Tuesday, March 15, 2016

LES CONTES DE FÉES DU TIBET




par Joël Labruyère
Revue UNDERCOVER #6 - mars 2003



INTRODUCTION 
Les Quatre Nobles Vérités



Après six ans d'efforts intenses, le Bouddha réalisa les Quatre Nobles Vérités. Ce sont des réalités universelles qui valent pour tous les êtres

I - La Noble Vérité de la souffrance
2 - l'origine de la souffrance;
3 - La cessation de la souffrance;
4 - le chemin conduisant à la cessation de la souffrance.
Le bouddhisme originel est contenu dans la réalisation effective de ces quatre vérités.

Le Bouddha est considéré comme le médecin sans égal, capable de diagnostiquer exactement la maladie de chaque être. C'est à la manière d'un médecin qu'il enseigne les Quatre Nobles Vérités. II établit d'abord que le monde est fondé sur la souffrance, que la souffrance est un phénomène universel qu'il faut s'efforcer de comprendre. Puis il diagnostiqua la cause de la maladie: l'origine de la souffrance est la " soif ", le désir. Ensuite, le Bouddha décrivit la guérison de la maladie, qui est le Nirvana. Enfin, il prescrivit le remède, qui est le Noble Sentier Octuple.


Le Noble Sentier Octuple


Le Noble Octuple Sentier du Bouddha est l'équivalent des 8 règles du Sermon sur la Montagne. C'est " La vue juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, les moyens d'existence justes, l'effort juste, l'attention juste, la concentration juste. Ce Noble Octuple Sentier procure l'éveil et le Nirvana. "

Le bouddhisme tente de montrer que la naissance est la cause de la souffrance. La délivrance est donc la fin totale de tout le processus des vies successives. On peut donc dire que le summum bonum du Bouddhisme est le Nirvana. Cet arrêt définitif de la continuation de devenir est signifié par de nombreux termes positifs: liberté, immortalité, bonheur ultime... Philosophiquement il est indiqué par des termes négatifs: non-né, non-devenu, inconditionné, noncomposé, etc. Ce chemin est "pessimiste" pour celui qui n'en voit pas l'aboutissement ultime et qui n'a pas encore goûté à la désillusion du monde.


La vérité du Bouddhisme



La vérité du Bouddhisme se résume en ce constat déconcertant: IL N'Y A PAS D'EGO. l'égo est une illusion. Cette doctrine du non-moi - anatta - consiste à répudier tout ce qui constitue ou renforce le soi empirique. Cela a valu au Bouddhisme la réputation d'être une croyance " pessimiste ".

Il est exact que ce monde, c'est-à-dire tout ce qui est conditionné et impermanent est considéré comme quelque chose de tout à fait mauvais, tout à fait pénétré de souffrance, digne d'être totalement rejeté, abandonné, au profit d'un but unique: le Nirvana.

Il est plutôt déconcertant de voir que la mélancolie pessimiste qu'on lit dans la doctrine bouddhique "d'universelle douleur" puisse se refléter dans une attitude heureuse parmi ses adeptes. Ce monde peut bien être une vallée de larmes, mais il y a de la joie à en déposer le fardeau. Mais s'il y a un royaume de Dieu à gagner en renonçant au monde, le gain dépasse infiniment la perte. Regardons ce soi-disant "pessimisme " en face.

L'attitude des penseurs bouddhiques envers le monde se relie visiblement au problème de la signification de la vie et de la destinée de l'homme; quelle que soit la difficulté de ce problème, il nous faut arriver à une solution à ce sujet parce que tout le bonheur, la fécondité de notre vie dépendent de la réponse. Les opinions sur la nature et la destinée de l'homme, la signification de l'existence humaine se rangent, en gros, en deux catégories: suivant le plus grand nombre. L'homme est un produit de la terre. La Terre est son chez-soi. Son devoir est de se sentir chez lui sur cette terre. La loi suprême, voire le devoir suprême de l'homme, est de travailler continuellement à son autoconservation. C'est ce que la société impose par sa culture, sa religion et sa science. Il faut croire dans le monde et ne pas chercher à en sortir.

Au contraire, d'autres moins nombreux estiment que l'homme est une âme déchue du ciel, un étranger sur cette terre. Sa tâche est alors de regagner l'état de perfection qui était le sien avant qu'il tombât dans ce monde.

Dans ce cas, la négation du - l'égo - est la loi suprême, le devoir suprême de l'homme.

Notre civilisation moderne favorise le premier point de vue - l'attachement au monde - tandis que le Bouddhisme préconise le second - le détachement.

Le point de vue bouddhiste ne plaira qu'aux gens qui sont entièrement désillusionnés du monde tel qu'il est et d'eux-mêmes: à ceux qui sont extrêmement sensibles à la peine, à la souffrance des espèces vivantes et au désordre, ayant un désir immense de bonheur, une capacité considérable de renoncement. Aucun vrai bouddhiste ne suppose que tous les hommes soient capables de comprendre sa doctrine.

Le bouddhiste recherche un bonheur total au-delà de ce monde. Pourquoi serait-il si ambitieux ? Pourquoi se contenterait-il d'acquérir le bonheur limité que nous pouvons tirer de ce monde ? La réponse est que dans la pratique, les gens attachés au bonheur terrestre n'ont pas l'air si heureux qu'ils le disent Un peur secrète les ronge. II existe au coeur de notre être une angoisse fondamentale, une petite cavité vide d'où mutes les autres formes d'angoisse et d'anxiété tirent leur force. Cette angoisse essentielle n'est éprouvée que par les personnes qui ont un caractère introverti et porté à la philosophie, et elles-mêmes ne l'éprouvent que rarement. Si on ne l'a pas ressentie soi-même, aucune explication n'en convaincra.

Si on l'a ressentie, on ne l'oubliera jamais, quelque effort que l'on fasse. Cela peut survenir quand vous Êtes endormi, retiré du monde: vous vous réveillez au milieu de la nuit et sentez une manière d'étonnement à être là, qui livre passage à une crainte, à une horreur du simple fait d'exister. C'est alors que vous heurtez, juste un moment au mur d'une sorte de néant qui vous entoure, avec un sentiment torturant de votre impuissance, de votre désarroi total en face de ce fait étonnant que vous existez. Comment se fait-il qu'existe la moindre chose ? Mystère. D'ordinaire nous évitons cette épreuve autant qu'il est en notre pouvoir, parce qu'elle est épuisante et douloureuse. D'ordinaire, on veille avec soin à ne pas rester seul avec soi -même. Les gens qui sont occupés tout le temps, qui ont à penser toujours à quelque chose se détournent sans cesse de cette épreuve de l'angoisse essentielle, originelle.

Ce que nous faisons d'ordinaire est de prendre appui sur quelque chose d'autre que ce centre vide de nous-même. Nous inventons des fantasmagories spirituelles.

L'opinion bouddhique est que nous ne serons jamais heureux avant d'avoir triomphé de cette angoisse fondamentale et que nous n'y arriverons qu'en ne prenant appui sur quoi que ce soit la plupart d'entre nous sont enclins par nature à vivre dans un paradis illusoire, à regarder le côté heureux de la vie et à en minimiser les aspects déplaisants: rester fixés sur la souffrance équivaut normalement à contrarier nos tendances; d'ordinaire, nous recouvrons la souffrance par toutes sortes de " rideaux affectifs ". La vie serait insupportable à la plupart d'entre nous si nous pouvions la voir telle qu'elle est si notre perspective mentale mettait en lumière ses traits répugnants au même degré que ses traits agréables. Nous aimons écarter de notre vue les faits malheureux. Cela s'illustre dans l'usage largement répandu des " euphémismes ". qui n'est autre que le souci d'éviter les mots qui évoquent des associations désagréables. Une expression vague, une circonlocution cachent un fait désagréable, un tabou. Une pratique commune est de fermer les yeux à des faits dérangeants, de passer outre, de sous-estimer leur importance ou de les embellir.

On ne peut montrer en détail comment cette fuite hors d'une réalité qui déplaît est causée en partie par un amour de soi fait de narcissisme, et principalement par la peur, jointe au désir de protéger notre personnalité de concepts qui en menacent l'intégrité. Les gens, dans leur écrasante majorité, ne peuvent vivre joyeusement sans adopter une sorte d'attitude d'autruche quant à l'existence. C'est en ce sens qu'il leur sera pénible d'admettre la première vérité du Bouddhisme - l'existence est souffrance. Pour la comprendre, il faut faire violence à nos habitudes mentales, le Bouddha a posé comme principe que toute chose en ce monde est liée à la souffrance. II est impossible d'Être en contact avec le corps matériel, les sentiments, les perceptions, les impulsions. les actes de conscience, sans être entraînés dans la souffrance.

L'universalité de la souffrance ne se présente pas au premier abord comme un fait évident Nous nous accrochons avec ténacité à la croyance qu'on peut trouver du bonheur en ce monde. Seul le saint accompli, l'Arhat - le libéré - peut comprendre pleinement la première Noble Vérité du Bouddhisme. Comme l'a dit le Bouddha: " II est plus difficile encore de transpercer avec une flèche la pointe d'un cheveu que de pénétrer le fait que tout ce qui existe est mauvais. "

En fait: l'intuition de l'universalité de la souffrance se propage peu à peu avec notre croissance spirituelle. Il y a beaucoup de souffrance évidente dans le monde : mais une grande partie en est cachée et seul le sage est en état de la percevoir. La politique mondiale permet de masquer la réalité des choses et il n'est pas bien vu de lever le voile.

Le Bouddhisme originel a pour but de révéler la réalité de l'existence afin de créer une dynamique de libération. Les moyens à mettre en oeuvre sont simples: arracher à la racine la cause de l'attachement le premier obstacle à identifier est le mécanisme pervers du circuit de notre pensée. Car c'est par nos pensées que nous enclenchons les actes et leurs conséquences. Nous sommes esclaves du mental qui a pour but de perpétuer l'illusion de l'existence d'un égo permanent. Il faut remonter à l'origine des pulsions mentales par une méditation constante qui procure la " vision pénétrante ".

Derrière cette démarche de clarification radicale, nombres d'écoles pseudo-bouddhistes recréent des systèmes magico-rituels qui ont pour but d'entretenir les gens dans une narcose spirituelle confortable.

On parle alors de la " voie du Boddhisatva ", c'est-à-dire d'une évolution progressive et de " service au monde ". Or, du point de vue bouddhiste, le meilleur service à rendre à l'humanité, c'est de se libérer soi-même avant de prétendre aider les autres. Mais c'est là une démarche beaucoup plus pénible. C'est pourquoi la plupart des courants spirituels proposent une culture de l'égo, selon l'idée que peu à peu on s'améliore jusqu'à une perfection finale. C'est un discours qui convient aux Êtres humains qui veulent continuer à entretenir leurs attachements tout en rêvant qu'ils s'en libèrent C'est ainsi que sont nés les Contes de fée du Tibet et leurs dérives occultistes et new age. II s'agit d'une inversion du Bouddhisme.
Mesdames et Messieurs. au risque de déplaire, Undercover vous présente : "Les Contes de Fée du Tibet!"


