Initiation du Kalachakra donnée par le 7e Djé Gungthang Rinpoché dans la région d'Amdo en 2023.
“Kalachakra” (sanskrit) signifie “roue du temps” et est aussi le nom du dieu du temps tibétain le plus puissant. Le tantra du Kalachakra est considéré comme étant le plus récent des textes révélés (10e siècle) et est considéré par les lamas comme étant l’apogée de tous les systèmes bouddhistes.
Depuis plus de 25 ans, des centaines de milliers de personnes ont reçu une consécration à travers le tantra du Kalachakra par le 14e Dalaï-lama. Parmi elles, on compte de nombreux Indiens ne savant ni lire ni écrire. Mais également en occident, les participants et participantes “instruit(e)s” savent à peine quel est l’enjeu réel de ce rite car en marge des éléments connus par le public il contient une partie gardée sévèrement secrète. Seules, les sept premières étapes de l’initiation sont publiées ouvertement par le 14e Dalaï-lama ; les huit étapes supérieures restent top-secrètes.
Aucun prospectus, aucune brochure ou annonce, pas plus que les nombreuses déclarations du 14e Dalaï-lama lui-même ne parlent des rituels secrets pratiqués au cours de ces huit dernières étapes. Pour le public, le tantra du Kalachakra apparaît comme une contribution à la paix mondiale digne et exaltante pour l’esprit ("Kalachakra for World Peace") et stimulant la compassion envers tout être vivant, le dialogue inter-religieux, la tolérance entre les peuples et les races, une prise de conscience écologique, l’égalité des sexes, la paix des cœurs, l’épanouissement de l’âme et le bonheur suprême pour le troisième millénaire. L’ensemble est couronné par une devise venant de la bouche du 14e Dalaï-lama: "Because we all share this small planet earth, we have to learn to live in harmony and peace with each other and with nature." (Etant donné que nous partageons tous ensemble cette petite planète, nous devons apprendre à vivre en harmonie et en paix ensemble et avec la nature). Cette haute initiation tantrique au très spécifique lamaïsme tibétain est la consécration “d’une rencontre pour la paix mondiale déterminante pour les cultures et les religions”.
Cependant, le tantra du Kalachakra et le mythe du Shambhala sont-ils vraiment pacifiques ?
Encouragent-ils vraiment une cohabitation harmonieuse entre les êtres humains ?
Contribuent-ils réellement à la liberté et à la justice, à l’égalité des sexes, à la tolérance religieuse, à l’entente entre les peuples ?
Sont-ils un apport global politico-humaniste, démocratique et non-violent à la paix dans le monde ?
Depuis quelques années, le bouddhisme tibétain, l’histoire du lamaïsme, les conditions de vie parmi les Tibétains en exil et le 14e Dalaï-lama lui-même se retrouvent sous le feu des critiques qui ne viennent pourtant pas cette fois-ci du côté chinois. En effet, des historiens américains remettent en question les louanges portées à l’histoire tibétaine (Melvin C. Goldstein, A. Tom Grundfeld). Des tibétologues critiques accusent la tibétologie officielle de manipulations ciblées (Donald S. Lopez Jr.). Des chercheurs spécialisés dans l’étude du bouddhisme tibétain examinent l’influence de l’idéologie s’étant développée fortement à travers le « mythe du Tibet » grâce à l’aide des lamas (Peter Bishop). Des politiciennes réputées ont dû se rendre à l’évidence après avoir vu de leurs propres yeux qu’il n’existait pas de “génocide” provoqué par les Chinois contrairement à ce qu’affirment encore et toujours les Tibétains en exil (Antje Vollmar, Mary Robinson). D’anciennes bouddhistes dénoncent, en toute connaissance de cause, l’oppression et l’abus systématiques et raffinés subis par les femmes dans le bouddhisme tibétain après l’avoir vécu elles-mêmes ce qui leur permet de posséder une connaissance profonde de la question (June Campbell). Des psychologues et des psychanalystes examinent le côté agressif et morbide de la culture lamaïste (Robert A. Paul, Fokke Sierksma, Colin Goldner). Depuis 1997, des personnes appartenant à la suite personnelle du Dalaï-lama ont apporté des preuves