et celle de l'Islam sont fortement marquées par la violence. A travers les âges, les religieux ont toujours invoqué un mandat divin pour massacrer des infidèles, des hérétiques, et même d'autres dévots au sein de leurs propres rangs. Certaines personnes soutiennent que le Bouddhisme est différent, qu'il se distingue nettement de la violence chronique des autres religions. Certes, pour certains praticiens à l’Ouest, le Bouddhisme est plus une discipline spirituelle et psychologique qu'une théologie au sens habituel. Il offre des techniques méditatives censées promouvoir la lumière et l'harmonie en soi. Mais à l’instar de n’importe quel autre système de croyance, le Bouddhisme ne doit pas être appréhendé uniquement par ses enseignements, mais aussi en fonction du comportement effectif de ses partisans.

Le bouddhisme est-il une exception ?

Un regard sur l'histoire révèle que les organisations bouddhistes ne se sont pas abstenues d'actes violents si caractéristiques aux groupes religieux. Au Tibet, du début du dix-septième siècle jusqu’au sein du dix-huitième siècle, des sectes bouddhistes rivales se sont livrées à des affrontements armés et à des exécutions sommaires.1 Au vingtième siècle, en Thaïlande, en Birmanie, en Corée, au Japon, et ailleurs, des Bouddhistes se sont battus aussi bien entre eux qu’avec des non-bouddhistes. Au Sri Lanka, des batailles rangées au nom du Bouddhisme font partie de l'histoire cingalaise.2

Il y a juste quelques années en Corée du Sud, des milliers de moines de l'ordre bouddhiste Chogye se sont battus entre eux à grand renfort de coup de poings, de pierres, de bombes incendiaires et de gourdins, dans des batailles rangées qui ont duré plusieurs semaines. Ils rivalisaient pour le contrôle de l'ordre, le plus grand en Corée du Sud, avec un budget annuel de 9,2 millions de dollars, auquel il faut ajouter des millions de dollars en biens immobiliers ainsi que le privilège d’appointer 1.700 moines à des devoirs divers. Les bagarres ont en partie détruit les principaux sanctuaires bouddhistes et ont fait des dizaines de blessés parmi les moines, dont certains sérieusement. Le public coréen manifesta son dédain envers les deux camps, estimant que quelque soit la clique de moines qui prendrait le contrôle, "elle utiliserait les dons des fidèles pour acquérir des maisons luxueuses et des voitures onéreuses".3

Mais qu’en était-il du Dalaï-lama et du Tibet qu'il a présidé avant l'intervention chinoise en 1959 ? Il est largement répandu par beaucoup de dévots bouddhistes que l’ancien Tibet était un royaume consacré à la spiritualité, exempt de styles de vie égoïstes, de matérialisme vide et de vices corrupteurs qui infestent la société industrialisée moderne. Les mass media occidentaux, les livres de voyage, les romans et les films Hollywoodiens ont dépeint la théocratie tibétaine comme un véritable Shangri-La (paradis terrestre).

Le Dalaï-lama, lui-même, a affirmé que "l'influence pénétrante du Bouddhisme" au Tibet, "au milieu des espaces grand ouverts d'un environnement non corrompu a eu pour effet de produire une société consacrée à la paix et à l'harmonie. Nous jouissions de la liberté et du contentement."4 Une lecture de l'histoire du Tibet suggère une image différente. Au treizième siècle, l'Empereur Kublai Khan a créé le premier Grand Lama, qui devait présider tous les autres lamas à l'instar d'un pape qui préside ses évêques. Plusieurs siècles plus tard, l'Empereur de Chine a envoyé une armée au Tibet pour soutenir le Grand Lama, un homme ambitieux de 25 ans, qui s'est alors donné le titre de Dalaï (Océan) lama, dirigeant de tout le Tibet. C'est tout à fait une ironie de l’histoire : le premier Dalaï-lama a été installé par une armée chinoise.

Pour élever son autorité, le premier Dalaï-lama saisit les monastères qui n'appartenaient pas à sa secte et aurait détruit les écritures bouddhistes qui étaient en désaccord avec sa revendication à la divinité. Le Dalaï-lama qui lui a succédé a poursuivi une vie sybaritique, jouissant de la compagnie de beaucoup de maîtresses, faisant la fête avec des amis, et agissant entre autres façons considérées inconvenantes pour une divinité incarnée. Pour cela, il fut éliminé par ses prêtres. Durant 170 ans, malgré leur statut reconnu de dieu, cinq Dalaï-lama ont été assassinés par leurs grands prêtres ou par d'autres courtisans.5

Shangri-La (pour Seigneurs et Lamas)

Les religions ont eu un rapport étroit non seulement avec la violence mais aussi avec l'exploitation économique. En effet, c'est souvent l'exploitation économique qui nécessite la violence. Tel était le cas avec la théocratie tibétaine. Jusque 1959, quand le Dalaï-lama a fini de présider le Tibet, la plupart de la terre arable était toujours organisée en domaines seigneuriaux travaillés par des serfs. Même un auteur sympathisant du vieil ordre admet que "bon nombre de domaines ont appartenu aux monastères et la plupart d'entre eux ont amassé d’immenses richesses…. De plus, certains moines et lamas individuellement ont pu accumuler une grande richesse par la participation active dans le commerce et le prêt d'argent."6 Le monastère de Drepung était un des plus grands propriétaires terriens dans le monde, avec ses 185 manoirs, 25.000 serfs, 300 grands pâturages et 16.000 bergers. La richesse des monastères est allée aux lamas ayant le grade le plus élevé, beaucoup d'entre eux étant les rejetons de familles aristocratiques.

Les leaders séculiers firent aussi bien. Un exemple notable était le commandant en chef de l'armée tibétaine, qui possédait 4.000 kilomètres carrés de terre et 3.500 serfs. Il était aussi un membre du Cabinet intime du Dalaï-lama.7 Le vieux Tibet a été faussement représenté par certains de ses admirateurs Occidentaux comme "une nation qui n'a exigé aucune police parce que ses gens ont volontairement observé les lois du karma."8 En fait, il avait une armée professionnelle, bien que petite, qui a servi comme une gendarmerie en faveur des propriétaires pour maintenir l'ordre et traquer des serfs fugitifs.

De jeunes garçons tibétains ont été régulièrement enlevés à leurs familles et emmenés dans les monastères pour être formés comme moines. Une fois là, ils étaient internés à vie. Tashì-Tsering, un moine, rapporte qu’il était courant que des enfants de paysans soient sexuellement maltraités dans les monastères. Lui-même était une victime de viol répété à partir de l’âge de neuf ans.9 Les domaines monastiques enrôlèrent de force des enfants de paysans aux fins de servitude perpétuelle comme domestiques, danseurs et soldats.

Dans le vieux Tibet, il y avait un petit nombre de fermiers qui subsistaient comme une sorte de paysannerie libre, et, peut-être, en plus, 10.000 personnes qui composaient la classe moyenne constituée des familles de marchands, de commerçants et de petits négociants. Des milliers d'autres étaient des mendiants. Une petite minorité était des esclaves, la plupart du temps des domestiques qui ne possédaient rien. Leur descendance naissait dans l'esclavage.10 La plus grande partie de la population rurale – environ 700.000 sur une population totale évaluée à 1.250.000 – était des serfs. Les serfs et d'autres paysans vivaient généralement un peu mieux que les esclaves. Ils n’avaient pas de scolarité ni de soins médicaux. Ils passaient la plupart de leur temps à peiner pour les lamas de haut rang, ou pour une aristocratie foncière séculière. Leurs maîtres leur disaient quelle culture produire et quels animaux élever. Ils ne pouvaient pas se marier sans le consentement de leur seigneur ou lama. Et ils pouvaient facilement être séparé de leur famille s’il plaisait au propriétaire de les envoyer travailler dans un endroit éloigné.11

Une femme de 22 ans, elle-même une serve fugitive rapporte : "De jolies filles de serfs étaient habituellement emmenées par le propriétaire comme domestiques de maison et utilisées comme il le souhaitait". Elles "étaient juste des esclaves sans droits".12 

Les serfs devaient avoir une permission pour tous leurs déplacements. Les propriétaires terriens avaient l'autorité légale pour capturer ceux qui essayaient de fuir. Un serf fugitif de 24 ans a accueilli l'intervention chinoise comme "une libération". Il affirmait que pendant le temps où il était un serf, il était soumis à un travail dur incessant, à la faim et au froid, incapable de lire ou d'écrire et ne sachant rien du tout. Après sa troisième tentative de fuite ratée, il fût impitoyablement battu par les hommes du propriétaire terrien jusqu’à ce que le sang lui coule du nez et de la bouche ; puis, ils ont versé de l'alcool et de la soude caustique sur les blessures pour augmenter la douleur.13

Les serfs étaient dans l’obligation de travailler à vie la terre du seigneur – ou la terre du monastère – sans être payés, de réparer les maisons du seigneur, de transporter sa récolte et de rassembler son bois de chauffage. Ils étaient aussi supposés fournir les animaux de transport et le transport sur demande.14 Ils étaient taxés sur le mariage, taxé sur la naissance de chaque enfant et sur chaque mort dans la famille. Ils étaient taxés sur la plantation d’un nouvel arbre dans leur terrain et sur la possession d’animaux. Il y avait des impôts pour les festivals religieux, pour le chant, la danse, le tambourinage et la sonnerie de cloche. Les gens étaient taxés quand ils étaient envoyés en prison et quand ils en sortaient. Ceux qui ne pouvaient pas trouver de travail étaient taxés pour être sans emploi et s'ils allaient dans un autre village à la recherche de travail, ils devaient payer un impôt de passage. Quand les gens ne pouvaient pas payer, les monastères leur prêtaient de l'argent à un taux d'intérêt de 20 à 50 pour cent. Certaines dettes étaient passées du père au fils et au petit-fils. Les débiteurs qui ne pouvaient pas honorer leurs obligations risquaient d’être réduits en esclavage, parfois pour le reste de leur vie.15

Les enseignements religieux de la théocratie soutenaient cet ordre de classe. Le pauvre et l’affligé apprenaient qu'ils devaient supporter leurs ennuis à cause de leurs mauvaises manières dans des vies précédentes. Donc, ils devaient accepter la misère de leur existence présente comme une rédemption karmique et en prévision de ce que leur sort s'améliorerait une fois réincarné. Le riche et le puissant, bien sûr, considéraient leur bonne fortune comme une récompense, et une preuve tangible de leur vertu dans les vies passées et présentes.

Torture et Mutilation

Au Tibet du Dalaï-lama, la torture et la mutilation – incluant l’énucléation, l’arrachage de la langue, le sectionnement du tendon du jarret et l’amputation – étaient des punitions favorites infligées aux serfs fugitifs et aux voleurs. En voyageant à travers le Tibet dans les années 1960, Stuart et Roma Gelder ont interviewé un ancien serf, Tsereh Wang Tuei, qui avait volé deux moutons appartenant à un monastère. Pour cela, il a eu les yeux énucléés et la main mutilée afin de ne plus pouvoir l’utiliser. Il explique qu'il n'est plus un Bouddhiste : "quand un saint lama leur a dit de m'aveugler, j'ai pensé qu'il n’y avait rien de bon dans la religion".16 . Bien qu’il était contraire aux enseignements bouddhistes de prendre la vie humaine, quelques contrevenants étaient sévèrement fouettés et ensuite "abandonnés à Dieu" dans la nuit glaciale pour y mourir. "Les parallèles entre le Tibet et l'Europe médiévale sont saisissantes", conclut Tom Grunfeld dans son livre sur le Tibet.17

En 1959, Anna Louise Strong a visité une exposition d'équipement de torture qui avait été utilisé par les suzerains tibétains. Il y avait des menottes de toutes les tailles, y compris de petites pour des enfants, et des instruments pour couper le nez et les oreilles, pour énucléer les yeux et pour briser les mains. Il y avait des instruments pour couper les rotules et les talons, ou paralyser les jambes. Il y avait des fers chauds, des fouets et des instruments spéciaux pour éviscérer.18

L'exposition a présenté des photographies et les témoignages des victimes qui avaient été aveuglées ou estropiées ou subi des amputations pour raison de vol. Il y avait le berger dont le maître lui devait un remboursement en yuan et du blé, mais a refusé de payer. Alors, il a pris une des vaches du maître ; pour cela, il eut les mains coupées. Un autre berger qui s'est opposé à ce que sa femme lui soit prise par son seigneur a eu les mains broyées. Il y avait les images d’activistes communistes dont le nez et la lèvre supérieure ont été coupées et celles d’une femme qui a été violée, et puis, dont le nez a été coupé en tranches.19

D’anciens visiteurs du Tibet commentent le despotisme théocratique. En 1895, un anglais, le docteur A. L. Waddell, a écrit que la population était sous la "tyrannie intolérable de moines" et les superstitions diaboliques qu’ils avaient fabriquées pour terroriser les gens. 

En 1904, Perceval Landon a décrit l'autorité du Dalaï-lama comme "une machine d'oppression"

À peu près au même moment, un autre voyageur anglais, le Capitaine W.F.T. O'Connor, a observé que "les grands propriétaires terriens et les prêtres .. exercent chacun dans leur domaine respectif un pouvoir despotique sans aucun appel", tandis que les gens sont "opprimés par une fabrique de prêtres et de monachisme des plus monstrueuses". Les dirigeants tibétains ont "inventé des légendes dégradantes et ont stimulé un esprit de superstition" parmi le peuple.

En 1937, un autre visiteur, Spencer Chapman, a écrit, "le moine lamaïste ne passe pas son temps à administrer les gens ou à les éduquer…. Le mendiant sur le bord de la route n'est rien pour le moine. La connaissance est la prérogative jalousement gardée des monastères et est utilisée pour augmenter leur influence et leur richesse."20

Occupation et révolte

Les communistes chinois ont occupé le Tibet en 1951, revendiquant la souveraineté sur ce pays. Le traité de 1951 prévoyait l'autonomie apparente sous l'autorité du Dalaï-lama, mais confiait à la Chine le contrôle militaire et le droit exclusif de conduire les relations avec l'étranger. Les Chinois disposaient aussi d’un rôle direct dans l'administration interne "pour promouvoir des réformes sociales". D'abord, ils réformèrent lentement, comptant surtout sur la persuasion comme tentative pour effectuer le changement. Parmi les premières réformes qu’ils ont appliquées, il y avait la réduction des taux d'intérêt usuraires et la construction de quelques hôpitaux et de routes. "Contrairement à la croyance populaire à l'Ouest", écrit un observateur, les Chinois "prirent soin de montrer du respect pour la culture et la religion tibétaines". Aucune propriété aristocratique ou monastique n'a été confisquée, et les seigneurs féodaux continuèrent à régner sur les paysans qui leur étaient héréditairement attachés."21

Les seigneurs et les lamas tibétains avaient vu les Chinois aller et venir au cours des siècles et avaient joui de bonnes relations avec le Generalissimo Chiang Kaishek et son pouvoir réactionnaire sur la Chine avec le Kuomintang.22 L'approbation du gouvernement Kuomintang était nécessaire pour valider le choix du Dalaï-lama et du Panchen Lama. Quand le jeune Dalaï-lama a été installé à Lhassa, c’était avec une escorte armée des troupes chinoises et un ministre chinois conformément à la tradition vieille de plusieurs siècles. Ce qui contrariait les seigneurs et lamas tibétains, c’était que ces derniers chinois étaient des communistes. C'était seulement une question de temps, ils en étaient sûrs, avant que les Communistes ne commencent à imposer leurs solutions collectivistes égalitaires au Tibet.

En 1956-57, des bandes armées tibétaines tendirent une embuscade à des convois de l'Armée Populaire de Libération chinoise. Le soulèvement reçut un appui important de la Central Intelligence Agency américaine (C.I.A.), comprenant un entraînement militaire, des camps d'appui au Népal et de nombreux ponts aériens.23 Pendant ce temps, aux Etats-Unis, la Société américaine pour une Asie libre, un front de la C.I.A., avait énergiquement fait la publicité de la cause de la résistance tibétaine avec le frère aîné du Dalaï-lama, Thubtan Norbu, qui jouât un rôle actif dans ce groupe. Le second frère aîné du Dalaï-lama, Gyalo Thondup, mis sur pied une opération de renseignements avec la C.I.A. en 1951. Il remit ça plus tard dans une unité de guérilla entraînée par la C.I.A. dont les recrues furent parachutées à nouveau au Tibet.24

Beaucoup de commandos et d’agents tibétains que la C.I.A. avait déposé dans le pays étaient les chefs de clans aristocratiques ou les fils des chefs. Pour nonante pour cent d'entre eux, on n'en entendit jamais plus parler, selon un rapport de la C.I.A. elle-même, signifiant en cela qu’ils avaient probablement étaient capturés ou tués.25 "Beaucoup de lamas et de membres séculiers de l'élite et le gros de l'armée tibétaine ont rejoint le soulèvement, mais, en général, la population ne l'a pas fait, ce qui entraîna son échec", écrit Hugh Deane.26 Dans leur livre sur le Tibet, Ginsburg et Mathos arrivent à une conclusion semblable : "Autant qu'il peut être vérifié, la plupart du peuple de Lhassa et de la campagne attenante ne rejoignis pas le combat contre les Chinois, aussi bien quand il commença qu’au cours de son déroulement."27 Finalement, la résistance s’effondra.