Les Contes de Fée du Tibet


Depuis un demi-siècle, le peuple tibétain gémit sous la patte de l'ogre chinois, mais sait-on que derrière les apparences, les gouvernements chinois et tibétain jouent un vaudeville dont une loge secrète a réglé la mise en scène ? A travers les révélations qui suivent, notre idéalisme en prend un coup. Est-ce le coup de grâce qui achève au bien qui réveille de la torpeur des contes de fée du Tibet ?

Le Tibet mythique est un lieu saint de la culture profane moderne. Ce peuple et ses croyances sont devenus la bonne conscience de notre civilisation matérialiste qui a anéanti ses propres traditions. Depuis l'exil du 14e dalaï lama, le Tibet fait figure d'île vierge qui n'aurait jamais été contaminée par le péché originel, comme si le bouddhisme tibétain était à jamais enveloppé dans les neiges éternelles de la pureté morale et politique.


Pour découvrir ce qu'est le Tibet et le Lamaïsme en se risquant au-delà des "aventures d'une parisienne à Lhassa " ou de "Tintin chez le Yéti", ni se laisser impressionner par les prosternations d'intellectuels convertis, nous avons interrogé un tibétain de vieille souche. Un oriental qui accepte de se défaire un moment de son sourire immuable pour parler sincèrement de choses interdites, voilà qui est assez rare pour Être consigné. Monsieur BHODYOUL compte parmi ses ancêtres des bouddhistes de la confrérie des Lohans aussi bien que des lamas Karmapa à bonnets rouges et des Gelugpa du lamaisme officiel (bonnets jaunes). II n'est donc pas sectaire. Fin lettré et esprit libre. il connait l'histoire et les chinoiseries de la politique asiatique. Mais le fait le plus précieux c'est qu'il a des connaissances très précises sur la magie tibétaine sans laquelle les rêves du Tibet n'ensorcelleraient pas l'Occident.

UNDERCOVER : Monsieur Bhodyoul, vous Êtes un tibétain de naissance qui a pris la nationalité d'un pays d'Europe dans lequel vous avez effectué une carrière commerciale jusqu'à l'âge de la retraite vers les années 90. Vous avez quitté le Tibet à l'âge de 14 ans avec vos parents et votre sœur qui vit en Amérique. Je n'en dirai pas plus sur vos origines par raison de sécurité, car il y a tout lieu de croire qu'un tibétain trop bavard, ce n'est pas bien vu.

L'image que nous avons de vos compatriotes, c'est celle de doctes lamas occupés au salut des âmes et plus prosaïquement de questions immobilières. Quand aux tibétains laïcs, on nous les présente comme un peuple débonnaire, toujours joyeux et heureux de son sort malgré la cruelle répression de la Chine.
Autrefois, notre intelligentsia ne tolérait pas de critique sur Staline pour ne pas " désespérer Billancourt "; aujourd'hui les intellectuels athées ne tarissent plus d'éloges sur le Tibet et son chef théocratique, intronisé ambassadeur de la paix et de la sagesse. Or, à vous croire, tout cela est du cinéma. Pire, c'est un danger, une véritable calamité !

Vous vous présentez donc comme un apostat du lamaïsme, un esprit libre qui ne se reconnaît pas dans le portrait de l'exilé martyr qu'on a dressé de vos compatriotes de la diaspora. Selon vous, cet exil a permis de finaliser une stratégie de conquête commencée il y a des siècles. Soyons clair, nous parlons d'une conquête occulte que vous dénoncez comme étant organisée par une fraternité qui agit à l'arrière-plan du Lamaïsme.

Vous nous avez contacté sans décliner votre nationalité, hormis votre accent indéfinissable qui pourrait aussi bien être allemand, anglais ou même hollandais. Votre français est excellent, mais vous n'êtes pas de nationalité française. Vous pourriez être un agent de la Chine ou d'un clan opposé aux Gelugpas qui sont à la tête du gouvernement tibétain en exil. Il y a de bonnes raisons pour prendre vos révélations au sérieux, car elles croisent d'autres sources fiables. Ces révélations font exploser la politique des sociétés secrètes et des religions officielles qui leur servent de paravent. Ici se révèlent les plus hauts intérêts des loges qui tirent les ficelles dans l'ombre. Avez-vous une précision à apporter à ces présentations sommaires ?

BHODYOUL : Un asiatique exilé est rarement bavard lorsqu'il s'agit de faits où les chinois et le gouvernement tibétain en exil sont impliqués. S'il n'y avait que moi, ce ne serait pas grave; mais il ne faut pas qu'on identifie ma famille. En donnant le moindre détail sur mes origines, le statut de ma famille et ce que faisait mon père ou mes ancêtres, je crois que les agents chinois et tibétains, pour ne pas citer la CIA, sauraient me retrouver. Je dirai simplement que je suis originaire de la région de Gyantsé, à environ cent kilomètres au nord du Bhoutan. Sans trop me risquer, j'ajouterai que mes ancêtres sont venus du Cachemire, comme nombre de bouddhistes indiens qui fuyaient la répression des brahmanes. Ils étaient reliés à la tradition des anciens arhats. La plupart se sont fondus vers la Chine et le Gobi. II ne demeura que les légendes sur les Lohans - " ceux qui chantent de douce manière "- auxquels les lamaïstes ont emprunté leur science des mantras mais pour un usage inverse, satanique, comme vous dites en occident. Donc je suis bouddhiste, mais de la lignée de la " Bonne Loi " des Arhats de Pou-To.

Un arhat est un " délivré ". C'est ainsi qu'on nommait les disciples de Bouddha qui étaient entrés dans la Libération. En Chinois arhat se dit Lohan, d'où ce nom donné aux confréries ayant fui l'Inde vers le nord. Cet exode commença vers le premier siècle avant J-C. et continue jusqu'au 14e siècle. Puis, le Lamaïsme qu'on appelle Bouddhisme Tibétain, a tout submergé en nous imposant un état théocratique dont la théologie n'est plus bouddhique dans la sens originel. Nous verrons pourquoi.

Parfaitement détachés, les lohans avaient fait le vœu de ne pas résister à leurs ennemis. Ils étaient supposés détenir la véritable science spirituelle qui libère l'âme de l'attachement au monde de l'illusion, alors que la science du lamaïsme a un tout autre usage. Elle renforce les illusions.

UNDERCOVER : Les agents secrets tibétains ?

M. BHODYOUL: Qu'ils soient tibétains, russes, anglais ou américains, peu importe. La politique de la Chine intéresse beaucoup de monde, et ce ne sont pas leurs vieux amis anglais qui me démentiront. Les anglais ne sont jamais loin.

Les médias présentent mes compatriotes comme de purs esprits occupés de métaphysique; mais, bien au contraire, c'est un peuple de fiers guerriers dont l'histoire n'est faite que de luttes entre clans opposés. Les princes des clans et les abbés des monastères se sont toujours fait la guerre pour la suprématie; l'un appelant la Chine à raide et l'autre utilisant les mongols, si bien que nos voisins ont toujours pensé qu'ils étaient chez eux au Tibet. Après tout, lorsque la Chine communiste est arrivée en 1949, elle se sentait dans son bon droit puisque qu'officiellement, le Tibet est un protectorat chinois. Les anglais aussi nous ont envahi en 1994, et la Russie aurait pu très bien se sentir chez elle car certaines républiques socialistes étaient de confession Lamaïste, comme la Mongolie qui redresse la tête.

Le titre de Dalaï-Lama existe seulement depuis la fin du 16e siècle. C'est le descendant de Gengis Khan, Altan Khan, qui le décerna à Gyamtso dont le nom signifie " océan ", ce qui se dit Dalaï en langue mongole. C'est donc un titre honorifique mongol si vous voyez ce que je veux dire...

UNDERCOVER : Le premier Dalaï Lama fut nommé par les mongols pour bons et loyaux services ?

M.BNODYOUL: Oui, car en ce temps là les Gelugpas - les bonnets jaunes - étaient divisés en deux clans ennemis, également en guerre avec les Karmapas et d'autres factions. C'est vraiment trop compliqué à expliquer car, en Asie, les alliances se font, se défont et se ressoudent continuellement. Sünam Gyamtso, qui était Abbé du monastère de Depung et chef des Gelugpa, appela les mongols à la rescousse. Le titre de Dalaï Lama est par conséquent une récompense de guerre. C'est comme si Napoléon avait été couronné par les anglais ! Je ne sais pas si vous saisissez ? C'est difficile à suivre. Sachez quand même qu'avant son exil, l'actuel Dalaï Lama rencontrait le fin diplomate Chou-En-lai lors de visites à New-Delhi.
De son côté, le Panchen lama, le chef du pouvoir réel du Tibet, s'est toujours montré favorable aux chinois. II y a des liens occultes indestructibles.

UNDERCOVER : On comprend mieux pourquoi les chinois prétendent que le Tibet a toujours été une province de leur empire. La révolution communiste a seulement créé un fossé idéologique. Il y aurait un intérêt commun, au delà des régimes et des croyances religieuses.

Pour preuve. on est surpris de voir combien les chinois communistes et athées tiennent à leur incarnation de l'enfant Panchen Lama ! Ils prétendent détenir les preuves occultes de l'incarnation légitime d'un tulkou-fantôme, voilà qui est étrange pour des athées endurcis...

M.BHODYOUL : La division idéologique n'est que de façade bien entendu. Lorsqu'ils sont entrés au Tibet en 1949, les chinois respectaient la religion jusqu'au moment de la révolte des guerriers Khampa qui s'étaient autrefois opposés à la Chine. Était-ce une provocation des chinois ou un prétexte pour déclencher l'exil du Dalaï Lama ? J'ai mon idée à ce sujet.
Le Dalaï Lama quitte le pays accompagné de sa suite d'une centaine de personnes. C'est un point inexplicable car on ne sait pas comment un groupe aussi important a pu échapper à la vigilance de l'armée chinoise qui gardait étroitement le Potala, les extérieurs de Lhassa et qui veillait sur la frontière de l'Inde. A cette époque, il n'était pas difficile de boucler hermétiquement la modeste ville de Lhassa et les routes vers l'lnde étaient bien gardées. Un souverain qui prend la fuite incognito avec sa suite, ses serviteurs et ses bagages à travers des centaines de kilomètres de montagnes, en échappant aux instruments, aux avions et aux indicateurs d'une armée moderne, cela ne s'est jamais vu.

UNDERCOVER : Cela devient très intéressant. Voulez-vous dire que le Dalaï Lama se serait enfui avec la complicité des chinois dans un but politique précis ?