accablantes de l’intolérance, de la superstition et de l’autocratie régnant au sein du bouddhisme tibétain (affaire Shugden). L’univers des rites lamaïstes a également rencontré une critique sévère. Les intentions humanistes, pacifiques, tolérantes et œcuméniques du tantra du Kalachakra et du mythe du Shambhala sont remises en question par une vaste étude (Victor et Victoria Trimondi). Des émissions télévisées allemandes, suisses et autrichiennes ont également émis de fortes critiques à l’envers du 14e Dalaï-lama et de son système basé sur la magie (Panorama, 10 nach 10, Treffpunkt Kultur). Lors de la visite du « prince de l’église » tibétaine à Munich (mai 2000), la décision des « pro- Dalaï-lama » d’inviter le « roi-dieu » tibétain à une manifestation de grande envergure provoqua même une division au sein du SPD (parti socialiste allemand) et partagea l’ensemble de la presse. Les reproches suivants lui furent entre autres adressés : modèle de pouvoir non démocratique et autocratique ; oppression de toute opposition politique ; répression des minorités religieuses ; décisions politiques par décrets personnels sans dialogue ni discussion ; falsification consciente de l’histoire du Tibet ; relations non critiquables à ses yeux avec d’anciens SS et avec des néo-nazis ; diffamation des critiques ; rites antiféministes. Un aperçu détaillé des critiques se trouvant dans la presse peut être consulté sous medien.html.
Voici quelques-uns des points abordés par les critiques du tantra du Kalachakra et du mythe du Shambhala et pouvant être discutés sur le site du forum critique du Kalachakra :
Les non-initiés n’ont pas le droit d’être informés sur les rites secrets du tantra du Kalachakra sous peine de châtiments corporels et moraux dignes du Moyen-Âge. Celui qui divulgue ces secrets occultes verra “sa tête et son cœur éclater” et grillera dans les enfers les plus profonds. Cette manière de procéder est justifiée par le fait que dans les huit dernières étapes de l’initiation apparaissent des éléments qui sont contraires aux valeurs humanistes (Michael Henss – Kalachakra – ein tibetisches Einweihungsritual (un rite initiatique tibétain)– Zürich 1985, 46).
Le tantra du Kalachakra est tout sauf pacifiste car il prophétise et encourage de façon idéologique une guerre de religion sanglante entre bouddhistes et non-bouddhistes pour la domination du monde (mythe du Shambhala).
Le texte nomme explicitement les leaders des trois religions monothéistes (le judaïsme, le christianisme et l’islam) comme étant les adversaires du bouddhisme : “Adam, Hénoch, Abraham, Moïse, Jésus, celui en habit blanc (Mani), Mohamed et Mathani (le Mahdi)”. Le tantra du Kalachakra les décrit comme “la famille des serpents démoniaques” (Shri-Kalachakra I. 154).
Ainsi le tantra du Kalachakra se positionne contre toutes les religions ayant des racines sémites et a été, pour cette raison, utilisé par des cercles antisémites radicaux de droite pour leur propagande raciste.
Le Tantra du Kalachakra jure une guerre totale entre le monde islamique et le monde non-islamique lors de laquelle les disciples de Mohamed seront présentés comme les ennemis principaux des bouddhistes. Dans le texte original, la Mecque est décrite comme la résidence de « l’idole puissant et impitoyable des barbares », « l’incarnation du démon » (Shri Kalachakra I. 154). Ainsi d’après l’adversaire principal du prochain roi du Shambhala, Rudra Chakrin “tourneur courroucé de la roue”, nous apprenons qu’ils sont également nommés mleccha ce qui signifie “barbares” mais également “habitants de la Mecque”. Un autre commentaire du Kalachakra appelle Rudra Chakrin le “meurtrier des Mlecchas”.
Sur de longues pages, le tantra du Kalachakra décrit avec énormément de détails les puissantes armes meurtrières dont dispose l’armée du Shambhala bouddhiste contre “les ennemis de la doctrine” (Shri Kalachakra I. 128-142). Les lamas, commentateurs de ces équipements militaires imaginaires, s’adonnent à de spectaculaires comparaisons avec des armements du 20e et 21e siècle.