Les communistes entrent

Quels que furent les maux et les nouvelles oppressions introduits par les chinois au Tibet après 1959, ils ont supprimé l'esclavage et le système de servage de travail impayé et mirent un terme aux flagellations, aux mutilations et aux amputations comme méthodes de sanctions criminelles. Ils ont éliminé les nombreux impôts écrasants, commencé des projets de grands travaux et ont énormément réduit le chômage et la mendicité. Ils ont instauré l'éducation laïque, brisant ainsi le monopole de l'éducation des monastères. Ils ont mis en place la distribution d'eau courante et d'électricité dans Lhassa.28

Heinrich Harrer (il fut ultérieurement révélé que Harrer avait été un sergent dans les SS d'Hitler) a écrit un best-seller racontant ses expériences au Tibet et qui a été montré dans un film populaire de Hollywood. Il rapporta que les Tibétains qui ont résisté aux Chinois "étaient principalement les nobles, les semi-nobles et les lamas ; ils ont été punis en étant contraint de devoir exécuter les tâches les plus humbles, comme travailler sur des routes et des ponts. Ils furent encore plus humiliés par le fait de devoir nettoyer la ville avant l’arrivée des touristes". Ils ont aussi dû vivre dans un camp à l'origine réservé aux mendiants et aux vagabonds.29

En 1961, les Chinois ont exproprié les propriétés foncières tenues par les seigneurs et les lamas et ont réorganisé les paysans en centaines de communes. Ils distribuèrent des centaines de milliers d'acres à des fermiers locataires et à des paysans sans terre. Les troupeaux qui appartenaient auparavant à la noblesse ont été rendu à des collectifs de bergers pauvres. Des améliorations ont été faites dans la reproduction du bétail et des nouvelles variétés de légumes et des nouvelles souches de blé et d'orge ont été introduites ; avec des améliorations en matière d'irrigation, tout cela aurait mené à une augmentation de la production agraire.30

Beaucoup de paysans sont restés aussi religieux qu’avant, donnant l'aumône au clergé. Mais les nombreux moines qui avaient été enrôlés de force dans les ordres religieux quand ils étaient enfants étaient maintenant libres de renoncer à la vie monastique, ce que des milliers ont fait, particulièrement les plus jeunes. Le clergé restant a vécu sur des bourses modestes dispensées par le gouvernement et sur le revenu supplémentaire gagné en officiant des services de prière, des mariages et des obsèques.31

Tant le Dalaï-lama que son conseiller et frère le plus jeune, Tendzin Choegyal, ont prétendu que "plus de 1,2 millions de Tibétains sont morts en conséquence de l'occupation chinoise."32 Mais le recensement officiel de 1953 – six ans avant les sévères mesures chinoises – a enregistré la population entière résidant au Tibet au nombre de 1.274.000.33 D'autres comptes de recensement évaluent la population tibétaine ethnique dans le pays à environ deux millions. Si les Chinois avaient tué 1,2 millions de Tibétains au début des années 1960, alors des villes entières et d’importantes parties de la campagne, en fait presque tout le Tibet, auraient été dépeuplé, transformé en un champ de batailles parsemé de camps de la mort et de charniers – dont nous n'avons vu aucune preuve. Les minces forces armées chinoises présentes au Tibet n'étaient pas assez importantes pour regrouper, pourchasser et exterminer autant de personnes même si elles y avaient consacré tout leur temps en ne faisant rien d'autre.

Les autorités chinoises reconnaissent "des erreurs", particulièrement pendant la Révolution Culturelle en 1966-76 quand la persécution religieuse a atteint une haute vague tant en Chine qu'au Tibet. Après le soulèvement à la fin des années 1950, des milliers de Tibétains ont été incarcérés. Pendant le Grand bond en avant, la collectivisation obligatoire et l'agriculture de grain ont été imposées à la paysannerie, parfois avec un effet désastreux. À la fin des années 1970, la Chine a commencé à relâcher le contrôle sur le Tibet "et a essayé de réparer certains des dégâts provoqué pendant les deux décennies précédentes."34

En 1980, le gouvernement chinois a amorcé des réformes censément conçues pour accorder au Tibet un degré plus grand d'autonomie et d'auto-administration. Les Tibétains seraient dès lors autorisé à cultiver des parcelles privées, à vendre leurs surplus de moisson, à décider eux-mêmes quel produit cultiver et à garder des yaks et des moutons. La communication avec le monde extérieur était de nouveau permise et les contrôles aux frontières furent facilités pour permettre aux Tibétains de visiter des parents exilés en Inde et au Népal.35

Dans les années 1990, les Hans, le plus grand groupe ethnique comprenant plus de 95 pour cent de la population énorme de la Chine, ont commencé à se déplacer en nombre substantiel au Tibet et dans diverses provinces occidentales. Dans les rues de Lhassa et de Shigatse, les signes de la prééminence han sont aisément visibles. Les Chinois dirigent les usines et beaucoup des magasins et des stands de vente. De grands immeubles de bureaux et de grands centres commerciaux ont été construits avec des fonds qui auraient été mieux dépensés pour des usines de traitement d'eau et des logements. Les cadres chinois au Tibet ont souvent considéré leurs voisins tibétains comme arriérés et paresseux, ayant besoin d'un développement économique et d'une "éducation patriotique".

Pendant les années 1990, des employés du gouvernement tibétain soupçonnés d'entretenir des sympathies nationalistes ont été licenciés et des campagnes ont été lancées pour discréditer le Dalaï-lama. Des Tibétains ont, selon certaines sources, été arrêtés, emprisonnés et soumis au travail obligatoire pour avoir mené des activités séparatistes et s'être engagé dans "la subversion" politique. Certaines des personnes appréhendées ont été retenues en détention administrative sans eau et alimentation adéquates, sans couvertures, sujettes à des menaces, des coups et d'autres mauvais traitements.36

Les règlements de planning familial chinois permettent une limite de trois enfants par familles tibétaines. (Pendant des années, les familles hans étaient soumises à la limite de l’enfant unique) Si un couple dépasse la limite, les enfants en excès peuvent être interdits d'accès à la garderie subventionnée, aux services médicaux, au logement et à l'éducation. Ces pénalités ont été appliquées de manière irrégulière et varièrent selon le district. Par ailleurs, l'histoire, la culture et la religion tibétaines sont négligées dans les écoles. Les matériels pédagogiques, quoique traduits en tibétain, se concentrent sur l'histoire et la culture chinoises.37

Élites, émigrés et la C.I.A.

Pour les lamas et les seigneurs riches, l'intervention communiste était une calamité. La plupart d'entre eux se sont enfuis à l'étranger, ainsi fît le Dalaï-lama lui-même, qui a été aidé dans sa fuite par la C.I.A. Certains ont découvert avec horreur qu'ils devraient travailler pour vivre. Pourtant, pendant les années 1960, la communauté tibétaine en exil a secrètement empoché 1,7 millions de $ par an provenant de la C.I.A. selon des documents rendus publics par le Département d'Etat en 1998. Une fois que ce fait a été rendu public, l'organisation du Dalaï-lama lui-même a publié une déclaration admettant qu'il avait reçu des millions de dollars de la C.I.A. pendant les années 1960 pour envoyer des escadrons armés d'exilés au Tibet pour saper la révolution maoïste. Le revenu annuel du Dalaï-lama dispensé par le C.I.A. était de 186.000 $. Les services secrets indiens l'ont aussi financé ainsi que d'autres exilés tibétains. Il a refusé de dire si lui ou ses frères travaillaient pour la C.I.A. L'agence s’est aussi abstenue de faire des commentaires.38

En 1995, le News & Observer de Raleigh en Caroline du Nord, a publié en couverture une photographie couleur montrant le Dalaï-lama recevant l’accolade du sénateur Républicain réactionnaire Jesse Helms, sous le titre "le Bouddhiste fascine le Héros des droits religieux".39 

En avril 1999, avec Margareth Thatcher, le Pape Jean Paul II et George Bush premier, le Dalaï-lama a lancé un appel au gouvernement britannique afin qu'il libère Augusto Pinochet, l'ancien dictateur fasciste du Chili et un client de longue date de la C.I.A. et qui avait été appréhendé alors qu'il était en visite en Angleterre. Il a vivement recommandé que Pinochet ne soit pas forcé d'aller en Espagne où il était requis par un juge espagnol pour passer en justice pour des crimes contre l'humanité.

Aujourd'hui, surtout via la National Endowment for Democracy (NED) et d'autres canaux qui sonnent plus respectablement que la C.I.A., le Congrès US continue d'allouer 2 millions de $ par an aux Tibétains en Inde, plus quelques millions complémentaires pour "des activités démocratiques" dans la communauté d'exil tibétaine. Le Dalaï-lama obtient aussi de l'argent du financier George Soros, qui dirige Radio Free Europe/Radio Liberty, la radio créée par la C.I.A., ainsi que d'autres instituts.40

La question de la culture

On nous a dit que quand le Dalaï-lama gouvernait le Tibet, le peuple vivait dans une symbiose satisfaisante et tranquille avec leurs seigneurs monastiques et séculiers, selon un ordre social fondé sur une culture profondément spirituelle et non violente inspirée par des enseignements religieux humains et pacifiques. La culture religieuse tibétaine était le ciment social et le baume réconfortant qui maintenaient les lamas riches et les paysans pauvres liés spirituellement et … pour soutenir ces prosélytes qui considèrent le vieux Tibet comme un modèle de pureté culturelle, un paradis terrestre.

On peut se rappeler les images idéalisées de l'Europe féodale présentées par des catholiques conservateurs contemporains comme G. K. Chesterton et Hilaire Belloc. Pour eux, la chrétienté médiévale était un monde de paysans satisfaits vivant dans un lien spirituel profond avec leur Église, sous la protection de leurs seigneurs.41 A nouveau, nous sommes invités à accepter une culture particulière selon ses propres canons, qui signifie l'accepter tel qu'elle est présentée par sa classe privilégiée, par ceux du sommet qui en ont profité le plus. L'image du Shangri-La du Tibet n'a pas plus de ressemblance avec la réalité historique que ne l'a l'image idéalisée de l'Europe médiévale.

Quand il est vu dans toute son effroyable réalité, le vieux Tibet confirme que la culture n’est absolument pas neutre. La culture peut faire office de couverture de légitimation à une foule de graves injustices, bénéficiant à une portion de la population d’une société au grave détriment d’autres segments de cette population. Dans le Tibet théocratique, les intérêts dominants manipulaient la culture traditionnelle pour consolider leur richesse et leur pouvoir. La théocratie assimilait les pensées et les actions rebelles à des influences sataniques. Elle propageait la supposition générale de la supériorité du seigneur et de l’infériorité du paysan. Le riche était représenté comme méritant sa belle vie et le pauvre comme méritant sa misérable existence, le tout codifié en enseignements à propos de la succession karmique des vertus et des vices issus de vies passées et présenté comme l’expression de la volonté de Dieu.

Il pourrait être dit que nous, citoyens du monde laïc moderne, ne pouvons pas saisir les équations du bonheur et de la douleur, le contentement et la coutume qui caractérisent des sociétés plus traditionnellement spirituelles. Cela peut être vrai et cela peut expliquer pourquoi certains d'entre nous idéalisent de telles sociétés. Mais tout de même, un œil énucléé est un œil énucléé, une flagellation est une flagellation, et l'exploitation oppressante des serfs et des esclaves est toujours une injustice de classe brutale quels que soient ses emballages culturels. Il y a une différence entre un lien spirituel et un esclavage humain, même quand tous les deux existent côte à côte.

Bon nombre de Tibétains ordinaires souhaitent le retour du Dalaï-lama dans leur pays mais il apparaît que relativement peu souhaite un retour à l’ordre ancien qu’il représente. Une histoire publiée en 1999 dans le "Washington Post" note qu’il continue à être révéré au Tibet, mais …

… peu de Tibétains accueilleraient un retour des clans aristocratiques corrompus qui se sont enfuis avec lui en 1959, et cela comprend la plus grande partie de ses conseillers. Beaucoup de fermiers tibétains, par exemple, n'ont aucun intérêt à recéder la terre qu'ils ont gagnée pendant la réforme agraire que la Chine a imposée aux clans. Les anciens esclaves du Tibet disent qu'ils, eux aussi, ne veulent pas que leurs anciens maîtres reviennent au pouvoir.

"J'ai déjà vécu cette vie une fois auparavant", a dit Wangchuk, un ancien esclave de 67 ans qui portait ses meilleurs vêtements pour son pèlerinage annuel vers Shigatse, un des sites les plus saints du Bouddhisme tibétain. Il a dit qu'il vénérait le Dalaï-lama, mais a ajouté, "je ne peux pas être libre sous le communisme chinois, mais je suis dans de meilleures conditions que quand j'étais un esclave."42

Kim Lewis qui a étudié les méthodes de guérison avec un moine bouddhiste à Berkeley en Californie a eu l’occasion de parler longuement avec plus d’une dizaine de femmes tibétaines qui vivaient dans le bâtiment du moine. Quand elle demanda comment elles se sentaient à l’idée de retourner dans leur pays d’origine, le sentiment était unanimement négatif. Au début, Lewis pensait que leur répugnance avait un rapport avec l’occupation chinoise mais elles l’informèrent vite qu’il en était tout autrement. Elles dirent qu’elles étaient extrêmement reconnaissante "de ne pas avoir du se marier à 4 ou 5 hommes, de ne pas devoir être enceinte presque tout le temps", ou de devoir supporter des maladies sexuellement transmissibles contractées par un mari errant. Les plus jeunes femmes "étaient enchantées de recevoir une éducation et ne voulaient absolument rien à voir avec une quelconque religion, et se demandaient pourquoi les Américains étaient si naïfs". Elles racontèrent les histoires des épreuves de leur grand-mère avec des moines qui les utilisaient comme "épouses de sagesse", leur disant "qu’elles gagneraient énormément de mérites en fournissant les ‘moyens de l’éblouissement’ – après tout, Buddha avait besoin d’être avec une femme pour atteindre l’illumination".

Les femmes interviewées par Lewis parlèrent avec amertume au sujet de la confiscation de leurs jeunes garçons par les monastères au Tibet. Quand un enfant criait après sa mère, il lui était dit "Pourquoi la réclames-tu, elle t’a abandonné – elle est juste une femme." Parmi les autres problèmes, il y avait notamment "l’homosexualité endémique dans la secte Gelugpa. Tout n’était pas parfait au Shangri-la", opine Lewis."43

Les moines qui ont obtenu l’asile politique en Californie ont fait une demande pour obtenir la sécurité sociale. Lewis, elle-même une partisane pendant un temps, les a aidé pour les documents administratifs. Elle observe qu’ils continuent à recevoir des chèques de la sécurité sociale d’un montant de 550 à 700 dollars par mois avec Medicare et MediCal. En plus, les moines résident sans payer de loyer dans d’agréables appartements équipés. "Ils ne paient aucune charge, ils ont l’accès gratuit à internet avec des ordinateurs mis à leur disposition, ainsi que des fax, des téléphones fixes et portables et la télévision câblée." En plus, ils reçoivent un traitement mensuel de leur ordre. Et le centre dharma prend une collection spéciale de ses membres (tous américains), distinct de leurs devoirs de membres. Certains membres effectuent avec passion les tâches ménagères pour les moines, notamment les courses chez l’épicier, l’entretien de leurs appartements et leurs toilettes. Ces même saints hommes "ne voient aucun problème à critiquer l’obsession des Américains pour les choses matérielles".44

Soutenir le renversement de la vieille théocratie féodale par la Chine ne signifie pas applaudir à tout ce que fait l'autorité chinoise au Tibet. Ce point est rarement compris par les adhérents du Shangri-La aujourd'hui à l'Ouest.

L'inverse est aussi vrai. Dénoncer l'occupation chinoise ne signifie pas que nous devons idéaliser l'ancien régime féodal. Une complainte commune parmi les prosélytes bouddhistes à l'Ouest est que la culture religieuse du Tibet est sapée par l’occupation. Cela semble vraiment être le cas. Nombre de monastères sont fermés et la théocratie est passée dans l’histoire. Ce que je mets en doute ici est la nature soi-disant admirable et essentiellement spirituelle de cette culture d'avant l'invasion. En bref, nous pouvons préconiser la liberté religieuse et l'indépendance pour le Tibet sans devoir embrasser la mythologie d'un Paradis Perdu.