BHODYOUL : Ce n'est pas à un vieil asiatique qu'on fera croire qu'un convoi hautement repérable, conduit par un chef de gouvernement sous haute surveillance, s'est évanoui de nuit dans l'Himalaya pour reparaître mystérieusement dans un palace de New Delhi, sachant que l'Inde n'avait aucune raison d'irriter la Chine rouge. Et pendant ce temps, le Panchen lama - qui est le vrai chef du Tibet - serait resté tranquillement au Tibet. Pourquoi n'a t-il fui, lui que les Tibétains reconnaissent comme leur chef spirituel ?

Cela signifie qu'il n'y a pas de nation tibétaine en exil puisque l'autorité réelle est restée sur place aux commandes du pays, lequel est toujours un protectorat de la Chine selon un accord reconnu par les grandes nations.


UNDERCOVER : C'est un point de vue auquel on ne nous pas habitué. Parlons du mystérieux Panchen Lama, le " Pape noir " du lamaïsme. II est pratiquement inconnu, et le Dalaï Lama dont raffolent les médias a l'air d'un joli papillon qui voltige de ci de là en lançant des œillades et de charmants "tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil !"

Selon vous, il usurpe, puisqu'il n'a jamais représenté le pouvoir réel du Tibet ? On voit que les américains lui font endosser le rôle d'ambassadeur de la paix pour servir la propagande du nouvel ordre mondial dont il est le chantre.

BHUOYOUL : Ce ne sont pas seulement les américains qui le manipulent, mais ses maîtres secrets de Shigatsé. Nous y reviendrons au sujet de la "grande loge orientale".

Le titre de Panchen Lama date du début du 17e siècle. II fut accordé à l'abbé de Tashilhunpo qui devint la véritable autorité spirituelle du Tibet.

Le Dalaï Lama et le Panchen Lama sont reconnus comme deux " incarnations " respectivement d'Avalokitesvara et d'Amitabha, qui sont - pour simplifier - deux hypostases du panthéon tibétain.

Ces deux " esprits " se réincarnent continuellement et vous connaissez les moyens déployés pour les reconnaître lorsqu'ils sont enfants. L'on a retrouvé le bol de l'un et les bottes de l'autre. Le visage du cadavre de l'un s'est tourné en direction du village où il allait renaître, etc...Tout cela paraît charmant aux occidentaux qui s'émerveillent devant ces faits miraculeux. Ce système de réincarnation en vase clos qu'on appelle " tulkou ", permet de concentrer un énorme pouvoir et d'entretenir le système sans interruption. Je vais vous en donner la raison.

UNDERCOVER : En effet si les mêmes esprits retrouvent leur fonction antérieure, ils doivent disposer d'une maîtrise inouie. Ils sont comme des rois qui régneraient au-dessus du temps. Pourtant on ne voit aucune évolution, aucun but autre que magique, puisque cette société était figée autour de ses rites immuables depuis le moyen-âge.

BHODYOUL : Elle n'est figée que de l'extérieur, car en réalité, il y a une intense activité au cour du système Lamaïste. Il y a de puissants penseurs derrière cette façade, et ces cerveaux ont lancé des idées que les occidentaux croient avoir inventées. Entrons dans le vif du sujet.

Le Bouddhisme Tibétain dispose d'une panoplie de pratiques magico-rituelles vraiment exceptionnelle, puisqu'il a recueilli les systèmes magiques des yogis tantriques, les connaissances métaphysiques et médicales des hindous autant que les techniques chamaniques archaïques. Tout cela est enveloppé dans une théologie bouddhique qui est une synthèse entre les courants indiens et chinois.

UNDERCOVER : II y a eu la réforme de Tsongkhapa dont est issue la tradition Gelugpa représentée par le Dataï Lama ?

BHODYOUL : Cette grande réforme du début du 15e siècle a fait du Lamaïsme une religion organisée et centralisée à la manière du Vatican. Le Dalaï lama en est devenu le chef administratif alors que le Panchen Lama est le chef spirituel à l'arrière-plan. J'essaie de simplifier, et cela paraîtra réducteur aux orientalistes, mais qu'importe car ce que je vais raconter leur est complètement inconnu.


UNDERCOVER : On est frappé de certaine similitudes entre le Catholicisme romain et le Bouddhisme Tibétain, tant au plan de l'organisation que du décorum ritualiste, des pratiques dévotionnelles, de la vie monastique et de la hiérarchie sacerdotale avec ses voeux. On dit que ces deux formes de religions sont des résurgences atlantéennes. Y a-t-il eu influence de Rome sur le Tibet ou vice-versa ?
BHODYOUL : Objectivement on sait que des missionnaires catholiques sont entrés au Tibet dès le 14e siècle, et qu'ils y ont été bien accueillis. Ce qui n'est pas anodin.
UNDERCOVER : Au 14e siècle ! On nous a raconté que le Tibet avait toujours été fermé aux étrangers et spécialement aux missionnaires ! II est incroyable que des religieux catholiques aient déjà été présents au Tibet à l'époque où débuta la lignée des Dalaï Lamas...

M.BHODYOUL: Tout ce qui touche le Tibet est désinformé. Les premiers missionnaires du 14e siècle étaient des franciscains, bien avant que ne débarquent les Jésuites qui n'existaient pas à cette date là, évidemment. En ce qui concerne les Capucins, il y a des légendes au sujet de leur goût pour certaines formes de dévotion déviées en sexualité dépravée.

Les jésuites sont, quant à eux, des occultistes qui ont toujours essayé de récupérer les pratiques magiques des cultures qu'ils ont infiltrées. On ne connaît pas les détails de la présence jésuite au Tibet, mais il est prouvé historiquement que le Père Antonio d'Andrade fut reçu en 1624 et qu'il y séjourna plusieurs années, suivi d'autres jésuites portugais - les pères Cabral et Cacella - qui séjourneront à Shigatsé aux alentours de 1626-1630, sous la protection des princes du Tang. Des jésuites protégés des princes Tibétains ont habité à Shigatsé, le sanctuaire de la " grande loge blanche " ! Nous en avons la preuve.

UNDERCOVER : Voilà qui commence à devenir excitant. Si les jésuites étaient au Tibet au tout début de la lignée du Panchen Lama qu'on considère comme le " Pape secret des tibétains", on peut supposer qu'ils ont peut-être influé sur une organisation dont le chef ressemble étrangement au Général de la Compagnie de Jésus. N'oubliez pas l'aspect martial dans tout cela. Ce sont des ordres religieux structurés comme une armée prête au combat.
On dit que le Pape du Vatican est le " pape blanc " par opposition au " pape noir ", le Général des jésuites. De plus, ces jésuites s'installèrent à Shigatsé, la ville ésotérique par excellence, la résidence des chefs occultes du Tibet que la Théosophie a appelé les " maîtres de sagesse de la grande loge blanche ". Y a-t-il y une relation entre les Jésuites et la fameuse " grande loge du Tibet " ?


BHODYOUL : Vous avez mis dans le mille. Je vous félicite car peu de chercheurs sont aussi perspicaces. Je ne connais qu'un ou deux ésotéristes qui ont connaissance de ces faits et qui savent les interpréter comme il se doit. Mes recherches m'ont montré que la fondatrice de la Théosophie, Héléna Blavatsky, qui révéla au monde l'existence de la confrérie secrète du Tibet, n'a pas eu connaissance de la présence des jésuites à une date si ancienne, c'est à dire quasiment lors de la naissance du Lamaïsme moderne. Elle semble ignorer, à moins qu'elle ne le dissimule, que des missionnaires italiens ont été acceptés dans des lamasseries comme étudiants en théologie, et qu'ils rédigèrent des dictionnaires et des traités en tibétain. Les universitaires occidentaux rédigent leurs thèses à partir d'authentiques traités de Bouddhisme Tibétain écrits par des jésuites ! Vous me suivez ?
En tout cas, Blavatsky, malgré ses œillères de médium. a parfois des éclairs de lucidité. Mais elle est si fanatiquement attachée à la " loge orientale " qu'elle fait l'impasse sur la présence de jésuites à Shigatsé, la ville sacrée de ses initiateurs occultes. Ce serait pour elle un blasphème que d'oser soulever le voile qu'elle prétend avoir déchiré dans son livre " Isis dévoilé ". Mais Isis n'est pas dévoilée. Je vais vous dire un secret sur le sort de la dame russe qui a fondé la Théosophie. Elle fut emprisonnée magiquement par une fraternité maçonnique occidentale car elle refusait de se plier à leurs conditions. Elle n'en fut délivrée que par la loge orientale qui la plaça de ce fait sous une camisole occulte encore plus étouffante. C'est le sort des médiums de haut niveau. Dans ces conditions, lorsqu'elle dénonça sévèrement l'emprise des jésuites d'Occident, Héléna Blavatsky oublia qu'elle était devenue la dupe des Lamas-jésuites de l'Orient. Nul ne peut échapper au venin, après avoir osé s'approcher du nid de serpents de la " loge planétaire ". Mais, quoi qu'il en soit, je suis reconnaissant à Blavatsky de nous avoir mis sur la piste de la loge orientale car mes compatriotes tibétains sont loin d'imaginer ce qui se cache derrière leurs révérés lamas. Le fait historique que des jésuites ont infiltré le Lamaïsme est d'une immense importance pour comprendre la politique du nouvel ordre mondial et les accords secrets entre la grande loge orientale, le Vatican et les sociétés secrètes occidentales.


UNDERCOVER : C'est extrèmement troublant lorsqu'on sait que l'ordre interne des jésuites poursuit un plan de conquête mondiale sous couvert de religion. On peut en déduire que leur plan passe par le Tibet et que d'une façon qui nous échappe, les Tibétains collaborent avec les jésuites en vue d'établir une théocratie mondiale qui prendrait la forme d'une religion œcuménique.


BHODYOUL : Laissez-moi vous en raconter un peu plus. Un jésuite des années 1630 qui devenait étudiant dans une lamasserie était de fait reconnu et initié en tant que moine lamaïste; ce qui signifie que certains lamas Tibétains sont en réalité des pères jésuites. Vous en trouverez facilement les preuves dans des livres d'histoire qui n'ont rien d'ésotérique comme par exemple " La civilisation Tibétaine " du professeur R.A Stein, directeur d'études à l'Ecole pratique des Hautes Etudes (Dunod-Paris 1962).
En fait, les choses ne sont pas dites clairement sur ce sujet, car il est conseillé aux universitaires de ne pas égratigner les contes de fée du Tibet. Certains ne parlent de la présence Jésuite au Tibet qu'à partir du 18e siècle, c'est à dire quatre siècles après les premières visites des missionnaires occidentaux ! Mais, l'on sait que des princes de la maison d'Orléans se sont également rendus au Tibet.
Connaissant le goût des jésuites pour la magie et la politique, on peut imaginer que leur présence à Shigatsé soit le signe d'un accord spécial entre l'Ordre Jésuite et la " grande loge orientale ". N'allons pas trop vite nous imaginer que l'un puisse bluffer l'autre, mais il s'avère qu'à un moment historique, le pouvoir réel derrière le Vatican a négocié avec le pouvoir occulte oriental. Ce sont des faits.