La conduite de la guerre dans les batailles du Shambhala ne s’aligne manifestement pas sur les droits des peuples mais compte d’après le texte original pour être “impitoyable” et “horrible”. “Les combattants – bouddhistes – extrêmement brutaux terrasseront et élimineront les hordes barbares” (Shri Kalachakra I. 163-165).
Tous les participants à une initiation au rite du Kalachakra ont le « droit » douteux de se réincarner en “soldat du Shambhala” afin de combattre dans la bataille finale annoncée en tant que fantassin ou officier. Les postes de commandement ont déjà été assignés aux réincarnations de lamas de haut rang (E. Bernbaum – Le Chemin vers Shambhala – A la recherche du Merveilleux Royaume dans l’Himalaya – Hambourg 1982, 252, 35).
D’après une vision du lama tibétain Kamtrul Rinpoche, le Dalaï-lama lui-même réincarné conduira, en chef courroucé (Rudra Chakrin), les armées bouddhistes dans la bataille du Shambhala afin de prendre le pouvoir sur “tout le Mal de l’univers”. Les propagandistes du tantra du Kalachakra défendent un culte primitif du martyr ressemblant au culte des combattants de la Djihad musulmane : L’entrée au paradis du Shambhala est garantie à celui se faisant tuer lors de la guerre du Shambhala (E. Berbaum – Le Chemin vers Shambhala – A la recherche du Merveilleux Royaume dans l’Himalaya – Hambourg 1982, 253).
Le tantra du Kalachakra encourage à tous les niveaux une façon de penser et d’agir stimulée par la présentation d’ennemis et la propagation de la guerre entre le « Bien » et le « Mal », entre les « croyants » et les « non-croyants » contrairement à l’enseignement initial du Bouddha originel (Theravada) et des exigences éthiques du bouddhisme mahayana.
Le tantra du Kalachakra comprend une politique bouddhocratrique. Cette politique est encore plus «théocratique» du point de vue des droits publics que celle suivit par les fondamentalistes musulmans car le ‘Chakravartin’ (roi du monde) est considéré comme « l’incarnation » ou « l’émanation » directe du Bouddha suprême (Adi-Bouddha) et est présenté comme un dieu-homme en voyage sur la terre alors que le calife n’est que le « représentant » de dieu (Allah) sur terre et n’a même pas droit au titre de prophète.
A la tête de l’état autoritaire et « bouddhocratrique » du Kalachakra siège sur le “trône du lion” un “roi-prêtre” aux pouvoirs religieux, politiques, juridiques et militaires absolus (Chakravartin). La “séparation des pouvoirs civils” est dans cet état une notion totalement inconnue. Celui qui connaît les droits institutionnels liés à la position du Dalaï-lama du Tibet traditionnel (jusqu’en 1959) sait que cette fonction de “roi-dieu” est celle d’un Chakravartin en miniature. Les réformes, bien que discutables, pour la démocratie mises en place par le 14e Dalaï-lama parmi les Tibétains en exil sont réduites à néant par les conséquences politiques et ‘bouddhocratiques’ découlant du tantra du Kalachakra.
La prétention à une domination mondiale "bouddhocratrique" est une exigence explicite du tantra du Kalachakra. Là aussi, nous avons une correspondance fondamentale avec les prétentions de domination mondiale de l’Islam. Si les deux systèmes devaient s’affronter dans un conflit final en tant qu’ennemis mortels, ce serait le résultat logique de leurs absolutismes autant théocratiques que "bouddhocratriques".