Finalement, il devrait être noté que la critique posée ici ne doit pas être considérée comme une attaque personnelle contre le Dalaï-lama. Quel que soit ses associations passées avec la C.I.A. et certains réactionnaires, il parle souvent de paix, d'amour et de non-violence. Et il ne peut lui-même être réellement blâmé pour les abus de l’ancien régime, n’ayant que 15 ans quand il s’enfuit en exil. En 1994, dans une interview avec Melvyn Goldstein, il dit en privé qu'il était depuis sa jeunesse en faveur de la construction d'écoles, "de machines" et de routes dans son pays. Il prétend qu'il pensait que la corvée (travail forcé non payé d’un serf au profit du seigneur) et certains impôts imposés aux paysans étaient "extrêmement mauvais". Et il n'aimait pas la façon dont les gens étaient surchargés avec des vieilles dettes parfois transmises de génération en génération.45 En outre, il propose maintenant la démocratie pour le Tibet, caractérisée par une constitution écrite, une assemblée représentative et d'autres attributs démocratiques essentiels.46

En 1996, le Dalaï-lama a fait un communiqué qui a du avoir un effet dérangeant dans la communauté en exil. Il dit en partie ceci :

De toutes les théories économiques modernes, le système économique marxiste est fondé sur des principes moraux, tandis que le capitalisme n’est fondé que sur le gain et la rentabilité. Le marxisme est basé sur la distribution de la richesse sur une base égale et sur l'utilisation équitable des moyens de production. Il est aussi concerné par le destin des travailleurs – qui sont la majorité – aussi bien que par le destin d'entre ceux qui sont défavorisés et dans le besoin, et le marxisme se soucie des victimes de minorités exploitées. Pour ces raisons, le système m'interpelle et il semble juste … Je me considère moi-même comme demi-marxiste et demi-bouddhiste.47

Et plus récemment, en 2001, en visitant la Californie, il a fait remarquer que "le Tibet, matériellement, est très, très en arrière. Spirituellement, il est tout assez riche. Mais la spiritualité ne peut pas remplir nos estomacs."48 Voici un message qui devrait être pris en compte par les prosélytes bouddhistes bien alimentés en Occident qui dissertent avec nostalgie sur le vieux Tibet.

Ce que j'ai essayé de défier, ce sont le mythe du Tibet, l'image du Paradis perdu d'un ordre social qui, en fait, n’était rien de plus qu'une théocratie rétrograde de servage et de pauvreté, où une minorité privilégiée vivait richement et puissamment au prix du sang, de la sueur et des larmes de la majorité. On est loin du Shangri-la.

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Notes :

1. Melvyn C. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon : China, Tibet, and the Dalai Lama (Berkeley : University of California Press, 1995), 6-16.

2. Mark Juergensmeyer, Terror in the Mind of God, (Berkeley : University of California Press, 2000), 113.

3. Kyong-Hwa Seok, "Korean Monk Gangs Battle for Temple Turf", San Francisco Examiner, December 3, 1998.

4. Dalai Lama quoted in Donald Lopez Jr., Prisoners of Shangri-La : Tibetan Buddhism and the West (Chicago and London : Chicago University Press, 1998), 205.

5. Stuart Gelder and Roma Gelder, The Timely Rain : Travels in New Tibet (New York : Monthly Review Press, 1964), 119, 123.

6. Pradyumna P. Karan, The Changing Face of Tibet : The Impact of Chinese Communist Ideology on the Landscape (Lexington, Kentucky : University Press of Kentucky, 1976), 64.

7. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 62 and 174.

8. As skeptically noted by Lopez, Prisoners of Shangri-La, 9.

9. Melvyn Goldstein, William Siebenschuh, and Tashì-Tsering, The Struggle for Modern Tibet : The Autobiography of Tashì-Tsering (Armonk, N.Y. : M.E. Sharpe, 1997).

10. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 110.

11. Anna Louise Strong, Tibetan Interviews (Peking : New World Press, 1929), 15, 19-21, 24.

12. Quoted in Strong, Tibetan Interviews, 25.

13. Strong, Tibetan Interviews, 31.

14. Melvyn C. Goldstein, A History of Modern Tibet 1913-1951 (Berkeley : University of California Press, 1989), 5.

15. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 175-176; and Strong, Tibetan Interviews, 25-26.

16. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 113.

17. A. Tom Grunfeld, The Making of Modern Tibet rev. ed. (Armonk, N.Y. and London : 1996), 9 and 7-33 for a general discussion of feudal Tibet; see also Felix Greene, A Curtain of Ignorance (Garden City, N.Y. : Doubleday, 1961), 241-249; Goldstein, A History of Modern Tibet 1913-1951, 3-5; and Lopez, Prisoners of Shangri-La, passim.

18. Strong, Tibetan Interviews, 91-92.

19. Strong, Tibetan Interviews, 92-96.

20. Waddell, Landon, and O'Connor are quoted in Gelder and Gelder, The Timely Rain, 123-125.

21. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, 52.

22. Heinrich Harrer, Return to Tibet (New York : Schocken, 1985), 29.

23. See Kenneth Conboy and James Morrison, The CIA's Secret War in Tibet (Lawrence, Kansas : University of Kansas Press, 2002); and William Leary, "Secret Mission to Tibet", Air & Space, December 1997/January 1998.

24. On the CIA's links to the Dalai Lama and his family and entourage, see Loren Coleman, Tom Slick and the Search for the Yeti (London : Faber and Faber, 1989).

25. Leary, "Secret Mission to Tibet".

26. Hugh Deane, "The Cold War in Tibet", CovertAction Quarterly (Winter 1987).

27. George Ginsburg and Michael Mathos, Communist China and Tibet (1964), quoted in Deane, "The Cold War in Tibet". Deane notes that author Bina Roy reached a similar conclusion.

28. See Greene, A Curtain of Ignorance, 248 and passim; and Grunfeld, The Making of Modern Tibet, passim.

29. Harrer, Return to Tibet, 54.

30. Karan, The Changing Face of Tibet, 36-38, 41, 57-58; London Times, 4 July 1966.

31. Gelder and Gelder, The Timely Rain, 29 and 47-48.

32. Tendzin Choegyal, "The Truth about Tibet", Imprimis (publication of Hillsdale College, Michigan), April 1999.

33. Karan, The Changing Face of Tibet, 52-53.

34. Elaine Kurtenbach, Associate Press report, San Francisco Chronicle, 12 February 1998.

35. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, 47-48.

36. Report by the International Committee of Lawyers for Tibet, A Generation in Peril (Berkeley Calif. : 2001), passim.

37. International Committee of Lawyers for Tibet, A Generation in Peril, 66-68, 98.

38. Jim Mann, "CIA Gave Aid to Tibetan Exiles in '60s, Files Show", Los Angeles Times, 15 September 1998; and New York Times, 1 October, 1998; and Morrison, The CIA's Secret War in Tibet.

39. News & Observer, 6 September 1995, cited in Lopez, Prisoners of Shangri-La, 3.

40. Heather Cottin, "George Soros, Imperial Wizard", CovertAction Quarterly no. 74 (Fall 2002).

41. The Gelders draw this comparison, The Timely Rain, 64.

42. John Pomfret, "Tibet Caught in China's Web", Washington Post, 23 July 1999.

43. Kim Lewis, correspondence to me, 15 July 2004.

44. Kim Lewis, additional correspondence to me, 16 July 2004.

45. Goldstein, The Snow Lion and the Dragon, 51.

46. Tendzin Choegyal, "The Truth about Tibet."

47. The Dalai Lama in Marianne Dresser (ed.), Beyond Dogma : Dialogues and Discourses (Berkeley, Calif. : North Atlantic Books, 1996).

48. Quoted in San Francisco Chronicle, 17 May 2001.

Source : https://investigaction.net/le-mythe-du-tibet/

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Friday, September 13, 2024

Kalachakra, au-delà de la conscience du bien et du mal




Initiation du Kalachakra donnée par le 7e Djé Gungthang Rinpoché dans la région d'Amdo en 2023.



“Kalachakra” (sanskrit) signifie “roue du temps” et est aussi le nom du dieu du temps tibétain le plus puissant. Le tantra du Kalachakra est considéré comme étant le plus récent des textes révélés (10e siècle) et est considéré par les lamas comme étant l’apogée de tous les systèmes bouddhistes.

Depuis plus de 25 ans, des centaines de milliers de personnes ont reçu une consécration à travers le tantra du Kalachakra par le 14e Dalaï-lama. Parmi elles, on compte de nombreux Indiens ne savant ni lire ni écrire. Mais également en occident, les participants et participantes “instruit(e)s” savent à peine quel est l’enjeu réel de ce rite car en marge des éléments connus par le public il contient une partie gardée sévèrement secrète. Seules, les sept premières étapes de l’initiation sont publiées ouvertement par le 14e Dalaï-lama ; les huit étapes supérieures restent top-secrètes.

Aucun prospectus, aucune brochure ou annonce, pas plus que les nombreuses déclarations du 14e Dalaï-lama lui-même ne parlent des rituels secrets pratiqués au cours de ces huit dernières étapes. Pour le public, le tantra du Kalachakra apparaît comme une contribution à la paix mondiale digne et exaltante pour l’esprit ("Kalachakra for World Peace") et stimulant la compassion envers tout être vivant, le dialogue inter-religieux, la tolérance entre les peuples et les races, une prise de conscience écologique, l’égalité des sexes, la paix des cœurs, l’épanouissement de l’âme et le bonheur suprême pour le troisième millénaire. L’ensemble est couronné par une devise venant de la bouche du 14e Dalaï-lama: "Because we all share this small planet earth, we have to learn to live in harmony and peace with each other and with nature." (Etant donné que nous partageons tous ensemble cette petite planète, nous devons apprendre à vivre en harmonie et en paix ensemble et avec la nature). Cette haute initiation tantrique au très spécifique lamaïsme tibétain est la consécration “d’une rencontre pour la paix mondiale déterminante pour les cultures et les religions”.

Cependant, le tantra du Kalachakra et le mythe du Shambhala sont-ils vraiment pacifiques ? 

Encouragent-ils vraiment une cohabitation harmonieuse entre les êtres humains ? 

Contribuent-ils réellement à la liberté et à la justice, à l’égalité des sexes, à la tolérance religieuse, à l’entente entre les peuples ? 

Sont-ils un apport global politico-humaniste, démocratique et non-violent à la paix dans le monde ?

Depuis quelques années, le bouddhisme tibétain, l’histoire du lamaïsme, les conditions de vie parmi les Tibétains en exil et le 14e Dalaï-lama lui-même se retrouvent sous le feu des critiques qui ne viennent pourtant pas cette fois-ci du côté chinois. En effet, des historiens américains remettent en question les louanges portées à l’histoire tibétaine (Melvin C. Goldstein, A. Tom Grundfeld). Des tibétologues critiques accusent la tibétologie officielle de manipulations ciblées (Donald S. Lopez Jr.). Des chercheurs spécialisés dans l’étude du bouddhisme tibétain examinent l’influence de l’idéologie s’étant développée fortement à travers le « mythe du Tibet » grâce à l’aide des lamas (Peter Bishop). Des politiciennes réputées ont dû se rendre à l’évidence après avoir vu de leurs propres yeux qu’il n’existait pas de “génocide” provoqué par les Chinois contrairement à ce qu’affirment encore et toujours les Tibétains en exil (Antje Vollmar, Mary Robinson). D’anciennes bouddhistes dénoncent, en toute connaissance de cause, l’oppression et l’abus systématiques et raffinés subis par les femmes dans le bouddhisme tibétain après l’avoir vécu elles-mêmes ce qui leur permet de posséder une connaissance profonde de la question (June Campbell). Des psychologues et des psychanalystes examinent le côté agressif et morbide de la culture lamaïste (Robert A. Paul, Fokke Sierksma, Colin Goldner). Depuis 1997, des personnes appartenant à la suite personnelle du Dalaï-lama ont apporté des preuves accablantes de l’intolérance, de la superstition et de l’autocratie régnant au sein du bouddhisme tibétain (affaire Shugden). L’univers des rites lamaïstes a également rencontré une critique sévère. Les intentions humanistes, pacifiques, tolérantes et œcuméniques du tantra du Kalachakra et du mythe du Shambhala sont remises en question par une vaste étude (Victor et Victoria Trimondi). Des émissions télévisées allemandes, suisses et autrichiennes ont également émis de fortes critiques à l’envers du 14e Dalaï-lama et de son système basé sur la magie (Panorama, 10 nach 10, Treffpunkt Kultur). Lors de la visite du « prince de l’église » tibétaine à Munich (mai 2000), la décision des « pro- Dalaï-lama » d’inviter le « roi-dieu » tibétain à une manifestation de grande envergure provoqua même une division au sein du SPD (parti socialiste allemand) et partagea l’ensemble de la presse. Les reproches suivants lui furent entre autres adressés : modèle de pouvoir non démocratique et autocratique ; oppression de toute opposition politique ; répression des minorités religieuses ; décisions politiques par décrets personnels sans dialogue ni discussion ; falsification consciente de l’histoire du Tibet ; relations non critiquables à ses yeux avec d’anciens SS et avec des néo-nazis ; diffamation des critiques ; rites antiféministes. Un aperçu détaillé des critiques se trouvant dans la presse peut être consulté sous medien.html.

Voici quelques-uns des points abordés par les critiques du tantra du Kalachakra et du mythe du Shambhala et pouvant être discutés sur le site du forum critique du Kalachakra :

Les non-initiés n’ont pas le droit d’être informés sur les rites secrets du tantra du Kalachakra sous peine de châtiments corporels et moraux dignes du Moyen-Âge. Celui qui divulgue ces secrets occultes verra “sa tête et son cœur éclater” et grillera dans les enfers les plus profonds. Cette manière de procéder est justifiée par le fait que dans les huit dernières étapes de l’initiation apparaissent des éléments qui sont contraires aux valeurs humanistes (Michael Henss – Kalachakra – ein tibetisches Einweihungsritual (un rite initiatique tibétain)– Zürich 1985, 46).

Le tantra du Kalachakra est tout sauf pacifiste car il prophétise et encourage de façon idéologique une guerre de religion sanglante entre bouddhistes et non-bouddhistes pour la domination du monde (mythe du Shambhala).

Le texte nomme explicitement les leaders des trois religions monothéistes (le judaïsme, le christianisme et l’islam) comme étant les adversaires du bouddhisme : “Adam, Hénoch, Abraham, Moïse, Jésus, celui en habit blanc (Mani), Mohamed et Mathani (le Mahdi)”. Le tantra du Kalachakra les décrit comme “la famille des serpents démoniaques” (Shri-Kalachakra I. 154).

Ainsi le tantra du Kalachakra se positionne contre toutes les religions ayant des racines sémites et a été, pour cette raison, utilisé par des cercles antisémites radicaux de droite pour leur propagande raciste.

Le Tantra du Kalachakra jure une guerre totale entre le monde islamique et le monde non-islamique lors de laquelle les disciples de Mohamed seront présentés comme les ennemis principaux des bouddhistes. Dans le texte original, la Mecque est décrite comme la résidence de « l’idole puissant et impitoyable des barbares », « l’incarnation du démon » (Shri Kalachakra I. 154). Ainsi d’après l’adversaire principal du prochain roi du Shambhala, Rudra Chakrin “tourneur courroucé de la roue”, nous apprenons qu’ils sont également nommés mleccha ce qui signifie “barbares” mais également “habitants de la Mecque”. Un autre commentaire du Kalachakra appelle Rudra Chakrin le “meurtrier des Mlecchas”.

Sur de longues pages, le tantra du Kalachakra décrit avec énormément de détails les puissantes armes meurtrières dont dispose l’armée du Shambhala bouddhiste contre “les ennemis de la doctrine” (Shri Kalachakra I. 128-142). Les lamas, commentateurs de ces équipements militaires imaginaires, s’adonnent à de spectaculaires comparaisons avec des armements du 20e et 21e siècle.

La conduite de la guerre dans les batailles du Shambhala ne s’aligne manifestement pas sur les droits des peuples mais compte d’après le texte original pour être “impitoyable” et “horrible”. “Les combattants – bouddhistes – extrêmement brutaux terrasseront et élimineront les hordes barbares” (Shri Kalachakra I. 163-165).

Tous les participants à une initiation au rite du Kalachakra ont le « droit » douteux de se réincarner en “soldat du Shambhala” afin de combattre dans la bataille finale annoncée en tant que fantassin ou officier. Les postes de commandement ont déjà été assignés aux réincarnations de lamas de haut rang (E. Bernbaum – Le Chemin vers Shambhala – A la recherche du Merveilleux Royaume dans l’Himalaya – Hambourg 1982, 252, 35).

D’après une vision du lama tibétain Kamtrul Rinpoche, le Dalaï-lama lui-même réincarné conduira, en chef courroucé (Rudra Chakrin), les armées bouddhistes dans la bataille du Shambhala afin de prendre le pouvoir sur “tout le Mal de l’univers”. Les propagandistes du tantra du Kalachakra défendent un culte primitif du martyr ressemblant au culte des combattants de la Djihad musulmane : L’entrée au paradis du Shambhala est garantie à celui se faisant tuer lors de la guerre du Shambhala (E. Berbaum – Le Chemin vers Shambhala – A la recherche du Merveilleux Royaume dans l’Himalaya – Hambourg 1982, 253).

Le tantra du Kalachakra encourage à tous les niveaux une façon de penser et d’agir stimulée par la présentation d’ennemis et la propagation de la guerre entre le « Bien » et le « Mal », entre les « croyants » et les « non-croyants » contrairement à l’enseignement initial du Bouddha originel (Theravada) et des exigences éthiques du bouddhisme mahayana.

Le tantra du Kalachakra comprend une politique bouddhocratrique. Cette politique est encore plus «théocratique» du point de vue des droits publics que celle suivit par les fondamentalistes musulmans car le ‘Chakravartin’ (roi du monde) est considéré comme « l’incarnation » ou « l’émanation » directe du Bouddha suprême (Adi-Bouddha) et est présenté comme un dieu-homme en voyage sur la terre alors que le calife n’est que le « représentant » de dieu (Allah) sur terre et n’a même pas droit au titre de prophète.