UNDERCOVER : Est-ce que le Panchen Lama, que vous considérez comme le pape occulte du Tibet, serait directement connecté avec la mythique "grande loge blanche"?

BHODYOUL: Pour des raisons politiques et occultes, les Panchen Lamas ont toujours été proches des chinois, et c'est pourquoi le dernier en date - mort à la fin des années 80 - était resté au Tibet puis résida ensuite en Chine. On peut y voir le signe que le véritable pouvoir spirituel est demeuré dans la maison et que les chinois l'ont toujours protégé, si ce n'est accaparé. Beaucoup d'aspects sont totalement secrets, et les Tibétains eux-mêmes sont dans le même état d'ignorance sur leur hiérarchie que les catholiques à régard de la politique secrète du Vatican.

Les faits sont les suivants: le Panchen Lama de Tashilunpo réside à Shigatsé où les Théosophes ont localisé le centre des initiés de la loge orientale.. De plus, l'un de ces initiés, connu sous le nom de Djwal Khool dans les milieux de la Théosophie et du nouvel âge, a avoué qu'il assumait des fonctions dans une lamasserie. Est-ce lui le Panchen Lama, le chef spirituel du lamaisme ? Ou bien le Panchen Lama qu'on nomme également Tashi Lama du nom de sa résidence Tashilunpo n'est-il qu'une couverture ?

Le Bouddhisme Tibétain officiel semble ignorer l'existence de ses chefs occultes, ce qui est la règle dans le système clos d'une société secrète dont le cercle le plus extérieur ignore l'existence du cercle intérieur, et nul ne peut par conséquent s'approcher du noyau. Ainsi, on distingue au moins trois cercles sur le plan physique. Le plus large est le lamaïsme officiel qui s'étale à la devanture des librairies et dans les médias comme la référence en matière de spiritualité. Il dispose d'une infrastructure de milliers de centres culturels et de monastères sur la surface du globe, et son chef le Dalaï Lama est la vedette des médias. Ce sont les loges qui l'ont mis sur ce piédestal, sinon il ne serait pas plus célèbre que n'importe quel chef d'une minorité religieuse, fut-elle kurde ou amérindienne.

C'est la façade commerciale. Le sourire et les belles paroles. II est d'une habileté extraordinaire, et ses chefs sont fiers de lui.

En second, vient le pouvoir réel qui est représenté par le Panchen Lama. La diplomatie chinoise nous dissimule son rôle jusqu'à prétendre détenir l'enfant destiné à la succession au titre de Panchen Lama.

Enfin, il y a le noyau occulte de la loge de Shigatsé, ville proche de Tashilunpo qui est la résidence du Panchen Lama dont on peut penser qu'il fait la jonction entre le noyau interne de la loge orientale et le lamaïsme de façade.

Ce noyau idéologique est devenu mythique à travers les écrits théosophiques qui en parlent comme d'une confrérie d'êtres immortels qui dirigent l'évolution humaine. Certes, ils disposent de pouvoirs exceptionnels, dont celui de se réincarner dans le corps de leur choix, mais cela n'en fait pas des libérés pour autant. Bien au contraire. Ce sont plutôt des entités retardataires absolument rivées au plan terrestre et qui servent eux-mêmes des intérêts politiques supérieurs. Ils usurpent les titres et les noms des grands saints et des initiés de l'antiquité. Tout cela est du cinéma sur l'écran de Maya le grand illusionniste.

UNDERCOVER : Il existe une littérature foisonnante sur les maîtres secrets de la loge du Tibet. Qui est dans le cercle intérieur de cette loge orientale ? Et quel en est le but ?

BHODYOUL: J'ai découvert ces choses lors de mes recherches en Occident, car mes amis tibétains érudits sont aussi ignorants sur leur religion que les chrétiens.

Je n'ai donc pas été aidé de ce côté, mais avec le recul, il me revient parfois des souvenirs de jeunesse qui éclairent la face cachée de la culture dans laquelle j'ai été élevé.

Je peux dire avec certitude que les légendes de la "Grande Loge Blanche" des initiés d'Orient sont un leurre, car une confrérie secrète qui s'extériorise publiquement cela n'existe pas. On peut dire tout au plus qu'elle peut dévoiler son existence avant de muter à un autre niveau. Tous ceux qui prétendent avoir été en contact avec la " loge des maîtres du Tibet ", et qui s'intitulant " disciples des maîtres ", ont été leurrés par des intermédiaires. Indéniablement, il existe une fraternité secrète qui veille sur l'humanité mais elle n'est pas de la nature qu'on imagine en fonction de notre conditionnement religieux enfantin. Ses buts secrets ne vont pas dans le sens de notre idéalisme. A propos d'idéalisme, nous verrons comment la prétendue " grande loge blanche " utilise notre sentimentalité en nous faisant rêver avec une série d'illusions romantiques déversées dans l'atmosphère à partir du toit du monde.

J'affirme, et je peux démontrer, que les rites du Bouddhisme Tibétain sont négativement magiques, et que les répétitions lancinantes d'invocations ont un but précis, et dirai-je, une fonction scientifique. Ce que j'ai découvert a été corroboré par quelques clairvoyants, fort rares au demeurant; l'organisation du Lamaisme est centralisée et hiérarchisée afin de répondre à des normes de magie collective. Les techniques de méditation et de visualisation n'ont pas pour but de libérer l'esprit mais d'émettre des flots d'énergie qui sont soigneusement canalisés et diffusés sur la Terre.

Il s'agit d'une gigantesque centrale de production énergétique employant des dizaines de milliers d'organismes humains parfaitement préparés - ils étaient jusqu'à 500 000 moines - afin de générer un flux télépathique depuis le toît du monde qui est une situation exceptionnelle pour déverser des ondes vers l'occident. Cette station émet depuis des siècles sur la fréquence de nos aspirations et de nos idéaux. Je vous expliquerai comment cela fonctionne, car il s'agit d'une science exacte.

UNDERCOVER : Vous pouvez y aller. Nous essaierons de suivre même si cela nécessite un effort. D'après ce que vous m'avez confié, cette science est la clé absolue pour comprendre la fonction d'une hiérarchie sacerdotale.

BHODYOUL: La pureté de l'air des hauteurs de l'Himalaya est particulièrement conductrice pour émettre des signaux télépathiques de qualité. Ces signaux sont pulsés avec force grâce aux rites répétitifs se déroulant jour et nuit depuis plusieurs siècles. C'est pourquoi il existe une double hiérarchie: celle des initiés de la grande loge blanche qui sélectionnent le contenu des messages, et celle des lamas, qui dynamisent ces émissions télépathiques par leurs exercices spirituels sans en connaître le véritable sens.

Les milliers de villes-monastères qui ont rassemblé jusqu'à 800 000 moines sur les hauts plateaux du Tibet avaient un autre but que l'étude des sutras et la méditation sur la vacuité. C'est la plus vaste entreprise de propagande de tous les temps, plus puissante que l'islam ou Rome, car le Lamaïsme a travaillé dans le secret. Le véritable pouvoir est un pouvoir secret.

UNDERCOVER : Avant d'aller plus loin, si on parle de similitude de moyens et d'objectifs entre les Lamas et les Jésuites, c'est parce qu'ils utilisent les mêmes techniques de visualisation. Cette méthode de projection mentale serait-elle à la base du système de conquête télépathique des occultistes orientaux ?

BHODYOUL: C'est exact. Les exercices d'Ignace de Loyola sont calqués sur les techniques du yoga tantrique indien qui fut adapté par les lamas. De plus, le processus d'éveil qu'on prête à Loyola lors de son " illumination " s'est appuyé sur la technique tantrique de sublimation de l'énergie sexuelle. Cela nous indique gu'Ignace de Loyola, le saint vénéré par l'Eglise Catholique, est en réalité un initié venu d'Orient pour accomplir une mission à l'intérieur du Catholicisme.

Après avoir fondé son ordre à Rome au 16e siècle, Loyola envoya immédiatement des missionnaires en Inde, au Japon, en Chine et au Tibet pour boucler le circuit. Cela explique pourquoi les jésuite ont trouvé bon accueil dans les lamasseries dès le début du 17e siècle. Ils retrouvaient leurs racines en quelque sorte. II faudrait rechercher si Tsongkahapa, le fondateur des Gelugpas, dont le Dalaï Lama est le chef, ne s'est pas incarné dans la personne d'Ignace de Loyola lui-même après avoir solidement établi son système de lamaïsme réformé sur le modèle de la hiérarchie Catholique. Loyola est né en Espagne vers 1490, soit 70 ans après le mort de Tsongkhapa (1419), ce qui est un délai acceptable pour la réincarnation d'un tulkoufanteme. Ajoutons que l'Espagne est la porte d'entrée pour des esprits venus d'autres civilisations lorsqu'ils s'incarnent pour la première fois en Europe. Il est troublant de constater combien la réforme de Tsongkhapa, fondateur du lamaïsme moderne, ressemble à l'ordre hyper-centralisé d'Ignace de Loyola; l'un se réclame de Bouddha et l'autre de Jésus, avec un dogmatisme et un désir de domination assez semblables, alors que leurs pratiques respectives ne sont ni bouddhistes ni chrétiennes, mais s'enracinent dans le yoga et le développement des pouvoirs psychiques.


On remarque que ces deux groupes ont travaillé avec des stratégies apparemment opposées, comme s'ils étaient en compétition, ce qui participe certainement d'un plan cohérent à un plus haut niveau. En effet, alors que le Vatican a lancé ses troupes à travers le monde pour faire des conversions par l'épée, à l'opposé, les Tibétains ont travaillé d'une manière statique en se concentrant sur le toit du monde afin de répandre leur influence par télépathie. Aujourd'hui, ils sont descendus dans la plaine pour parachever leur grand oeuvre. Ils ont fondé des centres dans tous les pays du monde. Voilà à quoi l'exil peut servir, à l'image de la diaspora juive qui a étendu un réseau international que les rabbins contrôlent par la "loi Mosaïque" et le Talmud. Les lamas Tibétains sont désormais installés dans tous les pays, alors qu'ils n'étaient encore qu'une poignée de réfugiés sans ressources il y a cinquante ans. Or, l'argent ne manque pas.