Les visions « bouddhocratiques » modernes concernant l’ensemble de la planète et étant acceptées par le 14e Dalaï-lama reposent sur le tantra du Kalachakra. Voir à ce sujet le livre de Robert A. Thurmans « La Révolution par l’Intérieur – Les Doctrines du Bouddhisme ou le Bonheur Parfait » paru en 1999 dans lequel l’auteur développe la théorie de l’univers bouddha (buddhaversum). En 1979, Thurman, considéré par le Time-Magazine comme étant le “porte-parole du Dalaï-lama” aux USA, voyait dans un rêve le “prince de l’église” tibétaine en tant que “dieu du temps” trônant au sommet de l’hôtel Astoria Waldorf à New York pendant qu’“une légion de notables – de maire, de sénateurs, de chefs d’entreprises et de rois, de cheiks et de sultans, de célébrité et de stars” tourbillonnaient autour de lui entraînés par 722 divinités dansantes – du tantra du Kalachakra– comme un essaim d’abeilles dans un énorme rayon de miel.”
Dans les sphères secrètes des étapes supérieures de l’initiation, le tantra du Kalachakra exige une soumission inconditionnelle et illimitée à la volonté du gourou (dans ce cas, au Dalaï-lama comme maître suprême du Kalachakra). Le “moi conscient” et la personnalité de l’initié sont effacés progressivement afin de transformer celui-ci en un vase humain rempli en partie par des divinités guerrières et agressives tantriques et autres êtres de nature bouddhiste. Dans le tantra du Kalachakra, on ne trouve donc ni « l’ennoblissement », ni la « sublimation » ou « l’intégration » de l’individu mais plutôt sa « destruction » au profit d’un modèle religieux codifié.
Dans les huit dernières étapes secrètes de l’initiation au tantra du Kalachakra, l’initié doit être transporté au-delà de la conscience du bien et du mal à l’aide d’un entraînement mental et physique extrême. C’est pourquoi le texte original encourage des actes criminels et violents comme : tuer, mentir, voler, détruire des mariages, abuser de l’alcool, avoir des relations sexuelles avec des jeunes filles de classes inférieures. Comme dans tous les autres tantras, cela peut être interprété aussi bien symboliquement que littéralement. Même le 14e Dalaï-lama légitime le meurtre perpétré par un adepte du Kalachakra dans des circonstances précises contre “une personne qui porte préjudice à la doctrine bouddhiste” et qui se prépare à commettre des actes monstrueux et sinistres. Il demande, cependant, que ce meurtre se fasse avec “compassion” (Dalaï-lama – The Kalachakra Tantra – Rite of initiation – London, 1985, pp. 348ss.). Cette déclaration rompt avec l’interdiction absolue exprimée dans le bouddhisme originel.
Dans les plus hautes initiations magiques, on emploie des “substances” dites “malpropres”. Le tantra du Kalachakra recommande la dégustation de viandes de diverses sortes d’animaux tabous. Même la chair humaine (maha-mamsa) est employée comme substance pour le rite. D’après les commentaires traditionnels du Kalachakra venant du grand maître tantrique et roi du Shambhala, Pundarika, cette viande humaine provient habituellement de personnes « étant mortes au combat à cause de leur mauvais karma ou ayant été tuées suite à des fautes personnelles » et il ajoute que la prise de ces substances sous forme de pilules est recommandée. La chair d’innocents tombés en martyr, tués par crainte lors d’un culte des ancêtres, tués par envie (par l’appât du gain) ou pour un salaire est entachée d’un “indescriptible péché” et ne peut être utilisée pour le rite. “Mais si une partie tombe non intentionnellement dans l’aumônier, ce n’est pas un péché indescriptible” – et peut, par conséquent, être utilisée (In : John Ronald Newman – The outer wheel of time: Vajrayana buddhist cosmology in the Kalacakra Tantra – Madison 1987, 266 s.).
Le tantra du Kalachakra possède de nombreuses facettes à caractère morbide. Enormément d’objets utilisés lors des cérémonies rituelles proviennent de personnes décédées (comme des récipients fabriqués à partir de crânes humains, des trompettes en tibias, des chaînes en os). Déjà un coup d’œil sur la grande Thangka Kalachakra (tapisserie) qui sera suspendue durant toute la cérémonie au-dessus du trône du Dalaï-lama peut convaincre du caractère furieux de ce rite. Le dieu du temps “Kalachakra” et son épouse, la déesse du temps “Vishvamata”, s’unissent debout dans l’acte sexuel et tiennent dans leurs 32 mains un total de 24 objets de nature agressive, morbide et guerrière (épée, hachoir, tambour et récipients fabriqués à partir de crânes humains, une sorte de sceptre dont la pointe est garnie de trois têtes de mort, etc.).