A la tête de l’état autoritaire et « bouddhocratrique » du Kalachakra siège sur le “trône du lion” un “roi-prêtre” aux pouvoirs religieux, politiques, juridiques et militaires absolus (Chakravartin). La “séparation des pouvoirs civils” est dans cet état une notion totalement inconnue. Celui qui connaît les droits institutionnels liés à la position du Dalaï-lama du Tibet traditionnel (jusqu’en 1959) sait que cette fonction de “roi-dieu” est celle d’un Chakravartin en miniature. Les réformes, bien que discutables, pour la démocratie mises en place par le 14e Dalaï-lama parmi les Tibétains en exil sont réduites à néant par les conséquences politiques et ‘bouddhocratiques’ découlant du tantra du Kalachakra.

La prétention à une domination mondiale "bouddhocratrique" est une exigence explicite du tantra du Kalachakra. Là aussi, nous avons une correspondance fondamentale avec les prétentions de domination mondiale de l’Islam. Si les deux systèmes devaient s’affronter dans un conflit final en tant qu’ennemis mortels, ce serait le résultat logique de leurs absolutismes autant théocratiques que "bouddhocratriques".

Les visions « bouddhocratiques » modernes concernant l’ensemble de la planète et étant acceptées par le 14e Dalaï-lama reposent sur le tantra du Kalachakra. Voir à ce sujet le livre de Robert A. Thurmans « La Révolution par l’Intérieur – Les Doctrines du Bouddhisme ou le Bonheur Parfait » paru en 1999 dans lequel l’auteur développe la théorie de l’univers bouddha (buddhaversum). En 1979, Thurman, considéré par le Time-Magazine comme étant le “porte-parole du Dalaï-lama” aux USA, voyait dans un rêve le “prince de l’église” tibétaine en tant que “dieu du temps” trônant au sommet de l’hôtel Astoria Waldorf à New York pendant qu’“une légion de notables – de maire, de sénateurs, de chefs d’entreprises et de rois, de cheiks et de sultans, de célébrité et de stars” tourbillonnaient autour de lui entraînés par 722 divinités dansantes – du tantra du Kalachakra– comme un essaim d’abeilles dans un énorme rayon de miel.”

Dans les sphères secrètes des étapes supérieures de l’initiation, le tantra du Kalachakra exige une soumission inconditionnelle et illimitée à la volonté du gourou (dans ce cas, au Dalaï-lama comme maître suprême du Kalachakra). Le “moi conscient” et la personnalité de l’initié sont effacés progressivement afin de transformer celui-ci en un vase humain rempli en partie par des divinités guerrières et agressives tantriques et autres êtres de nature bouddhiste. Dans le tantra du Kalachakra, on ne trouve donc ni « l’ennoblissement », ni la « sublimation » ou « l’intégration » de l’individu mais plutôt sa « destruction » au profit d’un modèle religieux codifié.

Dans les huit dernières étapes secrètes de l’initiation au tantra du Kalachakra, l’initié doit être transporté au-delà de la conscience du bien et du mal à l’aide d’un entraînement mental et physique extrême. C’est pourquoi le texte original encourage des actes criminels et violents comme : tuer, mentir, voler, détruire des mariages, abuser de l’alcool, avoir des relations sexuelles avec des jeunes filles de classes inférieures. Comme dans tous les autres tantras, cela peut être interprété aussi bien symboliquement que littéralement. Même le 14e Dalaï-lama légitime le meurtre perpétré par un adepte du Kalachakra dans des circonstances précises contre “une personne qui porte préjudice à la doctrine bouddhiste” et qui se prépare à commettre des actes monstrueux et sinistres. Il demande, cependant, que ce meurtre se fasse avec “compassion” (Dalaï-lama – The Kalachakra Tantra – Rite of initiation – London, 1985, pp. 348ss.). Cette déclaration rompt avec l’interdiction absolue exprimée dans le bouddhisme originel.

Dans les plus hautes initiations magiques, on emploie des “substances” dites “malpropres”. Le tantra du Kalachakra recommande la dégustation de viandes de diverses sortes d’animaux tabous. Même la chair humaine (maha-mamsa) est employée comme substance pour le rite. D’après les commentaires traditionnels du Kalachakra venant du grand maître tantrique et roi du Shambhala, Pundarika, cette viande humaine provient habituellement de personnes « étant mortes au combat à cause de leur mauvais karma ou ayant été tuées suite à des fautes personnelles » et il ajoute que la prise de ces substances sous forme de pilules est recommandée. La chair d’innocents tombés en martyr, tués par crainte lors d’un culte des ancêtres, tués par envie (par l’appât du gain) ou pour un salaire est entachée d’un “indescriptible péché” et ne peut être utilisée pour le rite. “Mais si une partie tombe non intentionnellement dans l’aumônier, ce n’est pas un péché indescriptible” – et peut, par conséquent, être utilisée (In : John Ronald Newman – The outer wheel of time: Vajrayana buddhist cosmology in the Kalacakra Tantra – Madison 1987, 266 s.).

Le tantra du Kalachakra possède de nombreuses facettes à caractère morbide. Enormément d’objets utilisés lors des cérémonies rituelles proviennent de personnes décédées (comme des récipients fabriqués à partir de crânes humains, des trompettes en tibias, des chaînes en os). Déjà un coup d’œil sur la grande Thangka Kalachakra (tapisserie) qui sera suspendue durant toute la cérémonie au-dessus du trône du Dalaï-lama peut convaincre du caractère furieux de ce rite. Le dieu du temps “Kalachakra” et son épouse, la déesse du temps “Vishvamata”, s’unissent debout dans l’acte sexuel et tiennent dans leurs 32 mains un total de 24 objets de nature agressive, morbide et guerrière (épée, hachoir, tambour et récipients fabriqués à partir de crânes humains, une sorte de sceptre dont la pointe est garnie de trois têtes de mort, etc.).

Lors des étapes supérieures et secrètes de l’initiation au tantra du Kalachakra, des rites sexuels magiques ont lieu dont le but est de transformer la “sexualité” en puissance temporelle et spirituelle. Les femmes, réelles ou imaginaires (les deux sont possibles) représentent des formes d’énergies précises dans lesquelles l’âge joue un rôle prépondérant. Le rite commence avec des fillettes âgées de dix ans. Jusqu’à leur vingtième année, les partenaires sexuelles représentent des vertus positives. Au-delà, elles comptent comme porteuses d’énergies de colère, de haine, etc. et comme femmes-démons. Dans les étapes initiatiques 8 à 11 du tantra du Kalachakra, l’expérimentation se fait avec une “seule” femme. Pour les étapes 12 à 15 appelées le Ganachakra, dix femmes participent au rite aux côtés du maître. L’élève a le devoir d’offrir les femmes comme “présent” à son lama. Les “laïcs” se faisant initier doivent amener leurs parentes féminines (mère, sœur(s), épouse, fille(s), tante(s) etc.). “Si l’élève n’offre pas ses compagnes au maître dans le but de les protéger, le maître n’est pas autorisé à pratiquer le rite”(cf. Mûlatantra Kalachakra). En revanche, les moines ayant reçus la consécration ainsi que les novices peuvent utiliser des femmes de diverses castes qui ne sont pas leurs parentes. Dans le rite secret lui-même, les participants font des expériences avec les semences masculines et féminines (sperme et menstruation). Dans le tantra du Kalachakra, les femmes ne sont pour l’initié masculin que des donneuses d’énergies et leur rôle cesse à la fin du rite (cf. Nâropâ – Iniziazione Kâlacakra – Roma 1994).

Le tantra du Kalachakra a un caractère particulièrement agressif et destructif dans l’ère actuelle qui, d’après l’enseignement du lamaïsme, se précipite vers son naufrage apocalyptique (Kali-Yuga). Il contient des rites spéciaux destinés à accélérer la destruction du monde à l’aide d’actes symboliques et de certaines méditations. “Qu’est-ce que le Kalachakrayana (le ‘chemin du Kalachakra’) ? » demanda l’Indien Shashi Bhusan Dasgupta, l’un des meilleurs spécialistes tantriques ; Il répondit aussitôt à sa question par cette phrase en disant long : “Le mot Kala signifie ‘temps’, ‘mort’ et ‘destruction’. Kala-chakra signifie roue de la destruction.”

Voici seulement quelques-uns des problèmes soulevés par les critiques contre les tantras du kalachakra – et contre le mythe du Shambhala. Ils devraient suffire pour remettre en question le caractère humaniste, tolérant, serein, libre et œcuménique étant encore mis en relation avec ce rite. Un fait certain est que le mythe du Shambhala pour autant devenu significatif au niveau historique et idéologique a conduit à des comportements extrêmement agressifs, à des visions mégalomanes, à des théories de conspiration et à des actes de terrorisme. Mais surtout, ces textes exercent une fascination particulière sur les groupes néonazies qui n’ont pas manqué de les exploiter.  


Au début des années 20 pendant les guerres entre Russes blancs, bolchevistes et Mongoles, le mythe du Shambhala fut lié à l’image du réveil Dschinghis-Kahn. Dans ce conflit, les Mongoles se sont identifiés aux “guerriers du Shambhala”. Leurs actions militaires furent extrêmement sanglantes.

Julius Evola, le fasciste et philosophe italien de l’extrême droite, vis dans le royaume mythique du Shambhala le centre ésotérique d’une caste guerrière sacrée et crût y trouver le palais du roi du monde ayant la croix gammée comme marque d’autorité. Il tenait ce genre de discours devant le « SS-Ahnenerbe ».

Dans la littérature occulte des “mystères nazis”, certains “maîtres” du Shambhala sont présentés comme des acteurs travaillant dans l’ombre à la création “magique” du régime NS (national socialisme) (Trevor Ravenscroft, Louis Pauwels et Jacques Bergier).

Pour l’idéologie SS clandestine de l’après-guerre et dans le “mysticisme SS” des années 90, le royaume mythique du Shambhala sert de refuge à une “religion nazie” agressive et morbide (Wilhelm Landig, Jan van Helsing).

Le mythe du Shambhala constitue la pièce maîtresse de « l’hitlérisme ésotérique ». Il s’agit là d’une doctrine occulte, mondialement répandue, du diplomate chilien Miguel Serrano et de l’Indienne Savitri Devi (“prêtresse d’Hitler”).

Le lama tibétain Chögyum Trungpa (1940-1987) fonda en Occident grâce à son concept du combattant du Shambhala les bases d'un "bouddhisme guerrier" potentiel tel qu'il est connu dans de grandes zones de l'Asie de l'Est. Au lieu de vivre dans des monastères, les Shambhala Warriors de Trungpa vivent dans des camps militaires, ils ajoutent à leurs méditations des parades militaires, le bol du mendiant a été remplacé par une arme et la robe de moine par un uniforme militaire. Le maître lui-même ne se déplace plus dans le style bouddhiste, avec une robe monastique jaune et rouge, un bâton de promenade et des sandales, mais chevauche sur un cheval blanc (en accord avec la prophétie apocalyptique du Tantra de Kalachakra) avec un bonnet pointu, une tunique et de hautes bottes. Le blason de Shambhala peut être vu sur la selle du cheval avec une photo du Trungpa martial.

Le mythe du Shambhala constitua la base idéologique et terroriste du gourou japonais de la fin des temps Shoko Asahara. Ses visions apocalyptiques s’inspirèrent des enseignements du tantra du Kalachakra. Il envisagea d’accélérer les événements de l’avènement de la guerre du Shambhala et justifia de ce fait son attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo. Asahara fut le premier chef de secte a dirigé ses meurtres contre des personnes étrangères à son organisation et ouvra ainsi la voie au terrorisme religieux international qui est devenu aujourd’hui le thème numéro un de toute la communauté mondiale.


Même si ces actes fascistes et terroristes sont issus d’interprétations erronées du mythe du Shambhala, cela devrait être du devoir du 14e Dalaï-lama et de ses adeptes de rendre public le rite du Kalachakra dans tous ces détails, de corriger les déformations, les projections, les abus du rite et de se distancer ouvertement des contenus posant problème ou même de les supprimer des textes traditionnels. Au lieu de cela, on a pu observer dans le passé plusieurs rencontres amicales entre le “prince de l’église” tibétaine et d’anciens SS (Heinrich Harrer, Bruno Beger), avec le fondateur de “l’hitlérisme ésotérique”, Miguel Serrano, ainsi qu’avec le terroriste Shoko Asahara que le Dalaï-lama a d’ailleurs, même après l’attentat de Tokyo, qualifié « d’ami, quoique imparfait ». Ce n’est que plus tard qu’il prendra ses distances par rapport à lui.

En effet, au travers du charisme du Dalaï-lama, de ses démarches, de ses discours et de ses écrits, apparemment politico-humanistes, s’opère une gigantesque importation de la culture orientale en occident, le tout accepté sans réflexion approfondie. Dans cette idéologie, on peut voir des courants ayant servi de base à des fondamentalistes de divers camps et pouvant encore servir comme tel dans le futur. Le leader bouddhiste interpelle l’homme dans son profond besoin d’harmonie et de paix. Cependant la propre histoire du lamaïsme, le contenu des tantras et la nature des rituels ainsi que les conditions parmi les Tibétains en exil sont tout sauf paisibles et harmonieux. Dans le tantra du Kalachakra, certains passages appellent ouvertement à “la guerre de religion” et ont un caractère intolérant et agressif. Le bouddhisme tibétain est un système religieux archaïque reposant sur la magie et que les occidentaux n’ont pas encore commencé à sonder, ni à expliquer. C’est aussi la raison pour laquelle les mouvements d’extrême droite le trouvent tellement attrayant. Des siècles durant, le système lamaïste a conduit à une injustice sociale que tout citoyen attaché à la liberté est en devoir de rejeter. L’égalité des sexes, la volonté de démocratie et la rencontre œcuménique sont des notions étrangères au bouddhisme tantrique, même si, en apparence, le 14e Dalaï-lama propage les idées contraires.

Comme réaction aux événements du 11 septembre 2001, le journal ‘Der Spiegel’ a dénoncé dans un article intitulé “Le fanatisme religieux : le retour au Moyen-Âge » le contenu agressif et le courant fondamentaliste des trois religions monothéistes. Comme si souvent lors de critiques culturelles, la religion bouddhiste est restée épargnée, à tort étant donné que tous les thèmes critiqués dans l’article (la lutte contre les incroyants et les dissidents, les guerres de religion, le délire des armes, la vision de puissance théocratique, les prévisions apocalyptiques, l’antiféminisme, etc.) se retrouvent dans le tantra du Kalachakra avec une force beaucoup plus puissante.

Le Forum Critique du Kalachakra (FCK) réclame un grand débat culturel sur le tantra du Kalachakra et sur le mythe du Shambhala. Le FCK rassemble des informations, distribue des documents, réalise des traductions.




Friday, March 22, 2024

Prenez garde aux dieux de proie



"Je voudrais vous parler maintenant des dieux de proie ; tant que l’entité construite sur les plans mentaux appartient à un certain ordre de la manifestation, tant qu’il s’agit de certaines classes d’anges ou de déva, le danger est limité car le pouvoir angélique n’est pas habituellement tout-puissant et il est possible d’échapper au pouvoir fascinant du dieu, surtout dans les périodes cycliques des renouvellements. Mais la pensée humaine n’est pas seule à construire des dieux ; le monde subtil est immense, son étendue et sa pénétration sont d’ordre cosmique ; des êtres venus de lointains univers interviennent sur notre terre car la plasticité de la substance subtile est totale

Des formes extrêmement puissantes, libres, étranges, mouvantes vont et viennent dans cet univers très proche du nôtre mais où les lois du temps et de l’espace sont différentes. Ce sont les " influences errantes " de la Tradition extrême-orientale ; elles sont souvent d’une beauté indicible, mais la gloire et la splendeur n’implique pas nécessairement la valeur morale ; songez aux sectes étranges qui surgissent un peu partout à travers le monde, créées par des illuminés, sadiques ou masochistes, qui provoques une asthénie pathologique chez leurs disciples et, par hypnose, permettent les contacts avec les plans subtiles où règnent ces forces asuriques ténébreuses."

Jean Marquès-Rivère, "Lettres de Bénarès".


Jean Marquès-Rivière étudiait le Tantra tibétain de Kalachakra. Il réalisa "Forces occultes", un film antimaçonnique de 1943. Le bilan des persécutions fut lourd, on parle de six mille francs-maçons arrêtés dont mille furent déportés. A la libération, Marquès-Rivière sera condamné à mort par contumace.

Le thème des dieux de proie se retrouve dans un recueil de nouvelles d'Alain Daniélou, "Le bétail des dieux", il est question d'humains  vampirisés par des entités invisibles. "Les personnages représentés dans ces histoires sont réels", précise le célèbre orientaliste.

Toujours à titre anecdotique, un vieux lama tibétain, un érudit du nom de Tenzin Namdak, met en garde ses disciples : "Il existe des gardiens mondains extrêmement dangereux. Si l'on fait leurs rituels et si on les a vénéré pendant trop longtemps, après la mort, ils vont vous garder comme esclaves, sans arrêt, à faire toutes les bases besognes, et sans rétribution !"


Tuesday, March 15, 2016

LES CONTES DE FÉES DU TIBET




par Joël Labruyère
Revue UNDERCOVER #6 - mars 2003



INTRODUCTION 
Les Quatre Nobles Vérités



Après six ans d'efforts intenses, le Bouddha réalisa les Quatre Nobles Vérités. Ce sont des réalités universelles qui valent pour tous les êtres

I - La Noble Vérité de la souffrance
2 - l'origine de la souffrance;
3 - La cessation de la souffrance;
4 - le chemin conduisant à la cessation de la souffrance.
Le bouddhisme originel est contenu dans la réalisation effective de ces quatre vérités.