UNERCOVER : D'où vient l'argent, car il en faut énormément pour entretenir ces milliers de moines non productifs et verser la pension des éminences du Lamaïsme qui ont le rang d'évêques, tout en entretenant un gigantesque parc immobilier de monastères et de centres culturels ? Ils ont bénéficié de passe-droits, comme si une organisation fantôme écartait tout obstacle devant eux et signait les chèques en blanc. Aucune religion minoritaire n'est autant privilégiée, car généralement les communautés sont dénigrées. Les sectes tibétaines ne sont pas inquiétées par les chasseurs de sectes qui préfèrent s'en prendre à des minorités chrétiennes dont les règles sont plus souples. C'est comme si des paysans de Bourgogne, de Dordogne ou de Bretagne, se réveillaient un beau matin avec un monastère tibétain au bout de leur champ et qu'ils se disent, à l'heure de l'apéritif : " Pour notre salut voilà encore de saints lamas descendus de l'Himalaya nous apporter le précieux joyau dans le lotus". Même chose en Ecosse, en Russie ou à la Martinique. Partout. Il y a là quelque chose de bizarre, mais tout le monde trouve cela normal sauf quelques esprits qui s'interrogent sur la place éminente accordée à ce Bouddhisme des neiges dans la fabrication d'une nouvelle religion mondiale. Si on en croit les livres tibétains exposés dans les librairies spiritualistes, on veut nous convertir de force. Même des sympathisants du Bouddhisme en éprouvent un malaise comme devant une exhibition impudique. Qui est derrière cette réclame grossière si peu en harmonie avec les principes bouddhiques ?

BHODYOUL : Cherchez le financier. Nous savons que les américains versent une rente au Dalai Lama et que les sponsors jésuites aident beaucoup. Cela permet de s'interroger sur la fortune des jésuites. Ils auraient des banques fondées sur le pillage de rois, des indiens d'Amérique centrale et de leurs piratages en Asie. Ils se sont également enrichis dans le trafic d'esclaves puisqu'ils étaient dans l'ombre des conquérants, leurs hommes de main servant aux basses oeuvres. Mais cela nous éloigne du véritable problème. Quel est le but politique de la hiérarchie tibétaine ? Voilà ce que nous devons comprendre.

UNDERCOVER : Vous avez parlé d'une panoplie " d'illusions mentales " qui auraient façonné la culture mondiale actuelle, sous ses aspects politiques, culturels, scientifiques et religieux. Cette analyse semblera incroyable à beaucoup; mais après coup, on se dit qu'il n'y a peut-être pas d'autre explication à la tournure que prend la civilisation planétaire avec ses valeurs factices et faussement généreuses qui nous sont imposées par la contrainte de la propagande. Comment les grands magiciens du Tibet, peut importe qui ils sont, ont-ils pu nous imposer des comportements et un mode de vie que nous croyons issus de la modernité ?

BHODYOUL: Je vais vous répondre aussi clairement que possible, si vous acceptez d'ouvrir votre esprit à des données ésotériques qui ne sont pas admises dans votre culture. Pour nous, orientaux, la télépathie n'est pas un mystère mais un fait banal. Pendant que vous étiez occupés à conquérir le monde pour bâtir votre empire matériel, nous avons développé d'autres facultés. Les pouvoirs psychiques d'un yogi n'ont rien de miraculeux, il suffit de se concentrer et de prendre son temps. Certains parviennent à léviter et d'autres facéties aussi spectaculaires que stériles du point de vue spirituel. Lorsque vous rassemblez des centaines des milliers de yogis au sein d'une organisation centralisée afin de les aligner sur la même fréquence psychique à l'aide de rituels établis dans ce but, vous allez mettre en marche une usine mentale d'une puissance nucléaire. Chaque yogi est sensé obtenir un grand pouvoir de concentration grâce à des techniques de visualisation. Ces méthodes vantées comme des systèmes de méditation pour apaiser l'esprit utilisent des images de divinités qu'il faut parvenir à faire vivre par l'imagination.

Le lama qui médite sur l'image d'une déesse, doit finir par la voir comme si elle se tenait en chair et en os devant lui. Puis il doit apprendre à la dissoudre ce qui n'est pas évident. Vous voyez la portée de ces exercices ? C'est exactement ce que font les Jésuites avec les exercices de Saint Ignace qui ont été introduits dans tous les milieux religieux en parallèle avec le bouddhisme tibétain.

Lorsque vous avez obtenu cette maîtrise du mental, vous imaginez sans peine les résultats qu'on peut obtenir en ressemblant des milliers de moines-yogis qui accomplissent un rituel magique à la mêne heure ! Or, le Tibet a fonctionné avec des centaines de milliers de yogis ainsi formatés, certes de niveaux inégaux, mais dont le collectif dégageait une puissance inimaginable.

Ce n'est là que la machine de propulsion - le carburant - car au-dessus de l'usine, il y a des opérateurs conscients qui savent l'utiliser à des moments propices en fonction de la course du soleil et des rythmes planétaires.

UNDERCOVER: C'est compréhensible, mais dans quel but?
Si c'est pour l'évolution, pourquoi les tibétains ont-ils soutenu Lénine et Hitler

BHODYOUL : Ce qui vous trompe, c'est le concept de l'évolution historique. II y a un progrès de la civilisation, mais il est relatif. Les esprits qui dirigent les flux télépathiques jouent sur les registres des idéaux de progrès et d'évolution.

Ils savent envoyer des injonctions que nous prenons pour nos propres aspirations. Cela va de la gamme des utopies politico-sociales jusqu'au messianisme, en passant par les bons sentiments. Si l'on veut maintenir le contrôle, il faut proposer une illusion positive, quitte à lui opposer des horreurs afin de rendre l'espoir en un monde meilleur encore plus désirable.

Vous citez Hitler, et il est vrai que des lamas tibétains l'ont appuyé. Des nazis se sont rendus au Tibet pour y être initiés à certains secrets ésotériques. Le choix de la Svastika comme emblème du national-socialisme en est le meilleur exemple. Mais les tibétains ont leurré les rêveurs nazis, et ils ont finalement favorisé leur perte. Quant à Lénine, il fut adepte de la loge orientale. Cette loge des " maîtres de sagesse " n'en est plus à un génocide près, puisque la plupart des horreurs sont sorties de sa pochette surprise, avec en prime le new age et l'idéal du meilleur des mondes. Mais revenons aux aspects techniques de la centrale télépathique. Il y a sept niveaux d'énergie dans la nature, sept qualités depuis les solides jusqu'à l'éther supérieur. Cet éther supérieur emplit l'espace, et il est d'une qualité si subtile qu'il peut réfléchir les idées. A certains moments propices des flux de pensées sont envoyés dans l'atmosphère et se gravent dans l'éther.

Dans l'homme, certains centres sont sensibles à cette fréquence vibratoire, par exemple, la glande pinéale que les anciens considéraient comme le siège de l'âme. C'est ainsi que le cerveau photographie les idées qui sont dans l'air. Si l'idée s'harmonise avec votre aspiration personnelle, elle sera retenue pas votre conscience qui se l'approprie. Alors, vous y répondrez par une réflexion consciente, et vous réagirez à cette impulsion. Cette réponse mentale va retourner vers la source d'émission et c'est ainsi que les opérateurs vérifient l'effet de leur projection grâce à leur technologie occulte. J'essaie de résumer.

C'est la première phase de test. Une idée est lancée sur le monde et l'on vérifie si elle trouve un écho dans les esprits-cibles qu'on veut influencer. Lorsque le test est positif, on commence à entrevoir son impact à travers ceux qui " s'échauffent " avec cette idée nouvelle. Ce sont les " branchés ", ceux qui lancent les modes et les mouvements d'opinion. Alors, on envoie une deuxième émission télépathique qui sera cette fois de nature émotionnelle, en stimulant la qualité d'éther au dessous de la précédente. On la nomme " éther lumineux ". Je vous passe les termes de la tradition ésotérique et le sanskrit.

Pour cette opération visant notre émotionnel, des rituels magiques à base de musique, de chants, de danse, de gestes sacrés, d'encens et d'autres ingrédients seront utilisés. Le courant sera dirigé vers ceux qui ont reçus le premier branchement et qui ont réagi de manière positive à la cuti. Il s'agit alors, pour les magiciens opérateurs, de graver leur message dans notre sang afin d'accorder l'émotion à la pensée. La tête et le coeur sont reliés à l'idée qui devient alors comme notre propre création. On s'échauffe pour cette " généreuse idée " et on est prêt à agir pour la réaliser. Je résume un processus très complexe. A ce seuil de préparation, la phase de conditionnement suivante est prise en charge par les écrivains et ceux qui sont les propagandistes de l'idée en vogue. Vous pouvez vérifier ce processus si vous suivez révolution de la société à travers le miroir des médias. Mais, la plupart du temps, le fait d'y accorder de l'attention nous y relie à notre détriment

On ne veut pas rester en dehors du coup. C'est mal vu d'être un ringard qui n'est pas bien informé. C'est mal vu d'être un réactionnaire. etc... Où que l'on aille, quoi qu'on fasse, la propagande s'insinue en nous. Vous verrez qu'il y en a pour tous les goûts et toutes les sensibilités.

Au niveau le plus bas de l'opération d'influence télépathique, nous sommes finalement mobilisés par l'instinct de propagation qui nous pousse à répandre nos idées à cause du désir fondamental de procréation et de survie. Au stade le plus matériel, les opérateurs veillent à ce que notre alimentation soit adaptée au résultat que l'on veut obtenir. Réfléchissez à la volonté de nos gouvernants de dénaturer la nourriture. Demandez-vous à présent ce que cachent les manipulations génétiques des produits naturels ? Cela indique le seuil de conditionnement qui a été atteint au niveau de nos facultés supérieures.

Je vous donne ici la réponse à bien des questions écologiques comme argumentation de la radio-activité, si nécessaire pour amener le système nerveux à un niveau vibratoire négatif. Ainsi, ce processus morbide finit par nous rendre absolument convaincus de la vérité des idées qu'on nous a injecté de manière subliminale, et, au stade terminal, cette opération peut nous transformer en chiens policiers de l'ordre établi. Je pense à ceux qui liront mes explications iconoclastes sur le Lamaisme tibétain et qui en seront choqués ! Je n'ai pas les moyens magiques de la " grande loge blanche " pour les convaincre ! Je parle comme un homme ordinaire, mais ils ne veulent croire que les autorités. J'espère que ces explications sommaires sont suffisantes car il faudrait un véritable exposé technique, ce qui serait franchement indigeste. Chacun peut y réfléchir par lui-même, et s'il est attentif aux signes des temps, il comprendra ce que je veux dire.

UNDERCOVER : Il est en effet difficile de s'imaginer comment des cerveaux coordonnent une telle opération. Mais, sachant qu'il s'agit d'esprits dotés de facultés surhumaines, on peut admettre cette machination. En y réfléchissant, cela éclaire la destination réelle de ces monastères et de ces rituels dont on ne voyait vraiment pas l'utilité spirituelle. Il reste encore un point à éclaircir, c'est la finalité de ce jeu.