Lors des étapes supérieures et secrètes de l’initiation au tantra du Kalachakra, des rites sexuels magiques ont lieu dont le but est de transformer la “sexualité” en puissance temporelle et spirituelle. Les femmes, réelles ou imaginaires (les deux sont possibles) représentent des formes d’énergies précises dans lesquelles l’âge joue un rôle prépondérant. Le rite commence avec des fillettes âgées de dix ans. Jusqu’à leur vingtième année, les partenaires sexuelles représentent des vertus positives. Au-delà, elles comptent comme porteuses d’énergies de colère, de haine, etc. et comme femmes-démons. Dans les étapes initiatiques 8 à 11 du tantra du Kalachakra, l’expérimentation se fait avec une “seule” femme. Pour les étapes 12 à 15 appelées le Ganachakra, dix femmes participent au rite aux côtés du maître. L’élève a le devoir d’offrir les femmes comme “présent” à son lama. Les “laïcs” se faisant initier doivent amener leurs parentes féminines (mère, sœur(s), épouse, fille(s), tante(s) etc.). “Si l’élève n’offre pas ses compagnes au maître dans le but de les protéger, le maître n’est pas autorisé à pratiquer le rite”(cf. Mûlatantra Kalachakra). En revanche, les moines ayant reçus la consécration ainsi que les novices peuvent utiliser des femmes de diverses castes qui ne sont pas leurs parentes. Dans le rite secret lui-même, les participants font des expériences avec les semences masculines et féminines (sperme et menstruation). Dans le tantra du Kalachakra, les femmes ne sont pour l’initié masculin que des donneuses d’énergies et leur rôle cesse à la fin du rite (cf. Nâropâ – Iniziazione Kâlacakra – Roma 1994).
Le tantra du Kalachakra a un caractère particulièrement agressif et destructif dans l’ère actuelle qui, d’après l’enseignement du lamaïsme, se précipite vers son naufrage apocalyptique (Kali-Yuga). Il contient des rites spéciaux destinés à accélérer la destruction du monde à l’aide d’actes symboliques et de certaines méditations. “Qu’est-ce que le Kalachakrayana (le ‘chemin du Kalachakra’) ? » demanda l’Indien Shashi Bhusan Dasgupta, l’un des meilleurs spécialistes tantriques ; Il répondit aussitôt à sa question par cette phrase en disant long : “Le mot Kala signifie ‘temps’, ‘mort’ et ‘destruction’. Kala-chakra signifie roue de la destruction.”
Voici seulement quelques-uns des problèmes soulevés par les critiques contre les tantras du kalachakra – et contre le mythe du Shambhala. Ils devraient suffire pour remettre en question le caractère humaniste, tolérant, serein, libre et œcuménique étant encore mis en relation avec ce rite. Un fait certain est que le mythe du Shambhala pour autant devenu significatif au niveau historique et idéologique a conduit à des comportements extrêmement agressifs, à des visions mégalomanes, à des théories de conspiration et à des actes de terrorisme. Mais surtout, ces textes exercent une fascination particulière sur les groupes néonazies qui n’ont pas manqué de les exploiter.
Au début des années 20 pendant les guerres entre Russes blancs, bolchevistes et Mongoles, le mythe du Shambhala fut lié à l’image du réveil Dschinghis-Kahn. Dans ce conflit, les Mongoles se sont identifiés aux “guerriers du Shambhala”. Leurs actions militaires furent extrêmement sanglantes.
Julius Evola, le fasciste et philosophe italien de l’extrême droite, vis dans le royaume mythique du Shambhala le centre ésotérique d’une caste guerrière sacrée et crût y trouver le palais du roi du monde ayant la croix gammée comme marque d’autorité. Il tenait ce genre de discours devant le « SS-Ahnenerbe ».