Le Bouddha est considéré comme le médecin sans égal, capable de diagnostiquer exactement la maladie de chaque être. C'est à la manière d'un médecin qu'il enseigne les Quatre Nobles Vérités. II établit d'abord que le monde est fondé sur la souffrance, que la souffrance est un phénomène universel qu'il faut s'efforcer de comprendre. Puis il diagnostiqua la cause de la maladie: l'origine de la souffrance est la " soif ", le désir. Ensuite, le Bouddha décrivit la guérison de la maladie, qui est le Nirvana. Enfin, il prescrivit le remède, qui est le Noble Sentier Octuple.


Le Noble Sentier Octuple


Le Noble Octuple Sentier du Bouddha est l'équivalent des 8 règles du Sermon sur la Montagne. C'est " La vue juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, les moyens d'existence justes, l'effort juste, l'attention juste, la concentration juste. Ce Noble Octuple Sentier procure l'éveil et le Nirvana. "

Le bouddhisme tente de montrer que la naissance est la cause de la souffrance. La délivrance est donc la fin totale de tout le processus des vies successives. On peut donc dire que le summum bonum du Bouddhisme est le Nirvana. Cet arrêt définitif de la continuation de devenir est signifié par de nombreux termes positifs: liberté, immortalité, bonheur ultime... Philosophiquement il est indiqué par des termes négatifs: non-né, non-devenu, inconditionné, noncomposé, etc. Ce chemin est "pessimiste" pour celui qui n'en voit pas l'aboutissement ultime et qui n'a pas encore goûté à la désillusion du monde.


La vérité du Bouddhisme



La vérité du Bouddhisme se résume en ce constat déconcertant: IL N'Y A PAS D'EGO. l'égo est une illusion. Cette doctrine du non-moi - anatta - consiste à répudier tout ce qui constitue ou renforce le soi empirique. Cela a valu au Bouddhisme la réputation d'être une croyance " pessimiste ".

Il est exact que ce monde, c'est-à-dire tout ce qui est conditionné et impermanent est considéré comme quelque chose de tout à fait mauvais, tout à fait pénétré de souffrance, digne d'être totalement rejeté, abandonné, au profit d'un but unique: le Nirvana.

Il est plutôt déconcertant de voir que la mélancolie pessimiste qu'on lit dans la doctrine bouddhique "d'universelle douleur" puisse se refléter dans une attitude heureuse parmi ses adeptes. Ce monde peut bien être une vallée de larmes, mais il y a de la joie à en déposer le fardeau. Mais s'il y a un royaume de Dieu à gagner en renonçant au monde, le gain dépasse infiniment la perte. Regardons ce soi-disant "pessimisme " en face.

L'attitude des penseurs bouddhiques envers le monde se relie visiblement au problème de la signification de la vie et de la destinée de l'homme; quelle que soit la difficulté de ce problème, il nous faut arriver à une solution à ce sujet parce que tout le bonheur, la fécondité de notre vie dépendent de la réponse. Les opinions sur la nature et la destinée de l'homme, la signification de l'existence humaine se rangent, en gros, en deux catégories: suivant le plus grand nombre. L'homme est un produit de la terre. La Terre est son chez-soi. Son devoir est de se sentir chez lui sur cette terre. La loi suprême, voire le devoir suprême de l'homme, est de travailler continuellement à son autoconservation. C'est ce que la société impose par sa culture, sa religion et sa science. Il faut croire dans le monde et ne pas chercher à en sortir.

Au contraire, d'autres moins nombreux estiment que l'homme est une âme déchue du ciel, un étranger sur cette terre. Sa tâche est alors de regagner l'état de perfection qui était le sien avant qu'il tombât dans ce monde.

Dans ce cas, la négation du - l'égo - est la loi suprême, le devoir suprême de l'homme.

Notre civilisation moderne favorise le premier point de vue - l'attachement au monde - tandis que le Bouddhisme préconise le second - le détachement.

Le point de vue bouddhiste ne plaira qu'aux gens qui sont entièrement désillusionnés du monde tel qu'il est et d'eux-mêmes: à ceux qui sont extrêmement sensibles à la peine, à la souffrance des espèces vivantes et au désordre, ayant un désir immense de bonheur, une capacité considérable de renoncement. Aucun vrai bouddhiste ne suppose que tous les hommes soient capables de comprendre sa doctrine.

Le bouddhiste recherche un bonheur total au-delà de ce monde. Pourquoi serait-il si ambitieux ? Pourquoi se contenterait-il d'acquérir le bonheur limité que nous pouvons tirer de ce monde ? La réponse est que dans la pratique, les gens attachés au bonheur terrestre n'ont pas l'air si heureux qu'ils le disent Un peur secrète les ronge. II existe au coeur de notre être une angoisse fondamentale, une petite cavité vide d'où mutes les autres formes d'angoisse et d'anxiété tirent leur force. Cette angoisse essentielle n'est éprouvée que par les personnes qui ont un caractère introverti et porté à la philosophie, et elles-mêmes ne l'éprouvent que rarement. Si on ne l'a pas ressentie soi-même, aucune explication n'en convaincra.

Si on l'a ressentie, on ne l'oubliera jamais, quelque effort que l'on fasse. Cela peut survenir quand vous Êtes endormi, retiré du monde: vous vous réveillez au milieu de la nuit et sentez une manière d'étonnement à être là, qui livre passage à une crainte, à une horreur du simple fait d'exister. C'est alors que vous heurtez, juste un moment au mur d'une sorte de néant qui vous entoure, avec un sentiment torturant de votre impuissance, de votre désarroi total en face de ce fait étonnant que vous existez. Comment se fait-il qu'existe la moindre chose ? Mystère. D'ordinaire nous évitons cette épreuve autant qu'il est en notre pouvoir, parce qu'elle est épuisante et douloureuse. D'ordinaire, on veille avec soin à ne pas rester seul avec soi -même. Les gens qui sont occupés tout le temps, qui ont à penser toujours à quelque chose se détournent sans cesse de cette épreuve de l'angoisse essentielle, originelle.

Ce que nous faisons d'ordinaire est de prendre appui sur quelque chose d'autre que ce centre vide de nous-même. Nous inventons des fantasmagories spirituelles.

L'opinion bouddhique est que nous ne serons jamais heureux avant d'avoir triomphé de cette angoisse fondamentale et que nous n'y arriverons qu'en ne prenant appui sur quoi que ce soit la plupart d'entre nous sont enclins par nature à vivre dans un paradis illusoire, à regarder le côté heureux de la vie et à en minimiser les aspects déplaisants: rester fixés sur la souffrance équivaut normalement à contrarier nos tendances; d'ordinaire, nous recouvrons la souffrance par toutes sortes de " rideaux affectifs ". La vie serait insupportable à la plupart d'entre nous si nous pouvions la voir telle qu'elle est si notre perspective mentale mettait en lumière ses traits répugnants au même degré que ses traits agréables. Nous aimons écarter de notre vue les faits malheureux. Cela s'illustre dans l'usage largement répandu des " euphémismes ". qui n'est autre que le souci d'éviter les mots qui évoquent des associations désagréables. Une expression vague, une circonlocution cachent un fait désagréable, un tabou. Une pratique commune est de fermer les yeux à des faits dérangeants, de passer outre, de sous-estimer leur importance ou de les embellir.

On ne peut montrer en détail comment cette fuite hors d'une réalité qui déplaît est causée en partie par un amour de soi fait de narcissisme, et principalement par la peur, jointe au désir de protéger notre personnalité de concepts qui en menacent l'intégrité. Les gens, dans leur écrasante majorité, ne peuvent vivre joyeusement sans adopter une sorte d'attitude d'autruche quant à l'existence. C'est en ce sens qu'il leur sera pénible d'admettre la première vérité du Bouddhisme - l'existence est souffrance. Pour la comprendre, il faut faire violence à nos habitudes mentales, le Bouddha a posé comme principe que toute chose en ce monde est liée à la souffrance. II est impossible d'Être en contact avec le corps matériel, les sentiments, les perceptions, les impulsions. les actes de conscience, sans être entraînés dans la souffrance.

L'universalité de la souffrance ne se présente pas au premier abord comme un fait évident Nous nous accrochons avec ténacité à la croyance qu'on peut trouver du bonheur en ce monde. Seul le saint accompli, l'Arhat - le libéré - peut comprendre pleinement la première Noble Vérité du Bouddhisme. Comme l'a dit le Bouddha: " II est plus difficile encore de transpercer avec une flèche la pointe d'un cheveu que de pénétrer le fait que tout ce qui existe est mauvais. "

En fait: l'intuition de l'universalité de la souffrance se propage peu à peu avec notre croissance spirituelle. Il y a beaucoup de souffrance évidente dans le monde : mais une grande partie en est cachée et seul le sage est en état de la percevoir. La politique mondiale permet de masquer la réalité des choses et il n'est pas bien vu de lever le voile.

Le Bouddhisme originel a pour but de révéler la réalité de l'existence afin de créer une dynamique de libération. Les moyens à mettre en oeuvre sont simples: arracher à la racine la cause de l'attachement le premier obstacle à identifier est le mécanisme pervers du circuit de notre pensée. Car c'est par nos pensées que nous enclenchons les actes et leurs conséquences. Nous sommes esclaves du mental qui a pour but de perpétuer l'illusion de l'existence d'un égo permanent. Il faut remonter à l'origine des pulsions mentales par une méditation constante qui procure la " vision pénétrante ".

Derrière cette démarche de clarification radicale, nombres d'écoles pseudo-bouddhistes recréent des systèmes magico-rituels qui ont pour but d'entretenir les gens dans une narcose spirituelle confortable.

On parle alors de la " voie du Boddhisatva ", c'est-à-dire d'une évolution progressive et de " service au monde ". Or, du point de vue bouddhiste, le meilleur service à rendre à l'humanité, c'est de se libérer soi-même avant de prétendre aider les autres. Mais c'est là une démarche beaucoup plus pénible. C'est pourquoi la plupart des courants spirituels proposent une culture de l'égo, selon l'idée que peu à peu on s'améliore jusqu'à une perfection finale. C'est un discours qui convient aux Êtres humains qui veulent continuer à entretenir leurs attachements tout en rêvant qu'ils s'en libèrent C'est ainsi que sont nés les Contes de fée du Tibet et leurs dérives occultistes et new age. II s'agit d'une inversion du Bouddhisme.
Mesdames et Messieurs. au risque de déplaire, Undercover vous présente : "Les Contes de Fée du Tibet!"


Les Contes de Fée du Tibet


Depuis un demi-siècle, le peuple tibétain gémit sous la patte de l'ogre chinois, mais sait-on que derrière les apparences, les gouvernements chinois et tibétain jouent un vaudeville dont une loge secrète a réglé la mise en scène ? A travers les révélations qui suivent, notre idéalisme en prend un coup. Est-ce le coup de grâce qui achève au bien qui réveille de la torpeur des contes de fée du Tibet ?

Le Tibet mythique est un lieu saint de la culture profane moderne. Ce peuple et ses croyances sont devenus la bonne conscience de notre civilisation matérialiste qui a anéanti ses propres traditions. Depuis l'exil du 14e dalaï lama, le Tibet fait figure d'île vierge qui n'aurait jamais été contaminée par le péché originel, comme si le bouddhisme tibétain était à jamais enveloppé dans les neiges éternelles de la pureté morale et politique.


Pour découvrir ce qu'est le Tibet et le Lamaïsme en se risquant au-delà des "aventures d'une parisienne à Lhassa " ou de "Tintin chez le Yéti", ni se laisser impressionner par les prosternations d'intellectuels convertis, nous avons interrogé un tibétain de vieille souche. Un oriental qui accepte de se défaire un moment de son sourire immuable pour parler sincèrement de choses interdites, voilà qui est assez rare pour Être consigné. Monsieur BHODYOUL compte parmi ses ancêtres des bouddhistes de la confrérie des Lohans aussi bien que des lamas Karmapa à bonnets rouges et des Gelugpa du lamaisme officiel (bonnets jaunes). II n'est donc pas sectaire. Fin lettré et esprit libre. il connait l'histoire et les chinoiseries de la politique asiatique. Mais le fait le plus précieux c'est qu'il a des connaissances très précises sur la magie tibétaine sans laquelle les rêves du Tibet n'ensorcelleraient pas l'Occident.

UNDERCOVER : Monsieur Bhodyoul, vous Êtes un tibétain de naissance qui a pris la nationalité d'un pays d'Europe dans lequel vous avez effectué une carrière commerciale jusqu'à l'âge de la retraite vers les années 90. Vous avez quitté le Tibet à l'âge de 14 ans avec vos parents et votre sœur qui vit en Amérique. Je n'en dirai pas plus sur vos origines par raison de sécurité, car il y a tout lieu de croire qu'un tibétain trop bavard, ce n'est pas bien vu.

L'image que nous avons de vos compatriotes, c'est celle de doctes lamas occupés au salut des âmes et plus prosaïquement de questions immobilières. Quand aux tibétains laïcs, on nous les présente comme un peuple débonnaire, toujours joyeux et heureux de son sort malgré la cruelle répression de la Chine.
Autrefois, notre intelligentsia ne tolérait pas de critique sur Staline pour ne pas " désespérer Billancourt "; aujourd'hui les intellectuels athées ne tarissent plus d'éloges sur le Tibet et son chef théocratique, intronisé ambassadeur de la paix et de la sagesse. Or, à vous croire, tout cela est du cinéma. Pire, c'est un danger, une véritable calamité !

Vous vous présentez donc comme un apostat du lamaïsme, un esprit libre qui ne se reconnaît pas dans le portrait de l'exilé martyr qu'on a dressé de vos compatriotes de la diaspora. Selon vous, cet exil a permis de finaliser une stratégie de conquête commencée il y a des siècles. Soyons clair, nous parlons d'une conquête occulte que vous dénoncez comme étant organisée par une fraternité qui agit à l'arrière-plan du Lamaïsme.

Vous nous avez contacté sans décliner votre nationalité, hormis votre accent indéfinissable qui pourrait aussi bien être allemand, anglais ou même hollandais. Votre français est excellent, mais vous n'êtes pas de nationalité française. Vous pourriez être un agent de la Chine ou d'un clan opposé aux Gelugpas qui sont à la tête du gouvernement tibétain en exil. Il y a de bonnes raisons pour prendre vos révélations au sérieux, car elles croisent d'autres sources fiables. Ces révélations font exploser la politique des sociétés secrètes et des religions officielles qui leur servent de paravent. Ici se révèlent les plus hauts intérêts des loges qui tirent les ficelles dans l'ombre. Avez-vous une précision à apporter à ces présentations sommaires ?

BHODYOUL : Un asiatique exilé est rarement bavard lorsqu'il s'agit de faits où les chinois et le gouvernement tibétain en exil sont impliqués. S'il n'y avait que moi, ce ne serait pas grave; mais il ne faut pas qu'on identifie ma famille. En donnant le moindre détail sur mes origines, le statut de ma famille et ce que faisait mon père ou mes ancêtres, je crois que les agents chinois et tibétains, pour ne pas citer la CIA, sauraient me retrouver. Je dirai simplement que je suis originaire de la région de Gyantsé, à environ cent kilomètres au nord du Bhoutan. Sans trop me risquer, j'ajouterai que mes ancêtres sont venus du Cachemire, comme nombre de bouddhistes indiens qui fuyaient la répression des brahmanes. Ils étaient reliés à la tradition des anciens arhats. La plupart se sont fondus vers la Chine et le Gobi. II ne demeura que les légendes sur les Lohans - " ceux qui chantent de douce manière "- auxquels les lamaïstes ont emprunté leur science des mantras mais pour un usage inverse, satanique, comme vous dites en occident. Donc je suis bouddhiste, mais de la lignée de la " Bonne Loi " des Arhats de Pou-To.

Un arhat est un " délivré ". C'est ainsi qu'on nommait les disciples de Bouddha qui étaient entrés dans la Libération. En Chinois arhat se dit Lohan, d'où ce nom donné aux confréries ayant fui l'Inde vers le nord. Cet exode commença vers le premier siècle avant J-C. et continue jusqu'au 14e siècle. Puis, le Lamaïsme qu'on appelle Bouddhisme Tibétain, a tout submergé en nous imposant un état théocratique dont la théologie n'est plus bouddhique dans la sens originel. Nous verrons pourquoi.

Parfaitement détachés, les lohans avaient fait le vœu de ne pas résister à leurs ennemis. Ils étaient supposés détenir la véritable science spirituelle qui libère l'âme de l'attachement au monde de l'illusion, alors que la science du lamaïsme a un tout autre usage. Elle renforce les illusions.

UNDERCOVER : Les agents secrets tibétains ?

M. BHODYOUL: Qu'ils soient tibétains, russes, anglais ou américains, peu importe. La politique de la Chine intéresse beaucoup de monde, et ce ne sont pas leurs vieux amis anglais qui me démentiront. Les anglais ne sont jamais loin.