BHODYOUL : C'est sans doute l'aspect le plus difficile à comprendre. Les spiritualistes classiques vous diront qu'il est salutaire qu'il existe une fraternité qui fasse évoluer la civilisation humaine. C'est l'argument qui revient toujours: L'ÉVOLUTION ! Les " maîtres " nous aideraient à évoluer d'âge en âge, et ce plan est si grandiose que nous ne pouvons pas comprendre leurs méthodes. Cela est fondé sur le dogme d'une évolution ascendante vers un monde de plus en plus parfait. C'est absolument contraire aux faits et à l'entropie universelle, mais cette idée est le dogme dominant dans notre culture. On pense que tout va aller de mieux en mieux: que nous nous élevons vie après vie vers les hauteurs de la perfection, jusqu'à devenir semblables à des dieux. Cette théorie ne souffre plus de contradiction dans la plupart des milieux spiritualistes, car sans elle, la vie deviendrait absurde. Réfuter ce dogme évolutionniste n'est plus toléré, et l'on vous prend pour un nihiliste si vous vous y risquez. Pourtant la théorie de l'évolution progressive vers la perfection est une source de souffrance et de désillusions aussi infinie que cette évolution elle-même. Selon les plus anciennes traditions, l'évolution tourne en rond et le temps se mord la queue en décrivant des cercles sans fin, jusqu'à ce que nous décidions d'en sortir. Il faut s'évader du cercle du temps. C'est le but de la religion véritable : l'immortalité.

Or, les puissances qui vivent dans le temps cyclique ne veulent pas qu'on s'en échappe, car cela signifierait la fin de ce scénario.

Le message originel du Bouddha était un appel pour s'arracher au sortilège du circuit de l'évolution farinée, mais les gardiens du système temporel ont riposté en diffusant la doctrine de l'évolution progressive.

Ils disent: " Avec le temps vous allez devenir des dieux sur une terre parfaite. Ne cherchez pas une autre issue. " Demandons-nous depuis combien de temps cette idée est dans l'air, et qui l'a apporté au début ? L'évolutionnisme est-elle une idée religieuse traditionnelle ? Est-elle contenue dans les enseignements des grands sages du passé ? Ne s'agit-il pas d'une interprétation qui aurait été détournée de son sens originel ? A chacun de se poser la question, car je ne veux pas attaquer un dogme avec un autre dogme. Toutefois, on observe que l'évolutionnisme spirituel est une idée moderne spécifique, répandue par les lamaïstes et les adeptes de la Théosophie orientale dont c'est l'idée fixe, le dogme incontournable, la doxa suprême.

UNDERCOVER : En quoi est-ce si important? Ce n'est qu'une idée et les idées changent à toutes les époques. Mais vous avez sans doute raison lorsque vous affirmez que les grands sages comme Bouddha et Jésus-Christ n'ont pas prêché l'évolutionnisme spirituel mais plutôt le détachement de l'illusion de l'existence par un effort radical durant la vie présente.

BHODYOUL : Je veux simplement montrer que cette théorie nous a été inspirée par la grande loge orientale. C'est elle qui a fondé l'organisation du Lamaïsme dans le but de rayonner cette idée et toutes les illusions qui en découlent. Je m'explique. Si l'on arrive à nous convaincre d'une idée supposée répondre à la question essentielle de l'existence, alors on peut nous conditionner à accepter ses applications dans tous les domaines de la vie. Je voudrais essayer d'être le plus clair possible...

UNDERCOVER : Si nous comprenons bien, selon vous, la théorie évolutionniste ne peut s'appliquer qu'aux phénomènes naturels et seulement de manière relative puisque tout est cyclique et que les choses reviennent toujours à leur point de départ. C'est pourquoi les anciens hindous et les autres civilisations ont découpé le temps circulaire en quatre cycles inégaux comme l'âge d'or, l'âge d'argent, l'âge de cuivre et l'âge de fer. Après l'âge de fer revient l'âge d'or, etc... Cela ne concerne que l'histoire du monde et c'est pourquoi la tradition universelle dit que le germe de l'identité humaine n'est pas affecté par ces cycles. Notre âme serait donc placée dans ces conditions changeantes sans que cela affecte son caractère immuable en tant que parcelle divine. Est-ce l'idée traditionnelle ?

BHODYOUL- Avec des variantes, c'est le fondement de la philosophie éternelle - la philosophia perennis. Lorsqu'on scrute les mythes sacrés des révélations religieuses originelles, elles disent toutes la même chose. Mais dès que ces religions s'installent dans le temps, elles inversent leur message initial à des fins temporelles. Avec le temps, il faut durer, et la survie temporelle supplante la recherche de l'éternité. Durant le présent cycle qu'on appelle " âge noir ", il est écrit que la vérité est perdue et qu'elle est remplacée par des illusions si flatteuses que tous les hommes les adoptent comme étant la " vérité ". Or, il n'y a rien de plus agréable à entendre pour l'homme civilisé que l'idée qu'il est un dieu en évolution, et que peu à peu il s'approche de la perfection. Cette perfection peut être vue comme un but individuel ou social, et dans ce cas, la science accomplira le salut rédempteur. Le dogme de l'évolution gagne sur tous les tableaux aussi bien scientifique que spirituel. Le progrès devient une religion qui apporte de nouveaux espoirs toujours renouvelés. Dans ce " nouvel âge " de l'âge noir, la spiritualité est vécue comme une succession d'améliorations psychiques avec la promesse ultime de décrocher le nirvana. La quête du sacré s'efface devant le développement personnel. Alors, d'innombrables illusions doivent nécessairement apparaître puisque la voie leur est grande ouverte. C'est le règne du " toujours plus et toujours mieux " avec des résultats incontestables à certains niveaux mais sans que le problème fondamental de la vie et de la mort soit réglé. C'est ainsi que depuis quelques siècles, certaines idées ont pris le pouvoir. Une idée ne sort jamais du vide mais elle est toujours produite par un cerveau pensant. En l'occurrence, la loge orientale prétend avoir apporté l'idée d'un progrès spirituel pour la planète et ses habitants. Ce progrès devrait établir un royaume divin sur la Terre et supprimer tous les maux y compris la maladie et la mort. C'est leur idéologie, et il est naturel qu'elle séduise le grand nombre. Mais, attention, ce n'est qu'une idéologie qui veut parvenir au "Bien" par opposition au "Mal". Cet idéalisme est réactif et il se peut qu'il ne soit absolument pas en harmonie avec les lois cosmiques. S'il s'agit d'une illusion typique de l'âge noir, alors, ceux qui la diffusent y ont un intérêt vital. Si on en croit la puissance qu'ils déploient pour nous convaincre de leurs idées, c'est que cette propagande doit leur assurer également un progrès. Vous comprenez cet objectif de haute politique ? Ils sont en train de mettre en place une civilisation entièrement centrée sur l'espoir du progrès matériel et de l'évolution spirituelle. Pourquoi le font-ils ? Pourquoi cet effort? Pourquoi cette incroyable machinerie à conditionner les masses en les unifiant autour d'illusions flatteuses comme l'unité, la paix et la fraternité humaine ?

II y a des illusions pour chaque type humain, depuis la brute jusqu'aux êtres les plus raffinés. Si vous n'êtes pas réceptif à telle illusion, vous répondrez à une autre mieux accordée avec votre état d'être. J'ai décris plus haut comment ils s'y prennent pour nous accrocher.

UNDERCOVER : Il est assez facile d'échapper à une impression mentale d'un ordre dégradé ou trop négatif, mais personne n'échappe aux illusions agréables, surtout lorsqu'il s'agit d'idéaux apparemment nobles et humanistes.

BHODYOUL : Vous avez compris le problème des temps modernes. On ne peut échapper à la civilisation même si on se réfugie dans une grotte. Il faut s'adapter et ouvrir l'oeil pour ne pas se faire pincer. Celui qui s'abandonne risque de perdre son âme tout en croyant s'améliorer. C'est cela l'âge noir. Mais je ne voudrais pas dramatiser outre mesure car je crois en la force de l'Esprit et en la délivrance ultime.

UNDERCOVER : Pouvez-vous faire un pronostic sur les prochaines échéances planétaires ? Qui va l'emporter ?

BHODYOUL: Je vous rassure immédiatement, sauf si vous ne partagez pas ma vision - ce qui se comprend très bien, car nombre de personnes au cœur ouvert sont aujourd'hui la cible d'une double illusion, soit par exaltation pour un monde meilleur, ou par dépression devant les perversités de l'époque. Les temps sont durs, et cette dépression exprime un refus de se laisser emporter par des illusions qu'on pressent vaines et finalement génératrices de déception. Voyez la misère des milieux new age, cette lutte pour " un mieux être " en s'accrochant à des régimes et des techniques de développement personnel superficielles dont le reflet positif se manifeste surtout dès qu'on les abandonne. Vous me suivez ? Je vous passe les détails sur ce trafic.

Y a t-il un espoir que cela cesse ? Tout dépend de notre force intérieure pour refuser les sollicitations qui sont dans l'air du temps. Selon des sources fiables, la fraternité orientale va perdre la partie car une autre fraternité est actuellement occupée à enrayer le processus d'étouffement de la conscience.

UNDERCOVER : Enfin! Voilà ce qu'il faut nous dire. Si vous le permettez, je dirai que vous n'êtes pas un oriental pour rien. Vous avez l'art de nous amener au bord du gouffre pour mieux nous tendre la main au moment de la chute. Ainsi, vous dites que vos compatriotes lamaïstes vont perdre la partie car une autre fraternité va briser le plan du nouvel ordre mondial. C'est une perspective réjouissante pour ceux qui souffrent sous le joug du monde moderne.

BHODYOUL : D'abord, une mise au point sur les moines tibétain. Mes compatriotes ne sont pas en cause, mais ils sont victimes de leur piété. On les opprime magiquement en les tenant en réclusion sous le carcan d'une religion rétrograde issue de l'Atlandide.

Ce sont les tulkous-fantômes qui sont coupables, ceux qui nous utilisent comme du bétail pour servir leur visée politique de conquête mondiale. Certes, ils n'ont pas encore abattu le jocker qui devrait leur donner un peu de répit face à la fraternité qui va les anéantir.

UNOERCOVER : Jouez-vous au supplice chinois ou tibétain ?

BHODYOUL : Leur dernière carte, ce sera de proclamer que l'espérance de tous les peuples est enfin accomplie. Ce sera l'annonce internationale que le Christ est revenu sur Terre, et cela sous toutes les nuances des diverses cultures.

UNDERCOVER : Nous avons déjà parlé de cette affaire dans Undercover no 1 sous le titre " Blue Beam " qui est un projet de la NASA pour faire apparaître des êtres célestes.