Dans la littérature occulte des “mystères nazis”, certains “maîtres” du Shambhala sont présentés comme des acteurs travaillant dans l’ombre à la création “magique” du régime NS (national socialisme) (Trevor Ravenscroft, Louis Pauwels et Jacques Bergier).
Pour l’idéologie SS clandestine de l’après-guerre et dans le “mysticisme SS” des années 90, le royaume mythique du Shambhala sert de refuge à une “religion nazie” agressive et morbide (Wilhelm Landig, Jan van Helsing).
Le mythe du Shambhala constitue la pièce maîtresse de « l’hitlérisme ésotérique ». Il s’agit là d’une doctrine occulte, mondialement répandue, du diplomate chilien Miguel Serrano et de l’Indienne Savitri Devi (“prêtresse d’Hitler”).
Le lama tibétain Chögyum Trungpa (1940-1987) fonda en Occident grâce à son concept du combattant du Shambhala les bases d'un "bouddhisme guerrier" potentiel tel qu'il est connu dans de grandes zones de l'Asie de l'Est. Au lieu de vivre dans des monastères, les Shambhala Warriors de Trungpa vivent dans des camps militaires, ils ajoutent à leurs méditations des parades militaires, le bol du mendiant a été remplacé par une arme et la robe de moine par un uniforme militaire. Le maître lui-même ne se déplace plus dans le style bouddhiste, avec une robe monastique jaune et rouge, un bâton de promenade et des sandales, mais chevauche sur un cheval blanc (en accord avec la prophétie apocalyptique du Tantra de Kalachakra) avec un bonnet pointu, une tunique et de hautes bottes. Le blason de Shambhala peut être vu sur la selle du cheval avec une photo du Trungpa martial.
Le mythe du Shambhala constitua la base idéologique et terroriste du gourou japonais de la fin des temps Shoko Asahara. Ses visions apocalyptiques s’inspirèrent des enseignements du tantra du Kalachakra. Il envisagea d’accélérer les événements de l’avènement de la guerre du Shambhala et justifia de ce fait son attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo. Asahara fut le premier chef de secte a dirigé ses meurtres contre des personnes étrangères à son organisation et ouvra ainsi la voie au terrorisme religieux international qui est devenu aujourd’hui le thème numéro un de toute la communauté mondiale.
Même si ces actes fascistes et terroristes sont issus d’interprétations erronées du mythe du Shambhala, cela devrait être du devoir du 14e Dalaï-lama et de ses adeptes de rendre public le rite du Kalachakra dans tous ces détails, de corriger les déformations, les projections, les abus du rite et de se distancer ouvertement des contenus posant problème ou même de les supprimer des textes traditionnels. Au lieu de cela, on a pu observer dans le passé plusieurs rencontres amicales entre le “prince de l’église” tibétaine et d’anciens SS (Heinrich Harrer, Bruno Beger), avec le fondateur de “l’hitlérisme ésotérique”, Miguel Serrano, ainsi qu’avec le terroriste Shoko Asahara que le Dalaï-lama a d’ailleurs, même après l’attentat de Tokyo, qualifié « d’ami, quoique imparfait ». Ce n’est que plus tard qu’il prendra ses distances par rapport à lui.
Comme réaction aux événements du 11 septembre 2001, le journal ‘Der Spiegel’ a dénoncé dans un article intitulé “Le fanatisme religieux : le retour au Moyen-Âge » le contenu agressif et le courant fondamentaliste des trois religions monothéistes. Comme si souvent lors de critiques culturelles, la religion bouddhiste est restée épargnée, à tort étant donné que tous les thèmes critiqués dans l’article (la lutte contre les incroyants et les dissidents, les guerres de religion, le délire des armes, la vision de puissance théocratique, les prévisions apocalyptiques, l’antiféminisme, etc.) se retrouvent dans le tantra du Kalachakra avec une force beaucoup plus puissante.
Le Forum Critique du Kalachakra (FCK) réclame un grand débat culturel sur le tantra du Kalachakra et sur le mythe du Shambhala. Le FCK rassemble des informations, distribue des documents, réalise des traductions.