Les médias présentent mes compatriotes comme de purs esprits occupés de métaphysique; mais, bien au contraire, c'est un peuple de fiers guerriers dont l'histoire n'est faite que de luttes entre clans opposés. Les princes des clans et les abbés des monastères se sont toujours fait la guerre pour la suprématie; l'un appelant la Chine à raide et l'autre utilisant les mongols, si bien que nos voisins ont toujours pensé qu'ils étaient chez eux au Tibet. Après tout, lorsque la Chine communiste est arrivée en 1949, elle se sentait dans son bon droit puisque qu'officiellement, le Tibet est un protectorat chinois. Les anglais aussi nous ont envahi en 1994, et la Russie aurait pu très bien se sentir chez elle car certaines républiques socialistes étaient de confession Lamaïste, comme la Mongolie qui redresse la tête.

Le titre de Dalaï-Lama existe seulement depuis la fin du 16e siècle. C'est le descendant de Gengis Khan, Altan Khan, qui le décerna à Gyamtso dont le nom signifie " océan ", ce qui se dit Dalaï en langue mongole. C'est donc un titre honorifique mongol si vous voyez ce que je veux dire...

UNDERCOVER : Le premier Dalaï Lama fut nommé par les mongols pour bons et loyaux services ?

M.BNODYOUL: Oui, car en ce temps là les Gelugpas - les bonnets jaunes - étaient divisés en deux clans ennemis, également en guerre avec les Karmapas et d'autres factions. C'est vraiment trop compliqué à expliquer car, en Asie, les alliances se font, se défont et se ressoudent continuellement. Sünam Gyamtso, qui était Abbé du monastère de Depung et chef des Gelugpa, appela les mongols à la rescousse. Le titre de Dalaï Lama est par conséquent une récompense de guerre. C'est comme si Napoléon avait été couronné par les anglais ! Je ne sais pas si vous saisissez ? C'est difficile à suivre. Sachez quand même qu'avant son exil, l'actuel Dalaï Lama rencontrait le fin diplomate Chou-En-lai lors de visites à New-Delhi.
De son côté, le Panchen lama, le chef du pouvoir réel du Tibet, s'est toujours montré favorable aux chinois. II y a des liens occultes indestructibles.

UNDERCOVER : On comprend mieux pourquoi les chinois prétendent que le Tibet a toujours été une province de leur empire. La révolution communiste a seulement créé un fossé idéologique. Il y aurait un intérêt commun, au delà des régimes et des croyances religieuses.

Pour preuve. on est surpris de voir combien les chinois communistes et athées tiennent à leur incarnation de l'enfant Panchen Lama ! Ils prétendent détenir les preuves occultes de l'incarnation légitime d'un tulkou-fantôme, voilà qui est étrange pour des athées endurcis...

M.BHODYOUL : La division idéologique n'est que de façade bien entendu. Lorsqu'ils sont entrés au Tibet en 1949, les chinois respectaient la religion jusqu'au moment de la révolte des guerriers Khampa qui s'étaient autrefois opposés à la Chine. Était-ce une provocation des chinois ou un prétexte pour déclencher l'exil du Dalaï Lama ? J'ai mon idée à ce sujet.
Le Dalaï Lama quitte le pays accompagné de sa suite d'une centaine de personnes. C'est un point inexplicable car on ne sait pas comment un groupe aussi important a pu échapper à la vigilance de l'armée chinoise qui gardait étroitement le Potala, les extérieurs de Lhassa et qui veillait sur la frontière de l'Inde. A cette époque, il n'était pas difficile de boucler hermétiquement la modeste ville de Lhassa et les routes vers l'lnde étaient bien gardées. Un souverain qui prend la fuite incognito avec sa suite, ses serviteurs et ses bagages à travers des centaines de kilomètres de montagnes, en échappant aux instruments, aux avions et aux indicateurs d'une armée moderne, cela ne s'est jamais vu.

UNDERCOVER : Cela devient très intéressant. Voulez-vous dire que le Dalaï Lama se serait enfui avec la complicité des chinois dans un but politique précis ?

BHODYOUL : Ce n'est pas à un vieil asiatique qu'on fera croire qu'un convoi hautement repérable, conduit par un chef de gouvernement sous haute surveillance, s'est évanoui de nuit dans l'Himalaya pour reparaître mystérieusement dans un palace de New Delhi, sachant que l'Inde n'avait aucune raison d'irriter la Chine rouge. Et pendant ce temps, le Panchen lama - qui est le vrai chef du Tibet - serait resté tranquillement au Tibet. Pourquoi n'a t-il fui, lui que les Tibétains reconnaissent comme leur chef spirituel ?

Cela signifie qu'il n'y a pas de nation tibétaine en exil puisque l'autorité réelle est restée sur place aux commandes du pays, lequel est toujours un protectorat de la Chine selon un accord reconnu par les grandes nations.


UNDERCOVER : C'est un point de vue auquel on ne nous pas habitué. Parlons du mystérieux Panchen Lama, le " Pape noir " du lamaïsme. II est pratiquement inconnu, et le Dalaï Lama dont raffolent les médias a l'air d'un joli papillon qui voltige de ci de là en lançant des œillades et de charmants "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil !"

Selon vous, il usurpe, puisqu'il n'a jamais représenté le pouvoir réel du Tibet ? On voit que les américains lui font endosser le rôle d'ambassadeur de la paix pour servir la propagande du nouvel ordre mondial dont il est le chantre.

BHUOYOUL : Ce ne sont pas seulement les américains qui le manipulent, mais ses maîtres secrets de Shigatsé. Nous y reviendrons au sujet de la "grande loge orientale".

Le titre de Panchen Lama date du début du 17e siècle. II fut accordé à l'abbé de Tashilhunpo qui devint la véritable autorité spirituelle du Tibet.

Le Dalaï Lama et le Panchen Lama sont reconnus comme deux " incarnations " respectivement d'Avalokitesvara et d'Amitabha, qui sont - pour simplifier - deux hypostases du panthéon tibétain.

Ces deux " esprits " se réincarnent continuellement et vous connaissez les moyens déployés pour les reconnaître lorsqu'ils sont enfants. L'on a retrouvé le bol de l'un et les bottes de l'autre. Le visage du cadavre de l'un s'est tourné en direction du village où il allait renaître, etc...Tout cela paraît charmant aux occidentaux qui s'émerveillent devant ces faits miraculeux. Ce système de réincarnation en vase clos qu'on appelle " tulkou ", permet de concentrer un énorme pouvoir et d'entretenir le système sans interruption. Je vais vous en donner la raison.

UNDERCOVER : En effet si les mêmes esprits retrouvent leur fonction antérieure, ils doivent disposer d'une maîtrise inouie. Ils sont comme des rois qui régneraient au-dessus du temps. Pourtant on ne voit aucune évolution, aucun but autre que magique, puisque cette société était figée autour de ses rites immuables depuis le moyen-âge.

BHODYOUL : Elle n'est figée que de l'extérieur, car en réalité, il y a une intense activité au cour du système Lamaïste. Il y a de puissants penseurs derrière cette façade, et ces cerveaux ont lancé des idées que les occidentaux croient avoir inventées. Entrons dans le vif du sujet.

Le Bouddhisme Tibétain dispose d'une panoplie de pratiques magico-rituelles vraiment exceptionnelle, puisqu'il a recueilli les systèmes magiques des yogis tantriques, les connaissances métaphysiques et médicales des hindous autant que les techniques chamaniques archaïques. Tout cela est enveloppé dans une théologie bouddhique qui est une synthèse entre les courants indiens et chinois.

UNDERCOVER : II y a eu la réforme de Tsongkhapa dont est issue la tradition Gelugpa représentée par le Dataï Lama ?

BHODYOUL : Cette grande réforme du début du 15e siècle a fait du Lamaïsme une religion organisée et centralisée à la manière du Vatican. Le Dalaï lama en est devenu le chef administratif alors que le Panchen Lama est le chef spirituel à l'arrière-plan. J'essaie de simplifier, et cela paraîtra réducteur aux orientalistes, mais qu'importe car ce que je vais raconter leur est complètement inconnu.


UNDERCOVER : On est frappé de certaine similitudes entre le Catholicisme romain et le Bouddhisme Tibétain, tant au plan de l'organisation que du décorum ritualiste, des pratiques dévotionnelles, de la vie monastique et de la hiérarchie sacerdotale avec ses voeux. On dit que ces deux formes de religions sont des résurgences atlantéennes. Y a-t-il eu influence de Rome sur le Tibet ou vice-versa ?
BHODYOUL : Objectivement on sait que des missionnaires catholiques sont entrés au Tibet dès le 14e siècle, et qu'ils y ont été bien accueillis. Ce qui n'est pas anodin.
UNDERCOVER : Au 14e siècle ! On nous a raconté que le Tibet avait toujours été fermé aux étrangers et spécialement aux missionnaires ! II est incroyable que des religieux catholiques aient déjà été présents au Tibet à l'époque où débuta la lignée des Dalaï Lamas...

M.BHODYOUL: Tout ce qui touche le Tibet est désinformé. Les premiers missionnaires du 14e siècle étaient des franciscains, bien avant que ne débarquent les Jésuites qui n'existaient pas à cette date là, évidemment. En ce qui concerne les Capucins, il y a des légendes au sujet de leur goût pour certaines formes de dévotion déviées en sexualité dépravée.

Les jésuites sont, quant à eux, des occultistes qui ont toujours essayé de récupérer les pratiques magiques des cultures qu'ils ont infiltrées. On ne connaît pas les détails de la présence jésuite au Tibet, mais il est prouvé historiquement que le Père Antonio d'Andrade fut reçu en 1624 et qu'il y séjourna plusieurs années, suivi d'autres jésuites portugais - les pères Cabral et Cacella - qui séjourneront à Shigatsé aux alentours de 1626-1630, sous la protection des princes du Tang. Des jésuites protégés des princes Tibétains ont habité à Shigatsé, le sanctuaire de la " grande loge blanche " ! Nous en avons la preuve.

UNDERCOVER : Voilà qui commence à devenir excitant. Si les jésuites étaient au Tibet au tout début de la lignée du Panchen Lama qu'on considère comme le " Pape secret des tibétains", on peut supposer qu'ils ont peut-être influé sur une organisation dont le chef ressemble étrangement au Général de la Compagnie de Jésus. N'oubliez pas l'aspect martial dans tout cela. Ce sont des ordres religieux structurés comme une armée prête au combat.
On dit que le Pape du Vatican est le " pape blanc " par opposition au " pape noir ", le Général des jésuites. De plus, ces jésuites s'installèrent à Shigatsé, la ville ésotérique par excellence, la résidence des chefs occultes du Tibet que la Théosophie a appelé les " maîtres de sagesse de la grande loge blanche ". Y a-t-il y une relation entre les Jésuites et la fameuse " grande loge du Tibet " ?


BHODYOUL : Vous avez mis dans le mille. Je vous félicite car peu de chercheurs sont aussi perspicaces. Je ne connais qu'un ou deux ésotéristes qui ont connaissance de ces faits et qui savent les interpréter comme il se doit. Mes recherches m'ont montré que la fondatrice de la Théosophie, Héléna Blavatsky, qui révéla au monde l'existence de la confrérie secrète du Tibet, n'a pas eu connaissance de la présence des jésuites à une date si ancienne, c'est à dire quasiment lors de la naissance du Lamaïsme moderne. Elle semble ignorer, à moins qu'elle ne le dissimule, que des missionnaires italiens ont été acceptés dans des lamasseries comme étudiants en théologie, et qu'ils rédigèrent des dictionnaires et des traités en tibétain. Les universitaires occidentaux rédigent leurs thèses à partir d'authentiques traités de Bouddhisme Tibétain écrits par des jésuites ! Vous me suivez ?
En tout cas, Blavatsky, malgré ses œillères de médium. a parfois des éclairs de lucidité. Mais elle est si fanatiquement attachée à la " loge orientale " qu'elle fait l'impasse sur la présence de jésuites à Shigatsé, la ville sacrée de ses initiateurs occultes. Ce serait pour elle un blasphème que d'oser soulever le voile qu'elle prétend avoir déchiré dans son livre " Isis dévoilé ". Mais Isis n'est pas dévoilée. Je vais vous dire un secret sur le sort de la dame russe qui a fondé la Théosophie. Elle fut emprisonnée magiquement par une fraternité maçonnique occidentale car elle refusait de se plier à leurs conditions. Elle n'en fut délivrée que par la loge orientale qui la plaça de ce fait sous une camisole occulte encore plus étouffante. C'est le sort des médiums de haut niveau. Dans ces conditions, lorsqu'elle dénonça sévèrement l'emprise des jésuites d'Occident, Héléna Blavatsky oublia qu'elle était devenue la dupe des Lamas-jésuites de l'Orient. Nul ne peut échapper au venin, après avoir osé s'approcher du nid de serpents de la " loge planétaire ". Mais, quoi qu'il en soit, je suis reconnaissant à Blavatsky de nous avoir mis sur la piste de la loge orientale car mes compatriotes tibétains sont loin d'imaginer ce qui se cache derrière leurs révérés lamas. Le fait historique que des jésuites ont infiltré le Lamaïsme est d'une immense importance pour comprendre la politique du nouvel ordre mondial et les accords secrets entre la grande loge orientale, le Vatican et les sociétés secrètes occidentales.


UNDERCOVER : C'est extrèmement troublant lorsqu'on sait que l'ordre interne des jésuites poursuit un plan de conquête mondiale sous couvert de religion. On peut en déduire que leur plan passe par le Tibet et que d'une façon qui nous échappe, les Tibétains collaborent avec les jésuites en vue d'établir une théocratie mondiale qui prendrait la forme d'une religion œcuménique.


BHODYOUL : Laissez-moi vous en raconter un peu plus. Un jésuite des années 1630 qui devenait étudiant dans une lamasserie était de fait reconnu et initié en tant que moine lamaïste; ce qui signifie que certains lamas Tibétains sont en réalité des pères jésuites. Vous en trouverez facilement les preuves dans des livres d'histoire qui n'ont rien d'ésotérique comme par exemple " La civilisation Tibétaine " du professeur R.A Stein, directeur d'études à l'Ecole pratique des Hautes Etudes (Dunod-Paris 1962).
En fait, les choses ne sont pas dites clairement sur ce sujet, car il est conseillé aux universitaires de ne pas égratigner les contes de fée du Tibet. Certains ne parlent de la présence Jésuite au Tibet qu'à partir du 18e siècle, c'est à dire quatre siècles après les premières visites des missionnaires occidentaux ! Mais, l'on sait que des princes de la maison d'Orléans se sont également rendus au Tibet.
Connaissant le goût des jésuites pour la magie et la politique, on peut imaginer que leur présence à Shigatsé soit le signe d'un accord spécial entre l'Ordre Jésuite et la " grande loge orientale ". N'allons pas trop vite nous imaginer que l'un puisse bluffer l'autre, mais il s'avère qu'à un moment historique, le pouvoir réel derrière le Vatican a négocié avec le pouvoir occulte oriental. Ce sont des faits.

UNDERCOVER : Est-ce que le Panchen Lama, que vous considérez comme le pape occulte du Tibet, serait directement connecté avec la mythique "grande loge blanche"?

BHODYOUL: Pour des raisons politiques et occultes, les Panchen Lamas ont toujours été proches des chinois, et c'est pourquoi le dernier en date - mort à la fin des années 80 - était resté au Tibet puis résida ensuite en Chine. On peut y voir le signe que le véritable pouvoir spirituel est demeuré dans la maison et que les chinois l'ont toujours protégé, si ce n'est accaparé. Beaucoup d'aspects sont totalement secrets, et les Tibétains eux-mêmes sont dans le même état d'ignorance sur leur hiérarchie que les catholiques à régard de la politique secrète du Vatican.

Les faits sont les suivants: le Panchen Lama de Tashilunpo réside à Shigatsé où les Théosophes ont localisé le centre des initiés de la loge orientale.. De plus, l'un de ces initiés, connu sous le nom de Djwal Khool dans les milieux de la Théosophie et du nouvel âge, a avoué qu'il assumait des fonctions dans une lamasserie. Est-ce lui le Panchen Lama, le chef spirituel du lamaisme ? Ou bien le Panchen Lama qu'on nomme également Tashi Lama du nom de sa résidence Tashilunpo n'est-il qu'une couverture ?

Le Bouddhisme Tibétain officiel semble ignorer l'existence de ses chefs occultes, ce qui est la règle dans le système clos d'une société secrète dont le cercle le plus extérieur ignore l'existence du cercle intérieur, et nul ne peut par conséquent s'approcher du noyau. Ainsi, on distingue au moins trois cercles sur le plan physique. Le plus large est le lamaïsme officiel qui s'étale à la devanture des librairies et dans les médias comme la référence en matière de spiritualité. Il dispose d'une infrastructure de milliers de centres culturels et de monastères sur la surface du globe, et son chef le Dalaï Lama est la vedette des médias. Ce sont les loges qui l'ont mis sur ce piédestal, sinon il ne serait pas plus célèbre que n'importe quel chef d'une minorité religieuse, fut-elle kurde ou amérindienne.

C'est la façade commerciale. Le sourire et les belles paroles. II est d'une habileté extraordinaire, et ses chefs sont fiers de lui.

En second, vient le pouvoir réel qui est représenté par le Panchen Lama. La diplomatie chinoise nous dissimule son rôle jusqu'à prétendre détenir l'enfant destiné à la succession au titre de Panchen Lama.

Enfin, il y a le noyau occulte de la loge de Shigatsé, ville proche de Tashilunpo qui est la résidence du Panchen Lama dont on peut penser qu'il fait la jonction entre le noyau interne de la loge orientale et le lamaïsme de façade.