BHODYOUL : Oui, ce projet envisage de produire des hologrammes imitant les divinités des panthéons religieux. Mais, avez-vous déjà pensé que la loge orientale peut faire apparaître des anges et des êtres invisibles enrobés de lumière astrale ?

Nos gardiens de " l'évolution " qui savent si bien nous influencer philosophiquement ont également la pouvoir de subjuguer des créatures des mondes invisibles et de les amener jusqu'au seuil de notre dimension par des méthodes magiques. Il ne s'agit donc pas uniquement de technologie. Les anges aussi se font emprisonner. Quoi qu'il en soit, les frères orientaux ont préparés un être qu'ils nomment Maitreya - en usurpant le nom du Bouddha futur - afin de lui faire endosser le rôle du Messie. On ne sait d'ailleurs pas de quoi il va sauver la Terre, puisque tous les problèmes ont été créés par la loge orientale conjointement avec les loges d'Occident. D'abord ils sabotent, puis ils viennent ensuite vendre leur service de dépannage. Ils sont menteurs par principe, car il y des millions d'années qu'ils se sont engagés sur la voie de la tromperie, et ils sont condamnés à avancer au risque de disparaître. Mais il vient un temps où leurs abominations se retournent contre eux et nous ne sommes plus éloignés de ce moment. Toutefois, il faut qu'ils aillent jusqu'au bout pour que leur jugement soit scellé. C'est pourquoi les puissances supérieures les poussent à s'enfoncer dans le mensonge et le blasphème.

UNDERCOVER : On ne leur retire pas leur permis de nuire ?

BHODYOUL : Il faut que le scandale arrive. D'abord par respect pour le libre arbitre de l'humanité. Ensuite parce que les illusions nous aident à prendre conscience. La conscience est l'enjeu de l'univers. Tout cela est un jeu grandiose, et la souffrance est aussi une illusion. Donc, une fraternité secrète qui ne travaille pas selon l'axe Est-Ouest - comme celle de l'Himalaya - s'oppose actuellement à la stratégie totalitaire du nouvel-âge et de l'ordre mondial.

Sincèrement, je n'en sais pas plus, et il ne faut pas risquer de trahir ce plan. Si cette fraternité rayonne du Nord au Sud, nous pouvons comprendre quelle croise taxe Est-Ouest en des lieux où doit sévir une lutte titanesque entre ces deux groupes magiques. J'ajouterai que cette fraternité du "nord", s'il est approprié de la nommer ainsi, ne doit pas être confondue avec la fraternité spirituelle régulière qui s'occupe de la libération spirituelle de l'Humanité et d'où sont venus les grands messagers divins. Cette fraternité n'entre pas en lutte avec les puissances terrestres.

UNDERCOVER : Attendez. Nous aimerions savoir si cette fraternité du Nord, comme vous l'appelez, a pour but d'imposer un gouvernement mondial ?

BHODYOUL: Non, sinon elle ne s'opposerait pas à la loge orientale qui alimente les illusions mondialistes. La fraternité du Nord poursuit un but autre, mais en l'absence d'informations directes, nous sommes réduits à des conjonctures. Je crois qu'en réfléchissant aux différentes thèses, on doit pouvoir dégager la vérité. Si vous faites la liste des nombreuses illusions propagées par la loge orientale, vous pouvez trouver le but de l'autre fraternité par élimination des possibles. Parle-t-on du retour du Christ ou d'un nouvel ordre mondial ? Parle-t-on d'une religion mondiale unique ? Parle-t-on d'une société socialisée technocratique ? Parle-t-on d'une utopie égalitaire ? Parle-t-on d'une grille de lumière encerclant la Terre et de maîtres ascensionnés à la manière du new-age ? Alors, ce n'est pas la fraternité du Nord mais la propagande des sempiternels amuseurs du toit du monde.

Le programme de cette fraternité secrète n'est pas politique mais elle veut simplement remettre les conditions planétaires en harmonie avec les lois universelles.

Plutôt que d'imposer un programme politique, elle tente d'écarter les dangers les plus menaçants. Il s'agit donc d'une force pacifique qui va corriger les erreurs et les excès de la loge orientale et d'autres groupes d'illuminati. Cette fraternité dispose d'une magie puissante, mais qui ne viole pas les lois naturelles et la conscience humaine. L'apparition de cette fraternité a jeté la loge du Tibet et le Lamaïsme dans une grande frayeur, car ce groupe a engagé une guerre totale contre ces manipulateurs. C'est pourquoi les maîtres de l'ordre mondial sont occupés à s'armer jusqu'aux dents et qu'ils ont placé des engins de surveillance aux quatre coins du monde pour tenter d'identifier le moindre mouvement qui les menacerait.

Un initié a écrit: " la fraternité lamaïste tentera de regrouper les forces dispersées, tentative qui entraînera inéluctablement une production intensive d'énergie.
Le monde matériel est peuplé par différentes formes de vie, il en est de même en ce qui concerne l'au-delà.


Cette lutte formidable pour l'existence adoptera de plus en plus le caractère d'un camp d'auto-défense. La fraternité lamaïste, au moyen de la magie, essayera d'accroître artificiellement jusqu'à une chaleur de fièvre, la tension nerveuse orageuse qui a prédominé dans le monde pendant si longtemps, afin d'inciter l'humanité à des actions abjectes qui seront ensuite amèrement regrettées.


Si cette tentative échoue - comme nous l'espérons et le croyons - il se développera au sein de la fraternité lamaïste un état de crise qui provoquera des actes désespérés. Ceux-ci se manifesteront par des phénomènes de feu violents dans l'atmosphère, résultant de la formidable contrainte de volonté des magiciens qui imposent leurs impératifs à l'humanité. "



Retranscrit avec la permission de Joël Labruyère, éditeur de la revue UNDERCOVER #6 - mars 2003. Tout droit réservé.

Toute diffusion est permise à moins de citer l'auteur et le site de CONSPIRATION.CC, diffuseur officiel d'UNDERCOVER pour l'Amérique

Sunday, September 14, 2014

Incendium amoris




Le « feu » intérieur des yogis tibétains, décrit par Alexandra David-Néel dans son livre « Mystiques et magiciens du Tibet », est observé chez les mystiques occidentaux. On nomme hyperthermie (ou incendium amoris) les phénomènes produisant de la chaleur et de la lumière à la suite d'un état mystique.

L'hyperthermie ou « incendie d'amour »

L'hyperthermie est un phénomène assez fréquent chez les mystiques. Elle se manifeste par une élévation extraordinaire de la température interne du corps, qui passe de trente-sept degrés centigrades à quarante et jusqu'à cinquante degrés, peut-être plus.

Chez le commun des mortels, une intense émotion provoque souvent une forte élévation de la température. On ne peut donc s'étonner que les ardeurs émotionnelles déclenchées par les transports d'amour divin soient liées à l'incendium amoris, phénomène absolu d'hyperthermie, bien des fois rapporté dans la vie des grands mystiques, consumés, au sens propre du mot, par cet amour. Signe extérieur, à juste titre, de leur ferveur, du latin fervor = chaleur.

« Ce fut comme un feu dévorant allumé dans mes os », dit le prophète Jérémie (XX, 15). Et saint Paul : « Notre Dieu" est un feu dévorant. » (Hébreux XII, 29.)

C'est bien d'un effet physique qu'il s'agit. La grande extatique sainte Angèle de Foligno (1250-1309) brûlait littéralement d'amour pour Dieu: « Il me fut donné un tel feu que, debout près de la croix, je me dépouillai de tous mes vêtements », ose-t-elle écrire dans le Livre des visions.

Sainte Catherine de Gênes (1447-1510) qui, après une vie mondaine, s'était vouée à « souffrir comme le Christ », fut elle aussi consumée par l'Amour dévorant. On possède comme référence sa Vita publiée en 1551 et la biographie de Salvatori, fondée sur les témoignages du procès en béatification, dont il faut rappeler qu'ils sont faits sous serment par des personnes considérées comme fiables et soumises à la critique du promotor fidei.

Pendant trois carêmes et autant d'avents, sainte Catherine s’abstint de tout aliment a solide, ne buvant qu'un étrange breuvage composé d'eau, de vinaigre et de sel !

« Quand elle buvait cette mixture, lit-on dans sa Vita, il semblait que le liquide tombait sur une dalle chauffée au rouge et qu'il était tout de suite séché par le grand feu qui brûlait en elle. Aucun estomac, si robuste fût-il, n'aurait pu supporter une boisson de ce genre, à jeun, mais elle déclarait que la brûlure interne qu'elle ressentait était si grande, que même cette boisson au goût atroce rafraîchissait son corps. »

De janvier à septembre 1510, « elle fut souvent frappée d'une flèche encore plus aiguës de l'amour divin, comme si elle sentait des tenailles rougies au feu attaquer son cœur et d'autres parties internes. Une fois, elle se sentit brûler avec intensité. Elle semblait placée dans une grande flamme. Cette angoisse dura un jour et une nuit et il était impossible d'effleurer sa peau à cause de la douleur aiguë qu'elle ressentait à n'importe quel attouchement ».

Elle ne brûlait pas seulement du cœur. Les paumes de ses mains aussi. Ayant voulu les rafraîchir, dit la Vita, on lui apporta une coupe d’eau glacée où elle les plongea. L'eau devint alors si brûlante que même la coupe brûlait l'assistante, sœur Argentina, lorsqu'elle l'emporta.

Le 28 août 1510, elle parut s'embraser. Les témoins disent qu'« elle criait que toute l'eau qui existe au monde ne pourrait lui procurer le plus petit rafraîchissement ». A la fin, sa langue et ses lèvres étaient si parcheminées qu'elle ne pouvait plus parler ni déglutir, à l'exception de l'Eucharistie.

Le plus étrange fut sa dernière heure. Même le père Thurston, qui ne se trouble pas facilement, évoque « l'embrasement intime qui dévora les derniers vestiges de sa vitalité ».

Entre le 13 et le 15 septembre, jour de sa mort, elle perdit de grandes quantités d'un sang brûlant. Non seulement il chauffait les vases qui le recueillaient, laissant dans l'argent une marque indélébile, mais encore il brûlait la chair au passage.

Le sang qui bout, est-ce possible ? Lisez les témoignages sur mère Seraphina di Dio, carmélite de Capri, morte en odeur de sainteté en 1699, et dont la biographie fut publiée à Rome en 1748, sous la plume des Oratoriens Sguillante et Pagani, entièrement fondée sur les témoignages du procès en béatification.

« Les religieuses disent l'avoir souvent vue en prière, la figure rayonnante comme une flamme et les yeux étincelants. Si elles la touchaient, elles se brûlaient. Elle se disait consumée par un feu vivant ; son sang bouillait. »

Après sa mort, le procès-verbal précise :

« Pendant vingt heures, son corps garda une telle chaleur, surtout dans la région du cœur, qu’on pouvait s’y chauffer la main. La chaleur demeura perceptible trente-trois heures après la mort. Le corps ne perdit sa chaleur qu'après qu'on en eut retiré le cœur. »

C’est donc le cœur qui est la source de la chaleur. En matière de centrale nucléaire, on parle aussi du « cœur ».

Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690), la visionnaire du cœur de Jésus, raconte dans son Autobiographie :

« Cette plaie (du cœur), dont la douleur m’est si précieuse, me consume et me fait brûler toute vive.»

Ces phénomènes ne sont pas rares. Dans son Traité de l'amour de Dieu, saint François de Sales écrit à propos de saint Stanislas Kostka (1030-1079), patron de la Pologne :

« Stanislas était assailli avec une telle violence par l'amour de Notre Sauveur, que souvent il s'évanouissait et souffrait de spasmes. Il était obligé d'appliquer sur sa poitrine des linges trempés d'eau froide pour tempérer l'ardeur, de l'amour qu’il ressentait. » Une inscription latine en porte encore le témoignage sur la fontaine du jardin. Une nuit glaciale où le vent soufflait, son supérieur le rencontra errant à travers le jardin du noviciat où se trouve cette fontaine.

- Que fais-tu là, Stanislas ?
- Je brûle ! Je brûle !

C'était bien le cœur qui brûlait, comme en témoigna le père Sanguigni, qui devait lui baigner la poitrine pour en atténuer la chaleur.

Saint Philippe Néri, prêtre fondateur de l’Oratoire (1515-1595), nous est bien connu par la biographie du père Bacci et par les témoignages de son ami et disciple le père Gallonio, au procès en béatification. Là encore, la chaleur vient du cœur et s'étend à tout le corps. L'homme est pourtant âgé, d'une extrême maigreur, le corps usé par l'ascèse et le jeûne. L’énergie en excès ne peut donc pas venir d'un processus chimique ordinaire produisant des calories. Souvent l'incendium le surprend la nuit et il faut ouvrir les fenêtres même en plein hiver, l'éventer, le rafraîchir. Le cardinal Crescenzi a témoigné que parfois, lorsqu'il lui prenait la main, « elle brûlait comme si le saint souffrait d'une fièvre dévorante ».

Mais ce n'est pas la fièvre. Le père Bacci rapporte encore qu'il était parfois pris d'extase en disant son office. Alors, « des étincelles dardaient de ses yeux, son visage resplendissait. Ce feu interne était tel qu’il défaillait, une syncope le jetait sur son lit où il restait étendu une journée entière sans autre maladie que celle de l'Amour divin. Une fois, sa gorge en fut si brûlée qu'il en fut malade plusieurs jours ».

C'est donc bien d’un phénomène physique qu'il s'agit. On en a d'autres preuves avec le rapport d'autopsie publié à Rome en 1613. Les chirurgiens découvrirent une grosseur sous le sein gauche, pouvant résulter de deux côtes cassées et écartées vers l'extérieur, lésion qui semblait très ancienne. L'incendium amoris était en effet accompagné parfois de palpitations considérables, que de nombreux témoins constatèrent lorsque le saint les serrait sur son cœur.

Le déplacement des côtes (sans fracture), comme soulevées par une extraordinaire dilatation du cœur, a été observé aussi chez saint Paul de la Croix (1694-1775) et chez la mystique de Lucques (décédée en 1903).

Eux aussi brûlaient : « Je sens mes entrailles desséchées, disait Paul de la Croix. J'ai soif et je voudrais boire ; mais pour étancher cette soif, je voudrais boire des torrents de feu. »

Et sainte Gemma :

Ce feu s’est tellement accru que je ne puis presque plus le supporter. Il me faudrait de la glace pour l'éteindre. Il m'empêche de dormir, de manger. Bien qu'il me délecte plus qu'il me torture, il m'épuise et me consume. »

Et elle conclut : « Ô Dieu ! Vous êtes flamme ! »

Même témoignage chez sainte Marie-Madeleine de Pazzi (1565-1607), la grande patronne de Florence. "

Née en cette ville d’une famille de l'aristocratie, Catherine de Pazzi est élevée dans une atmosphère de ferveur, mais aussi dans le luxe de cette cité au moment le plus brillant de son histoire. Remarquablement douée et d’un caractère indomptable, dès l'âge de dix ans elle est fascinée par la spiritualité. De tempérament à la fois mystique et sensuel, à onze ans elle fait vœu de virginité et de chasteté perpétuelle. Désormais, son corps et son esprit deviennent un champ de bataille où s'affrontent les aspirations mystiques et les pulsions charnelles. En vain elle tente de les mater par des macérations insensées, qui augmentent avec l'âge : privations,j jeûnes, enfin flagellations. À quinze ans elle repousse le mariage et à dix-sept ans réalise son rêve en entrant chez les Carmélites de Florence, sous le nom de Marie-Madeleine, en référence à la pécheresse convertie par le Christ. Elle donne un sens à ses sacrifices en se vouant à la conversion des pécheurs. Elle se singularise aussitôt par ses mortifications excessives, ses extases, ses visions entrecoupées de nuits de l’esprit et d'assauts démoniaques. La plus sévère règle monastique et son amour mystique n'ont nullement apaisé ses désirs charnels et c'est dans ce contexte explosif que se situent les phénomènes.

Ceux-ci sont bien observés et ne peuvent être suspectés, car ils ne concourent en rien à établir sa sainteté, qui sera reconnue malgré eux.

Ses extases ont diverses particularités. Elles sont fréquentes, souvent journalières, remarquablement longues. Un simple mot les déclenche : Jésus, amour. L'extase s'accompagne parfois de phénomènes inexplicables : perte de poids avec lévitation, ou au contraire extrême rigidité, pétrification. [...] Enfin, certaines extases ont cette particularité de provoquer en elle un incendie d'amour. Une hyperthermie embrase son corps et particulièrement son cœur, au point de dégager une chaleur qui rayonne d'elle et que ses compagnes ressentent avec effroi. Le père Cepari, son biographe, raconte :

« À cause de la grande flamme brûlante de cet amour divin, elle courait au jardin. Au plus fort de l'hiver, ne pouvant supporter ses vêtements de laine à cause du brasier d'amour qui dévorait sa poitrine, elle les déchirait et les rejetait. Elle allait à la source où elle buvait d'énorme quantité d'eau froide, trempait sa figure et ses bras, versait de l’eau sur sa poitrine. Et si grande était «la flamme qui consumait son sein que, de l'extérieur même, elle semblait se consumer. »

L’eau s'évaporait, en ébullition, dit-on, au contact de sa peau.

Ce n’est pas une fièvre banale, elle n'est pas malade. Le père Cepari dit encore, ce que confirment les témoins au procès en béatification, que « son visage perdait en un instant la pâleur causée par ses pénitences et devenait rayonnant, radieux. Ses yeux brillaient comme des étoiles elle criait : Amour ! Dieu d'amour ! ».

La vie de Maria Villani, dominicaine de Naples (décédée en 1670) a été écrite quatre ans après sa mort par le dominicain Francis Marchese. Il la qualifie de « fournaise ardente d'amour », ce qui correspond au désir sans cesse exprimé par cette religieuse d'être consumée d'amour divin. Pour calmer ses brûlures bien réelles, elle buvait quinze à vingt litres d’eau par jour. La déglutition, dit-on, était suivie d'un grésillement, comme si l’eau se vaporisait sur une plaque chauffée au rouge.

Sœur Maria connaissait l'origine de ce phénomène. Comme Thérèse d'Avila et beaucoup d'autres mystiques, elle avait été blessée au côté et au cœur par « une flamboyante lance d'amour ». Cette blessure existait réellement. Trois de ses confesseurs la touchèrent et même la sondèrent. Après sa mort, l'autopsie des chirurgiens Trifone et Pinto le confirma, le père Marchese la vit :

« Les lèvres en étaient dures et cicatrisées comme après l'emploi d'un cautère, évoquant une lance de feu. »

On dispose ici d'un document scientifique, l'autopsie réalisée par les deux chirurgiens. Le corps, qui de son vivant était desséché, de couleur sombre, avait pris un teint frais, il était devenu souple. L'ouverture du corps neuf heures après la mort révéla d'autres surprises. Un sang clair et fluide s'écoula du cœur. « Une fumée (fumo) et de la chaleur s'en exhalèrent, véritable brasier d’amour divin. »

Le chirurgien recula. Un moment plus tard, « il mit la main dans le cadavre pour retirer le cœur, mais il le trouva si chaud que, se brûlant, il fut contraint de retirer plusieurs fois la main avant d'y parvenir ». Ce cœur a été conservé et demeura incorrompu, au moins jusqu'en 1673, date de la rédaction de la Vita.

Maria Villani était en outre coutumière de lévitation et émettait des parfums mystérieux.

Dans les dernières semaines de sa vie, la bienheureuse Élisabeth de la Trinité (1880-1906) était elle aussi devenue un feu dévorant. Certes, la jeune carmélite de Dijon se mourrait de la tuberculose, mais n’y avait-il que cela ? Elle brûlait d'amour pour Celui qui, irrésistiblement, l'attirait vers lui. Son palais, sa langue étaient en feu, et elle brûlait dans tout son corps. Elle dit alors :

« Dieu est un feu dévorant ; c'est son action que je subis. »

Elle s'éteignit le 9 novembre 1906. Ses derniers mots avaient été : « Je vais à la Lumière, à l'Amour, à la Vie. »

À une époque plus récente encore, signalons le cas bien connu du padre Pio. Le 17 mars 1918, le jeune moine capucin, lui aussi brûlant de l'amour de Dieu, était réformé de l’armée pour broncho-alvéolite double. Il subit des examens médicaux à l'hôpital de Naples et sa température stupéfia infirmiers et médecins. Les thermomètres éclataient à leur graduation maximum : quarante-huit degrés centigrades ! Or, ce n’était pas une fièvre ordinaire, puisqu'il rentra tranquillement chez lui par ses propres moyens.

Jean Guitton et Jean-Jacques Antier, « Les pouvoirs mystérieux de la foi ».


Les pouvoirs mystérieux de la foi

Ce monde n’est pas déterminé par des lois physiques intangibles. Des exemples célèbres le prouvent, Thérèse d'Avila, Bernadette Soubirous, le curé d'Ars, ou, plus proche de nous, Marthe Robin. De tout temps, à travers le monde, les grands mystiques ont éprouvé ces extraordinaires moments de grâce où la matière semble dépassée, ont vécu ces signes inexplicables de la transcendance dans leur chair.

La spiritualité, l'ascèse, l'expérience du sacré, mais aussi l'évolution actuelle de la science : de
ces dialogues denses et foisonnants sur les pouvoirs de la foi, les sceptiques sortiront ébranlés,
et les croyants affermis dans leur conviction.






Le toumo tibétain

Illustration