Ce noyau idéologique est devenu mythique à travers les écrits théosophiques qui en parlent comme d'une confrérie d'êtres immortels qui dirigent l'évolution humaine. Certes, ils disposent de pouvoirs exceptionnels, dont celui de se réincarner dans le corps de leur choix, mais cela n'en fait pas des libérés pour autant. Bien au contraire. Ce sont plutôt des entités retardataires absolument rivées au plan terrestre et qui servent eux-mêmes des intérêts politiques supérieurs. Ils usurpent les titres et les noms des grands saints et des initiés de l'antiquité. Tout cela est du cinéma sur l'écran de Maya le grand illusionniste.

UNDERCOVER : Il existe une littérature foisonnante sur les maîtres secrets de la loge du Tibet. Qui est dans le cercle intérieur de cette loge orientale ? Et quel en est le but ?

BHODYOUL: J'ai découvert ces choses lors de mes recherches en Occident, car mes amis tibétains érudits sont aussi ignorants sur leur religion que les chrétiens.

Je n'ai donc pas été aidé de ce côté, mais avec le recul, il me revient parfois des souvenirs de jeunesse qui éclairent la face cachée de la culture dans laquelle j'ai été élevé.

Je peux dire avec certitude que les légendes de la "Grande Loge Blanche" des initiés d'Orient sont un leurre, car une confrérie secrète qui s'extériorise publiquement cela n'existe pas. On peut dire tout au plus qu'elle peut dévoiler son existence avant de muter à un autre niveau. Tous ceux qui prétendent avoir été en contact avec la " loge des maîtres du Tibet ", et qui s'intitulant " disciples des maîtres ", ont été leurrés par des intermédiaires. Indéniablement, il existe une fraternité secrète qui veille sur l'humanité mais elle n'est pas de la nature qu'on imagine en fonction de notre conditionnement religieux enfantin. Ses buts secrets ne vont pas dans le sens de notre idéalisme. A propos d'idéalisme, nous verrons comment la prétendue " grande loge blanche " utilise notre sentimentalité en nous faisant rêver avec une série d'illusions romantiques déversées dans l'atmosphère à partir du toit du monde.

J'affirme, et je peux démontrer, que les rites du Bouddhisme Tibétain sont négativement magiques, et que les répétitions lancinantes d'invocations ont un but précis, et dirai-je, une fonction scientifique. Ce que j'ai découvert a été corroboré par quelques clairvoyants, fort rares au demeurant; l'organisation du Lamaisme est centralisée et hiérarchisée afin de répondre à des normes de magie collective. Les techniques de méditation et de visualisation n'ont pas pour but de libérer l'esprit mais d'émettre des flots d'énergie qui sont soigneusement canalisés et diffusés sur la Terre.

Il s'agit d'une gigantesque centrale de production énergétique employant des dizaines de milliers d'organismes humains parfaitement préparés - ils étaient jusqu'à 500 000 moines - afin de générer un flux télépathique depuis le toît du monde qui est une situation exceptionnelle pour déverser des ondes vers l'occident. Cette station émet depuis des siècles sur la fréquence de nos aspirations et de nos idéaux. Je vous expliquerai comment cela fonctionne, car il s'agit d'une science exacte.

UNDERCOVER : Vous pouvez y aller. Nous essaierons de suivre même si cela nécessite un effort. D'après ce que vous m'avez confié, cette science est la clé absolue pour comprendre la fonction d'une hiérarchie sacerdotale.

BHODYOUL: La pureté de l'air des hauteurs de l'Himalaya est particulièrement conductrice pour émettre des signaux télépathiques de qualité. Ces signaux sont pulsés avec force grâce aux rites répétitifs se déroulant jour et nuit depuis plusieurs siècles. C'est pourquoi il existe une double hiérarchie: celle des initiés de la grande loge blanche qui sélectionnent le contenu des messages, et celle des lamas, qui dynamisent ces émissions télépathiques par leurs exercices spirituels sans en connaître le véritable sens.

Les milliers de villes-monastères qui ont rassemblé jusqu'à 800 000 moines sur les hauts plateaux du Tibet avaient un autre but que l'étude des sutras et la méditation sur la vacuité. C'est la plus vaste entreprise de propagande de tous les temps, plus puissante que l'islam ou Rome, car le Lamaïsme a travaillé dans le secret. Le véritable pouvoir est un pouvoir secret.

UNDERCOVER : Avant d'aller plus loin, si on parle de similitude de moyens et d'objectifs entre les Lamas et les Jésuites, c'est parce qu'ils utilisent les mêmes techniques de visualisation. Cette méthode de projection mentale serait-elle à la base du système de conquête télépathique des occultistes orientaux ?

BHODYOUL: C'est exact. Les exercices d'Ignace de Loyola sont calqués sur les techniques du yoga tantrique indien qui fut adapté par les lamas. De plus, le processus d'éveil qu'on prête à Loyola lors de son " illumination " s'est appuyé sur la technique tantrique de sublimation de l'énergie sexuelle. Cela nous indique gu'Ignace de Loyola, le saint vénéré par l'Eglise Catholique, est en réalité un initié venu d'Orient pour accomplir une mission à l'intérieur du Catholicisme.

Après avoir fondé son ordre à Rome au 16e siècle, Loyola envoya immédiatement des missionnaires en Inde, au Japon, en Chine et au Tibet pour boucler le circuit. Cela explique pourquoi les jésuite ont trouvé bon accueil dans les lamasseries dès le début du 17e siècle. Ils retrouvaient leurs racines en quelque sorte. II faudrait rechercher si Tsongkahapa, le fondateur des Gelugpas, dont le Dalaï Lama est le chef, ne s'est pas incarné dans la personne d'Ignace de Loyola lui-même après avoir solidement établi son système de lamaïsme réformé sur le modèle de la hiérarchie Catholique. Loyola est né en Espagne vers 1490, soit 70 ans après le mort de Tsongkhapa (1419), ce qui est un délai acceptable pour la réincarnation d'un tulkoufanteme. Ajoutons que l'Espagne est la porte d'entrée pour des esprits venus d'autres civilisations lorsqu'ils s'incarnent pour la première fois en Europe. Il est troublant de constater combien la réforme de Tsongkhapa, fondateur du lamaïsme moderne, ressemble à l'ordre hyper-centralisé d'Ignace de Loyola; l'un se réclame de Bouddha et l'autre de Jésus, avec un dogmatisme et un désir de domination assez semblables, alors que leurs pratiques respectives ne sont ni bouddhistes ni chrétiennes, mais s'enracinent dans le yoga et le développement des pouvoirs psychiques.


On remarque que ces deux groupes ont travaillé avec des stratégies apparemment opposées, comme s'ils étaient en compétition, ce qui participe certainement d'un plan cohérent à un plus haut niveau. En effet, alors que le Vatican a lancé ses troupes à travers le monde pour faire des conversions par l'épée, à l'opposé, les Tibétains ont travaillé d'une manière statique en se concentrant sur le toit du monde afin de répandre leur influence par télépathie. Aujourd'hui, ils sont descendus dans la plaine pour parachever leur grand oeuvre. Ils ont fondé des centres dans tous les pays du monde. Voilà à quoi l'exil peut servir, à l'image de la diaspora juive qui a étendu un réseau international que les rabbins contrôlent par la "loi Mosaïque" et le Talmud. Les lamas Tibétains sont désormais installés dans tous les pays, alors qu'ils n'étaient encore qu'une poignée de réfugiés sans ressources il y a cinquante ans. Or, l'argent ne manque pas.

UNERCOVER : D'où vient l'argent, car il en faut énormément pour entretenir ces milliers de moines non productifs et verser la pension des éminences du Lamaïsme qui ont le rang d'évêques, tout en entretenant un gigantesque parc immobilier de monastères et de centres culturels ? Ils ont bénéficié de passe-droits, comme si une organisation fantôme écartait tout obstacle devant eux et signait les chèques en blanc. Aucune religion minoritaire n'est autant privilégiée, car généralement les communautés sont dénigrées. Les sectes tibétaines ne sont pas inquiétées par les chasseurs de sectes qui préfèrent s'en prendre à des minorités chrétiennes dont les règles sont plus souples. C'est comme si des paysans de Bourgogne, de Dordogne ou de Bretagne, se réveillaient un beau matin avec un monastère tibétain au bout de leur champ et qu'ils se disent, à l'heure de l'apéritif : " Pour notre salut voilà encore de saints lamas descendus de l'Himalaya nous apporter le précieux joyau dans le lotus". Même chose en Ecosse, en Russie ou à la Martinique. Partout. Il y a là quelque chose de bizarre, mais tout le monde trouve cela normal sauf quelques esprits qui s'interrogent sur la place éminente accordée à ce Bouddhisme des neiges dans la fabrication d'une nouvelle religion mondiale. Si on en croit les livres tibétains exposés dans les librairies spiritualistes, on veut nous convertir de force. Même des sympathisants du Bouddhisme en éprouvent un malaise comme devant une exhibition impudique. Qui est derrière cette réclame grossière si peu en harmonie avec les principes bouddhiques ?

BHODYOUL : Cherchez le financier. Nous savons que les américains versent une rente au Dalai Lama et que les sponsors jésuites aident beaucoup. Cela permet de s'interroger sur la fortune des jésuites. Ils auraient des banques fondées sur le pillage de rois, des indiens d'Amérique centrale et de leurs piratages en Asie. Ils se sont également enrichis dans le trafic d'esclaves puisqu'ils étaient dans l'ombre des conquérants, leurs hommes de main servant aux basses oeuvres. Mais cela nous éloigne du véritable problème. Quel est le but politique de la hiérarchie tibétaine ? Voilà ce que nous devons comprendre.

UNDERCOVER : Vous avez parlé d'une panoplie " d'illusions mentales " qui auraient façonné la culture mondiale actuelle, sous ses aspects politiques, culturels, scientifiques et religieux. Cette analyse semblera incroyable à beaucoup; mais après coup, on se dit qu'il n'y a peut-être pas d'autre explication à la tournure que prend la civilisation planétaire avec ses valeurs factices et faussement généreuses qui nous sont imposées par la contrainte de la propagande. Comment les grands magiciens du Tibet, peut importe qui ils sont, ont-ils pu nous imposer des comportements et un mode de vie que nous croyons issus de la modernité ?

BHODYOUL: Je vais vous répondre aussi clairement que possible, si vous acceptez d'ouvrir votre esprit à des données ésotériques qui ne sont pas admises dans votre culture. Pour nous, orientaux, la télépathie n'est pas un mystère mais un fait banal. Pendant que vous étiez occupés à conquérir le monde pour bâtir votre empire matériel, nous avons développé d'autres facultés. Les pouvoirs psychiques d'un yogi n'ont rien de miraculeux, il suffit de se concentrer et de prendre son temps. Certains parviennent à léviter et d'autres facéties aussi spectaculaires que stériles du point de vue spirituel. Lorsque vous rassemblez des centaines des milliers de yogis au sein d'une organisation centralisée afin de les aligner sur la même fréquence psychique à l'aide de rituels établis dans ce but, vous allez mettre en marche une usine mentale d'une puissance nucléaire. Chaque yogi est sensé obtenir un grand pouvoir de concentration grâce à des techniques de visualisation. Ces méthodes vantées comme des systèmes de méditation pour apaiser l'esprit utilisent des images de divinités qu'il faut parvenir à faire vivre par l'imagination.

Le lama qui médite sur l'image d'une déesse, doit finir par la voir comme si elle se tenait en chair et en os devant lui. Puis il doit apprendre à la dissoudre ce qui n'est pas évident. Vous voyez la portée de ces exercices ? C'est exactement ce que font les Jésuites avec les exercices de Saint Ignace qui ont été introduits dans tous les milieux religieux en parallèle avec le bouddhisme tibétain.

Lorsque vous avez obtenu cette maîtrise du mental, vous imaginez sans peine les résultats qu'on peut obtenir en ressemblant des milliers de moines-yogis qui accomplissent un rituel magique à la mêne heure ! Or, le Tibet a fonctionné avec des centaines de milliers de yogis ainsi formatés, certes de niveaux inégaux, mais dont le collectif dégageait une puissance inimaginable.

Ce n'est là que la machine de propulsion - le carburant - car au-dessus de l'usine, il y a des opérateurs conscients qui savent l'utiliser à des moments propices en fonction de la course du soleil et des rythmes planétaires.

UNDERCOVER: C'est compréhensible, mais dans quel but?
Si c'est pour l'évolution, pourquoi les tibétains ont-ils soutenu Lénine et Hitler

BHODYOUL : Ce qui vous trompe, c'est le concept de l'évolution historique. II y a un progrès de la civilisation, mais il est relatif. Les esprits qui dirigent les flux télépathiques jouent sur les registres des idéaux de progrès et d'évolution.

Ils savent envoyer des injonctions que nous prenons pour nos propres aspirations. Cela va de la gamme des utopies politico-sociales jusqu'au messianisme, en passant par les bons sentiments. Si l'on veut maintenir le contrôle, il faut proposer une illusion positive, quitte à lui opposer des horreurs afin de rendre l'espoir en un monde meilleur encore plus désirable.

Vous citez Hitler, et il est vrai que des lamas tibétains l'ont appuyé. Des nazis se sont rendus au Tibet pour y être initiés à certains secrets ésotériques. Le choix de la Svastika comme emblème du national-socialisme en est le meilleur exemple. Mais les tibétains ont leurré les rêveurs nazis, et ils ont finalement favorisé leur perte. Quant à Lénine, il fut adepte de la loge orientale. Cette loge des " maîtres de sagesse " n'en est plus à un génocide près, puisque la plupart des horreurs sont sorties de sa pochette surprise, avec en prime le new age et l'idéal du meilleur des mondes. Mais revenons aux aspects techniques de la centrale télépathique. Il y a sept niveaux d'énergie dans la nature, sept qualités depuis les solides jusqu'à l'éther supérieur. Cet éther supérieur emplit l'espace, et il est d'une qualité si subtile qu'il peut réfléchir les idées. A certains moments propices des flux de pensées sont envoyés dans l'atmosphère et se gravent dans l'éther.

Dans l'homme, certains centres sont sensibles à cette fréquence vibratoire, par exemple, la glande pinéale que les anciens considéraient comme le siège de l'âme. C'est ainsi que le cerveau photographie les idées qui sont dans l'air. Si l'idée s'harmonise avec votre aspiration personnelle, elle sera retenue pas votre conscience qui se l'approprie. Alors, vous y répondrez par une réflexion consciente, et vous réagirez à cette impulsion. Cette réponse mentale va retourner vers la source d'émission et c'est ainsi que les opérateurs vérifient l'effet de leur projection grâce à leur technologie occulte. J'essaie de résumer.

C'est la première phase de test. Une idée est lancée sur le monde et l'on vérifie si elle trouve un écho dans les esprits-cibles qu'on veut influencer. Lorsque le test est positif, on commence à entrevoir son impact à travers ceux qui " s'échauffent " avec cette idée nouvelle. Ce sont les " branchés ", ceux qui lancent les modes et les mouvements d'opinion. Alors, on envoie une deuxième émission télépathique qui sera cette fois de nature émotionnelle, en stimulant la qualité d'éther au dessous de la précédente. On la nomme " éther lumineux ". Je vous passe les termes de la tradition ésotérique et le sanskrit.

Pour cette opération visant notre émotionnel, des rituels magiques à base de musique, de chants, de danse, de gestes sacrés, d'encens et d'autres ingrédients seront utilisés. Le courant sera dirigé vers ceux qui ont reçus le premier branchement et qui ont réagi de manière positive à la cuti. Il s'agit alors, pour les magiciens opérateurs, de graver leur message dans notre sang afin d'accorder l'émotion à la pensée. La tête et le coeur sont reliés à l'idée qui devient alors comme notre propre création. On s'échauffe pour cette " généreuse idée " et on est prêt à agir pour la réaliser. Je résume un processus très complexe. A ce seuil de préparation, la phase de conditionnement suivante est prise en charge par les écrivains et ceux qui sont les propagandistes de l'idée en vogue. Vous pouvez vérifier ce processus si vous suivez révolution de la société à travers le miroir des médias. Mais, la plupart du temps, le fait d'y accorder de l'attention nous y relie à notre détriment

On ne veut pas rester en dehors du coup. C'est mal vu d'être un ringard qui n'est pas bien informé. C'est mal vu d'être un réactionnaire. etc... Où que l'on aille, quoi qu'on fasse, la propagande s'insinue en nous. Vous verrez qu'il y en a pour tous les goûts et toutes les sensibilités.

Au niveau le plus bas de l'opération d'influence télépathique, nous sommes finalement mobilisés par l'instinct de propagation qui nous pousse à répandre nos idées à cause du désir fondamental de procréation et de survie. Au stade le plus matériel, les opérateurs veillent à ce que notre alimentation soit adaptée au résultat que l'on veut obtenir. Réfléchissez à la volonté de nos gouvernants de dénaturer la nourriture. Demandez-vous à présent ce que cachent les manipulations génétiques des produits naturels ? Cela indique le seuil de conditionnement qui a été atteint au niveau de nos facultés supérieures.

Je vous donne ici la réponse à bien des questions écologiques comme argumentation de la radio-activité, si nécessaire pour amener le système nerveux à un niveau vibratoire négatif. Ainsi, ce processus morbide finit par nous rendre absolument convaincus de la vérité des idées qu'on nous a injecté de manière subliminale, et, au stade terminal, cette opération peut nous transformer en chiens policiers de l'ordre établi. Je pense à ceux qui liront mes explications iconoclastes sur le Lamaisme tibétain et qui en seront choqués ! Je n'ai pas les moyens magiques de la " grande loge blanche " pour les convaincre ! Je parle comme un homme ordinaire, mais ils ne veulent croire que les autorités. J'espère que ces explications sommaires sont suffisantes car il faudrait un véritable exposé technique, ce qui serait franchement indigeste. Chacun peut y réfléchir par lui-même, et s'il est attentif aux signes des temps, il comprendra ce que je veux dire.

UNDERCOVER : Il est en effet difficile de s'imaginer comment des cerveaux coordonnent une telle opération. Mais, sachant qu'il s'agit d'esprits dotés de facultés surhumaines, on peut admettre cette machination. En y réfléchissant, cela éclaire la destination réelle de ces monastères et de ces rituels dont on ne voyait vraiment pas l'utilité spirituelle. Il reste encore un point à éclaircir, c'est la finalité de ce jeu.

BHODYOUL : C'est sans doute l'aspect le plus difficile à comprendre. Les spiritualistes classiques vous diront qu'il est salutaire qu'il existe une fraternité qui fasse évoluer la civilisation humaine. C'est l'argument qui revient toujours: L'ÉVOLUTION ! Les " maîtres " nous aideraient à évoluer d'âge en âge, et ce plan est si grandiose que nous ne pouvons pas comprendre leurs méthodes. Cela est fondé sur le dogme d'une évolution ascendante vers un monde de plus en plus parfait. C'est absolument contraire aux faits et à l'entropie universelle, mais cette idée est le dogme dominant dans notre culture. On pense que tout va aller de mieux en mieux: que nous nous élevons vie après vie vers les hauteurs de la perfection, jusqu'à devenir semblables à des dieux. Cette théorie ne souffre plus de contradiction dans la plupart des milieux spiritualistes, car sans elle, la vie deviendrait absurde. Réfuter ce dogme évolutionniste n'est plus toléré, et l'on vous prend pour un nihiliste si vous vous y risquez. Pourtant la théorie de l'évolution progressive vers la perfection est une source de souffrance et de désillusions aussi infinie que cette évolution elle-même. Selon les plus anciennes traditions, l'évolution tourne en rond et le temps se mord la queue en décrivant des cercles sans fin, jusqu'à ce que nous décidions d'en sortir. Il faut s'évader du cercle du temps. C'est le but de la religion véritable : l'immortalité.

Or, les puissances qui vivent dans le temps cyclique ne veulent pas qu'on s'en échappe, car cela signifierait la fin de ce scénario.

Le message originel du Bouddha était un appel pour s'arracher au sortilège du circuit de l'évolution farinée, mais les gardiens du système temporel ont riposté en diffusant la doctrine de l'évolution progressive.

Ils disent: " Avec le temps vous allez devenir des dieux sur une terre parfaite. Ne cherchez pas une autre issue. " Demandons-nous depuis combien de temps cette idée est dans l'air, et qui l'a apporté au début ? L'évolutionnisme est-elle une idée religieuse traditionnelle ? Est-elle contenue dans les enseignements des grands sages du passé ? Ne s'agit-il pas d'une interprétation qui aurait été détournée de son sens originel ? A chacun de se poser la question, car je ne veux pas attaquer un dogme avec un autre dogme. Toutefois, on observe que l'évolutionnisme spirituel est une idée moderne spécifique, répandue par les lamaïstes et les adeptes de la Théosophie orientale dont c'est l'idée fixe, le dogme incontournable, la doxa suprême.

UNDERCOVER : En quoi est-ce si important? Ce n'est qu'une idée et les idées changent à toutes les époques. Mais vous avez sans doute raison lorsque vous affirmez que les grands sages comme Bouddha et Jésus-Christ n'ont pas prêché l'évolutionnisme spirituel mais plutôt le détachement de l'illusion de l'existence par un effort radical durant la vie présente.

BHODYOUL : Je veux simplement montrer que cette théorie nous a été inspirée par la grande loge orientale. C'est elle qui a fondé l'organisation du Lamaïsme dans le but de rayonner cette idée et toutes les illusions qui en découlent. Je m'explique. Si l'on arrive à nous convaincre d'une idée supposée répondre à la question essentielle de l'existence, alors on peut nous conditionner à accepter ses applications dans tous les domaines de la vie. Je voudrais essayer d'être le plus clair possible...

UNDERCOVER : Si nous comprenons bien, selon vous, la théorie évolutionniste ne peut s'appliquer qu'aux phénomènes naturels et seulement de manière relative puisque tout est cyclique et que les choses reviennent toujours à leur point de départ. C'est pourquoi les anciens hindous et les autres civilisations ont découpé le temps circulaire en quatre cycles inégaux comme l'âge d'or, l'âge d'argent, l'âge de cuivre et l'âge de fer. Après l'âge de fer revient l'âge d'or, etc... Cela ne concerne que l'histoire du monde et c'est pourquoi la tradition universelle dit que le germe de l'identité humaine n'est pas affecté par ces cycles. Notre âme serait donc placée dans ces conditions changeantes sans que cela affecte son caractère immuable en tant que parcelle divine. Est-ce l'idée traditionnelle ?

BHODYOUL- Avec des variantes, c'est le fondement de la philosophie éternelle - la philosophia perennis. Lorsqu'on scrute les mythes sacrés des révélations religieuses originelles, elles disent toutes la même chose. Mais dès que ces religions s'installent dans le temps, elles inversent leur message initial à des fins temporelles. Avec le temps, il faut durer, et la survie temporelle supplante la recherche de l'éternité. Durant le présent cycle qu'on appelle " âge noir ", il est écrit que la vérité est perdue et qu'elle est remplacée par des illusions si flatteuses que tous les hommes les adoptent comme étant la " vérité ". Or, il n'y a rien de plus agréable à entendre pour l'homme civilisé que l'idée qu'il est un dieu en évolution, et que peu à peu il s'approche de la perfection. Cette perfection peut être vue comme un but individuel ou social, et dans ce cas, la science accomplira le salut rédempteur. Le dogme de l'évolution gagne sur tous les tableaux aussi bien scientifique que spirituel. Le progrès devient une religion qui apporte de nouveaux espoirs toujours renouvelés. Dans ce " nouvel âge " de l'âge noir, la spiritualité est vécue comme une succession d'améliorations psychiques avec la promesse ultime de décrocher le nirvana. La quête du sacré s'efface devant le développement personnel. Alors, d'innombrables illusions doivent nécessairement apparaître puisque la voie leur est grande ouverte. C'est le règne du " toujours plus et toujours mieux " avec des résultats incontestables à certains niveaux mais sans que le problème fondamental de la vie et de la mort soit réglé. C'est ainsi que depuis quelques siècles, certaines idées ont pris le pouvoir. Une idée ne sort jamais du vide mais elle est toujours produite par un cerveau pensant. En l'occurrence, la loge orientale prétend avoir apporté l'idée d'un progrès spirituel pour la planète et ses habitants. Ce progrès devrait établir un royaume divin sur la Terre et supprimer tous les maux y compris la maladie et la mort. C'est leur idéologie, et il est naturel qu'elle séduise le grand nombre. Mais, attention, ce n'est qu'une idéologie qui veut parvenir au "Bien" par opposition au "Mal". Cet idéalisme est réactif et il se peut qu'il ne soit absolument pas en harmonie avec les lois cosmiques. S'il s'agit d'une illusion typique de l'âge noir, alors, ceux qui la diffusent y ont un intérêt vital. Si on en croit la puissance qu'ils déploient pour nous convaincre de leurs idées, c'est que cette propagande doit leur assurer également un progrès. Vous comprenez cet objectif de haute politique ? Ils sont en train de mettre en place une civilisation entièrement centrée sur l'espoir du progrès matériel et de l'évolution spirituelle. Pourquoi le font-ils ? Pourquoi cet effort? Pourquoi cette incroyable machinerie à conditionner les masses en les unifiant autour d'illusions flatteuses comme l'unité, la paix et la fraternité humaine ?

II y a des illusions pour chaque type humain, depuis la brute jusqu'aux êtres les plus raffinés. Si vous n'êtes pas réceptif à telle illusion, vous répondrez à une autre mieux accordée avec votre état d'être. J'ai décris plus haut comment ils s'y prennent pour nous accrocher.

UNDERCOVER : Il est assez facile d'échapper à une impression mentale d'un ordre dégradé ou trop négatif, mais personne n'échappe aux illusions agréables, surtout lorsqu'il s'agit d'idéaux apparemment nobles et humanistes.

BHODYOUL : Vous avez compris le problème des temps modernes. On ne peut échapper à la civilisation même si on se réfugie dans une grotte. Il faut s'adapter et ouvrir l'oeil pour ne pas se faire pincer. Celui qui s'abandonne risque de perdre son âme tout en croyant s'améliorer. C'est cela l'âge noir. Mais je ne voudrais pas dramatiser outre mesure car je crois en la force de l'Esprit et en la délivrance ultime.

UNDERCOVER : Pouvez-vous faire un pronostic sur les prochaines échéances planétaires ? Qui va l'emporter ?

BHODYOUL: Je vous rassure immédiatement, sauf si vous ne partagez pas ma vision - ce qui se comprend très bien, car nombre de personnes au cœur ouvert sont aujourd'hui la cible d'une double illusion, soit par exaltation pour un monde meilleur, ou par dépression devant les perversités de l'époque. Les temps sont durs, et cette dépression exprime un refus de se laisser emporter par des illusions qu'on pressent vaines et finalement génératrices de déception. Voyez la misère des milieux new age, cette lutte pour " un mieux être " en s'accrochant à des régimes et des techniques de développement personnel superficielles dont le reflet positif se manifeste surtout dès qu'on les abandonne. Vous me suivez ? Je vous passe les détails sur ce trafic.

Y a t-il un espoir que cela cesse ? Tout dépend de notre force intérieure pour refuser les sollicitations qui sont dans l'air du temps. Selon des sources fiables, la fraternité orientale va perdre la partie car une autre fraternité est actuellement occupée à enrayer le processus d'étouffement de la conscience.

UNDERCOVER : Enfin! Voilà ce qu'il faut nous dire. Si vous le permettez, je dirai que vous n'êtes pas un oriental pour rien. Vous avez l'art de nous amener au bord du gouffre pour mieux nous tendre la main au moment de la chute. Ainsi, vous dites que vos compatriotes lamaïstes vont perdre la partie car une autre fraternité va briser le plan du nouvel ordre mondial. C'est une perspective réjouissante pour ceux qui souffrent sous le joug du monde moderne.

BHODYOUL : D'abord, une mise au point sur les moines tibétain. Mes compatriotes ne sont pas en cause, mais ils sont victimes de leur piété. On les opprime magiquement en les tenant en réclusion sous le carcan d'une religion rétrograde issue de l'Atlandide.

Ce sont les tulkous-fantômes qui sont coupables, ceux qui nous utilisent comme du bétail pour servir leur visée politique de conquête mondiale. Certes, ils n'ont pas encore abattu le jocker qui devrait leur donner un peu de répit face à la fraternité qui va les anéantir.

UNOERCOVER : Jouez-vous au supplice chinois ou tibétain ?

BHODYOUL : Leur dernière carte, ce sera de proclamer que l'espérance de tous les peuples est enfin accomplie. Ce sera l'annonce internationale que le Christ est revenu sur Terre, et cela sous toutes les nuances des diverses cultures.

UNDERCOVER : Nous avons déjà parlé de cette affaire dans Undercover no 1 sous le titre " Blue Beam " qui est un projet de la NASA pour faire apparaître des êtres célestes.

BHODYOUL : Oui, ce projet envisage de produire des hologrammes imitant les divinités des panthéons religieux. Mais, avez-vous déjà pensé que la loge orientale peut faire apparaître des anges et des êtres invisibles enrobés de lumière astrale ?

Nos gardiens de " l'évolution " qui savent si bien nous influencer philosophiquement ont également la pouvoir de subjuguer des créatures des mondes invisibles et de les amener jusqu'au seuil de notre dimension par des méthodes magiques. Il ne s'agit donc pas uniquement de technologie. Les anges aussi se font emprisonner. Quoi qu'il en soit, les frères orientaux ont préparés un être qu'ils nomment Maitreya - en usurpant le nom du Bouddha futur - afin de lui faire endosser le rôle du Messie. On ne sait d'ailleurs pas de quoi il va sauver la Terre, puisque tous les problèmes ont été créés par la loge orientale conjointement avec les loges d'Occident. D'abord ils sabotent, puis ils viennent ensuite vendre leur service de dépannage. Ils sont menteurs par principe, car il y des millions d'années qu'ils se sont engagés sur la voie de la tromperie, et ils sont condamnés à avancer au risque de disparaître. Mais il vient un temps où leurs abominations se retournent contre eux et nous ne sommes plus éloignés de ce moment. Toutefois, il faut qu'ils aillent jusqu'au bout pour que leur jugement soit scellé. C'est pourquoi les puissances supérieures les poussent à s'enfoncer dans le mensonge et le blasphème.

UNDERCOVER : On ne leur retire pas leur permis de nuire ?

BHODYOUL : Il faut que le scandale arrive. D'abord par respect pour le libre arbitre de l'humanité. Ensuite parce que les illusions nous aident à prendre conscience. La conscience est l'enjeu de l'univers. Tout cela est un jeu grandiose, et la souffrance est aussi une illusion. Donc, une fraternité secrète qui ne travaille pas selon l'axe Est-Ouest - comme celle de l'Himalaya - s'oppose actuellement à la stratégie totalitaire du nouvel-âge et de l'ordre mondial.

Sincèrement, je n'en sais pas plus, et il ne faut pas risquer de trahir ce plan. Si cette fraternité rayonne du Nord au Sud, nous pouvons comprendre quelle croise taxe Est-Ouest en des lieux où doit sévir une lutte titanesque entre ces deux groupes magiques. J'ajouterai que cette fraternité du "nord", s'il est approprié de la nommer ainsi, ne doit pas être confondue avec la fraternité spirituelle régulière qui s'occupe de la libération spirituelle de l'Humanité et d'où sont venus les grands messagers divins. Cette fraternité n'entre pas en lutte avec les puissances terrestres.

UNDERCOVER : Attendez. Nous aimerions savoir si cette fraternité du Nord, comme vous l'appelez, a pour but d'imposer un gouvernement mondial ?

BHODYOUL: Non, sinon elle ne s'opposerait pas à la loge orientale qui alimente les illusions mondialistes. La fraternité du Nord poursuit un but autre, mais en l'absence d'informations directes, nous sommes réduits à des conjonctures. Je crois qu'en réfléchissant aux différentes thèses, on doit pouvoir dégager la vérité. Si vous faites la liste des nombreuses illusions propagées par la loge orientale, vous pouvez trouver le but de l'autre fraternité par élimination des possibles. Parle-t-on du retour du Christ ou d'un nouvel ordre mondial ? Parle-t-on d'une religion mondiale unique ? Parle-t-on d'une société socialisée technocratique ? Parle-t-on d'une utopie égalitaire ? Parle-t-on d'une grille de lumière encerclant la Terre et de maîtres ascensionnés à la manière du new-age ? Alors, ce n'est pas la fraternité du Nord mais la propagande des sempiternels amuseurs du toit du monde.

Le programme de cette fraternité secrète n'est pas politique mais elle veut simplement remettre les conditions planétaires en harmonie avec les lois universelles.

Plutôt que d'imposer un programme politique, elle tente d'écarter les dangers les plus menaçants. Il s'agit donc d'une force pacifique qui va corriger les erreurs et les excès de la loge orientale et d'autres groupes d'illuminati. Cette fraternité dispose d'une magie puissante, mais qui ne viole pas les lois naturelles et la conscience humaine. L'apparition de cette fraternité a jeté la loge du Tibet et le Lamaïsme dans une grande frayeur, car ce groupe a engagé une guerre totale contre ces manipulateurs. C'est pourquoi les maîtres de l'ordre mondial sont occupés à s'armer jusqu'aux dents et qu'ils ont placé des engins de surveillance aux quatre coins du monde pour tenter d'identifier le moindre mouvement qui les menacerait.

Un initié a écrit: " la fraternité lamaïste tentera de regrouper les forces dispersées, tentative qui entraînera inéluctablement une production intensive d'énergie.
Le monde matériel est peuplé par différentes formes de vie, il en est de même en ce qui concerne l'au-delà.


Cette lutte formidable pour l'existence adoptera de plus en plus le caractère d'un camp d'auto-défense. La fraternité lamaïste, au moyen de la magie, essayera d'accroître artificiellement jusqu'à une chaleur de fièvre, la tension nerveuse orageuse qui a prédominé dans le monde pendant si longtemps, afin d'inciter l'humanité à des actions abjectes qui seront ensuite amèrement regrettées.


Si cette tentative échoue - comme nous l'espérons et le croyons - il se développera au sein de la fraternité lamaïste un état de crise qui provoquera des actes désespérés. Ceux-ci se manifesteront par des phénomènes de feu violents dans l'atmosphère, résultant de la formidable contrainte de volonté des magiciens qui imposent leurs impératifs à l'humanité. "



Retranscrit avec la permission de Joël Labruyère, éditeur de la revue UNDERCOVER #6 - mars 2003. Tout droit réservé.

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